Retour vers la réalité [PV Lyz]

Lyz marchait, marchait, marchait. Elle connaissait l'île par cœur, mais n'avait pas encore eu l'envie d'aller au village. Pourquoi cela ? Une trop grosse concentration d'hommes ne méritant pas la vie, sans doute. Elle préférait les éliminer un par un, plutôt que de prendre des risques inutiles.

Les plaines, l'endroit où elle se trouvait en cet instant, et ce depuis un moment déjà, étaient détestables. Tout était plat, dépourvu de formes, uni, dépourvu d'originalité, Lyz se serait crue sur un mur peint, tant tout se ressemblait. Heureusement, elle avait un sens de l'orientation à toute épreuve, boosté par ses nouvelles facultés de vampire. Elle gardait à présent constamment l'esprit ouvert aux âmes qui l'entouraient sans en ressentir la moindre fatigue. De plus, elle était assez fière d'elle, puisque plus elle gardait son esprit ouvert, plus elle ''voyait'' loin.

D'ailleurs, elle sentait une âme nouvelle, un peu plus loin. Une âme éplorée. C'était un spectre, une, pour être plus exacte. Elle était agenouillée dans l'herbe, pleurant toutes les larmes de son corps. Lyz s'approcha.

C'était une petite fille tout à fait mignonne dans sa petite robe, avec sa faux et son éventail, la quinzaine, tout au plus. Elle pleurait, regardant les nuages, et ce, depuis un bon moment, vu la rougeur de ses yeux.

Lyz s'installa à coté de la jeune fille agenouillée sur le sol, faisant bien attention à ne pas froisser sa robe.

-On t'a fait du mal à toi aussi, hein... Pourquoi es-tu malheureuse? Tu n'aimes pas être en cage, petit oiseau?

Elle s'allongea, les bras croisés derrière la tête, regardant les nuages à son tour.

-Sais-tu pourquoi l'oiseau qui est en cage chante mieux que celui qui est en liberté?

La jeune spectre semblait indécise. Lyz ne la regardait pas, mais elle sentait son âme, cette âme perdue, ayant l'espoir d'être sauvée, ou du moins pensant en sauver d'autres. Elle n'était ni bonne ni mauvaise, elle était simplement. Elle souffrait de son existence, mais elle existait. C'était du moins ce que ressentait la vampire. Celle-ci pouvait être influencée, dans le bon ou le mauvais sens. Elle pouvait devenir quelqu'un de complètement inoffensif, ou, au contraire, une machine à tuer.

-Je n'aime pas être en cage. Si je suis aussi triste, c'est que je suis trahie par tout le monde. Mon père, le prêtre de l'église, et maintenant, même les nuages rient de ma situation.

Lyz eut un sourire. Alors c'était bien ainsi. Il suffisait à quiconque le désirait de la tromper pour qu'elle tombât droit dedans et fût complètement manipulée. Mais, bien entendu, la manipulation, comme toute bonne manipulation, devait rester discrète.

Qu'arrivait-il aux personnes qui échouaient? Qu'était-il arrivé à son père et a fameux prêtre dont elle parlait? S'était-elle vengée sur eux? Étaient-ils la raison de sa présence sur cette île maudite? Elle semblait d'ailleurs bien jeune pour être condamnée à mort... Mais, après tout, ils avaient besoin de sujets, et il n'y en avait sans doute pas assez à leur goût.

Bientôt de simples voleurs allaient être condamnés et relâchés au milieu de criminels de bien plus grande envergure. Ce serait un bain de sang sans nom. Mais il fallait survivre. Tuer ou être tué, comme dans la jungle, comme à la guerre. « La vie est un combat » se souvint-elle avoir lu dans une de ces nouvelles françaises qu'elle connaissait bien pour avoir fait de la littérature française au lycée.

Lyz pouvait répondre dès cet instant, elle le pouvait, mais elle sentait que quelque chose d'important allait suivre. Elle pensait à la réponse à sa question. La trouverait-elle, ou ne verrait-elle pas à travers tout ces facteurs? Cette réponse lui semblait pourtant simple et naturelle, à elle. Mais les choses lui avaient plus d'une fois démontré qu'elle n'était pas constituée comme les autres, qu'elle n'appréhendait pas les choses comme eux.

La jeune femme attendait donc assez impatiemment, elle devait bien se l'avouer, la réponse à sa question, quand, enfin, la petite spectre prit la parole.

-Un oiseau en liberté ne devrait-il pas chanté mieux que l'oiseau en cage ? Car lui, il est en liberté, tandis que l'autre est prisonnier. Il n'a qu'une destiné ; resté dans cette cage jusqu'à la fin de sa pauvre vie.

Lyz eut alors un petit pincement au cœur. Non, personne d'autre qu'elle ne verrait les choses ainsi qu'elle devaient être vues. C'était peine perdue. Malgré cela, elle avait envie de protéger la petite fille qui se trouvait face à elle, de se comporter comme une sœur, une grande sœur protectrice.

-Au risque de te décevoir, j'aimerais que tu m'expliques comment ces gens, mais aussi comment les nuages, t'ont trahie. J'aimerais vraiment savoir, tu sais. La réponse à ma petite énigme arrivera bien assez tôt.

Lyz se redressa et demeura assise, les jambes repliées sur sa gauche, admirant le jeu du vent dans les cheveux et le gros nœud bleu clair dans les cheveux de celle qui allait, elle l'espérait, devenir sa protégée. Elle avait hâte que sa jeune compagne lui racontât ses malheurs, qu'elle se confiât à elle. Elle ne savait pas de quoi lui venait cette envie, ou du moins elle voulait n'y point penser, mais elle était présente, comme un feu que l'on allume dans la poitrine. Elle était convaincue qu'elle devait avoir cette petite créature à la fois dangereuse et vulnérable à ses côtés.

Le ciel, toujours le ciel. Sa future petite protégée, enfin, c'était ce qu'espérait Lyz, était obnubilée par le ciel. Les nuages qui avançaient peu à peu, avec une lenteur infinie, la fascinaient, et elle semblait chercher à les atteindre, au moins en pensée,à défaut de pouvoir le faire physiquement. Il faisait assez beau, ce jour là, au dessus de l'île. Le vent fainéant promenait lentement ses quelques nuages cotonneux, jouait paresseusement avec leur forme et leur place, comme un enfant joue avec de la pâte à sel.

-Je ... Mon grand frère a été empoisonner... Ma mère a été assassiné par mon propre père... Mes amis m'ont renié et m'ont traité de monstre... Le prêtre de l'église ... Il a tué des gens, alors qu'il ne devait pas ... Quant aux nuages... Je pensais qu'ils me protégeaient ...Mais, depuis que je suis enfermé ici, j'ai l'impression qu'ils se moquent de ma situation ...

Voici donc ce qu'elle était. L'innocence pervertie, s'accrochant à ce qu'elle avait toujours considéré comme des valeurs sûres. Et à présent qu'elle était consciente que ces valeurs n'étaient que fumée dans le vent, elle se réfugiait derrière les larmes. C'était un moyen comme un autre de fuir la réalité. Cette réalité, celle de cette spectre qu'elle avait devant elle, Lyz était sûre de mieux la saisir que la jeune fille elle-même.

Elle était là parce qu'elle avait été naïve, elle avait sans doute cru, à raison, en son père et en cet homme d'Église. Elle pensait à raison, car si l'on ne pouvait avoir confiance en ses proches et en l'Église, en quoi pouvait-on croire? Ces deux entités étaient là pour ça, pour qu'on puisse leur faire confiance, pour soutenir ceux qui en avaient besoin. Seulement, ce monde était pourri jusqu'au trognon, comme le disait si bien l'expression, et ce qui était le plus proche était ce qui était le plus susceptible de trahir la personne faisant confiance.

La spectre avait été trahie, tout comme Lyz l'avait été. La différence entre elles résidait en la maturité. Alors que sa compagne sombrait à nouveau dans la naïveté, Lyz, elle, s'arrangeait pour n'être plus trahie. Elle se sentait vraiment proche de cette spectre, il fallait qu'elle la protège.

Sa compagne se mit alors à pleurer, sans doute parce que le récit des souvenirs avait réveillé en elle la douleur qui lui avait été infligé durant cette période de sa vie. La vampire fit alors quelque chose qu'elle ne se pensait pas capable de faire: elle passa un bras dans le dos de la spectre, lui faisant ainsi comprendre que, malgré son immatérialité, elle était là pour la soutenir, l'écouter.

-En apparence, l'oiseau libre, qui est plus heureux que l'oiseau en cage, devrait mieux chanter que ce dernier. Pourtant ce n'est pas le cas. Si tu veux savoir, je pense que le rêve fait idéaliser les choses, même lorsqu'on les a déjà connues. Notre oiseau en cage chante si bien parce qu'il chante la liberté, son rêve. Il l'idéalise et chante le bonheur de voler, sans limites, sans contrainte. Pourtant, il oublie quelque chose. L'oiseau libre doit se nourrir par lui-même, chose qui n'est pas aisée tous les jours, il doit veiller sur sa famille, faire attention aux prédateurs, et veiller à conserver sa liberté. L'oiseau en cage ne connait pas ou plus la liberté, il oublie tous ces détails qui sont pourtant loin d'être insignifiants. Et c'est ce qui nous arrive. Est-tu moins heureuse ici que tu le serait dehors? J'en doute. Personnellement, cela m'est égal. Ici ou dehors, cela ne change rien, je n'ai rien à perdre, ni à gagner. Voici pour la réponse à ma petite énigme. Je ne sais pas vraiment si tu es d'accord... mais c'est là ma vision des choses.

Lyz sentait la spectre devenir peu à peu matérielle sous la main qu'elle avait posée dans son dos. Elle se doutait qu'elle était en pleine réflexion et attendait, avec peut-être un peu d'appréhension, la réaction de sa jeune amie. Allait-elle avancer dans son sens, ou se rétracter pour partir à l'opposé? Elle espérait que ce fût la première option, pour ne pas avoir à la tuer tout de suite, pour la garder quelques temps à ses côtés, comme apprentie, ou petite sœur. Elle ne savait pas encore.

Le premier signe de l'approbation de Lyz par la spectre fut le regard de cette dernière. Il n'était plus dirigé vers ces nuages mous qui étaient promenés par le vent dans le ciel, non. Il était posé sur Lyz. La jeune femme avait-elle atteint son objectif? Avait-elle conquis la jeune spectre? Elle l'espérait. Elle se sentait proche de cette petite, sans vraiment savoir pourquoi, et elle préférait l'avoir à ses côtés plutôt que de la tuer.

Pourquoi cette proximité? Ressentait-elle l'expérience de la jeune fille comme similaire à la sienne? Oui. Seule leur réaction avait été différente. Il en faudrait sans doute peu pour que cette petite spectre fragile suivît son chemin voire même qu'elle devînt identique à la belle vampire.

Cependant, elle ressentait plus que cela à l'égard de sa future protégée. Comme une sorte de gémellité, une ressemblance plus profonde, liée à l'âme, sans qu'elle susse de quoi il s'agissait exactement. Elle ne savait pas pourquoi, ni comment, mais elle devait protéger cette petite, quoi qu'il lui en coûtât.

À présent, la spectre était tout à fait matérielle sous la main de la vampire. La sensation qu'elle avait ressentie alors que la forme de sa petite compagne évoluait, tendant vers le matériel, était assez impressionnante. Elle ne savait comment décrire cette sensation, c'est pourquoi elle décida qu'elle ne le ferait jamais. Lyz l'attira contre elle, la prenant dans ses bras comme une petite sœur en larmes qu'on voudrait réconforter, alors qu'elle avait arrêté.

Mais en cet instant, Lyz sentait que la petite était proche de la vénération de celle qui, elle l'espérait de plus en plus, allait devenir une personnalité importante dans la vie de la jeune fille, quelqu'un qui allait tout changer, jusqu'à sa perception du monde. Elle avait déjà commencé à agir sur elle, rien qu'avec sa petite énigme. Elle lui avait fait comprendre qu'elle devait être heureuse, où qu'elle fût. Restait plus qu'à lui montrer le chemin idéal, selon elle, pour trouver le bonheur. Le bonheur par la punition des péchés.

Lyz en était là. Elle estimait qu'il lui incombait de décider si une personne méritait ou non la vie. Elle ne croyait pas en Dieu. Si il existait, elle était ce qui s'en approchait le plus. Et elle voulait que cette petite l'appelât ''Onee san'', grande sœur, elle voulait tout être pour cette jeune personne, elle voulait être sa perception des choses, son évolution, sa façon d'être. Elle voulait que cette petite calculât tout en fonction de cette question: ''Si j'avais été Onee san, qu'aurais-je fait?''

Elle leva les yeux, regarda le ciel et eut un rire vide de sens. Il n'y avait plus aucun nuage. Aucun obstacle à son objectif? Elle verrait avec le temps.

Lyz garda le silence durant un long moment. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? C'était une bonne question. Elle était tentée de dire que c'était pour elle une réaction naturelle, mais cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus rien en elle qui fût naturel, pas même son corps. Et pourtant, elle ne savait comment expliquer ce qui se produisait alors en elle. Elle savait pertinemment qu'il lui était impossible d'être naturelle, mais elle ne voulait pas uniquement se servir de sa nouvelle rencontre.

Elle avait toujours travaillé seule, et ne plus le faire serait une idiotie, sans en être une. Cela l'était si elle n'était pas à la tête de ceux qu'elle recruterait. Mais elle n'attendait pas uniquement que la petite spectre fût sous ses ordres, non, c'était bien plus complexe. Qu'attendait-elle exactement ? Une sorte d'amitié ? De l'affection ? De la reconnaissance ? Oui, c'était en quelque sorte ce qu'elle attendait, mais pas tout à fait exactement.

Mais bon sang, que cherchait-elle ? La petite spectre semblait être une proie facile, un petit bout de ce qu'elle recherchait, la pureté, mais elle voulait la dépraver. Elle perdait de vue son objectif ! Que devait-elle faire ? Si elle se rapprochait de cette petite parcelle de pureté, elle allait la souiller, et si elle l'abandonnait, elle n'aurait pas ce contact dont elle avait l'air d'avoir besoin. Ça promettait d'être assez complexe à dépatouiller, comme situation...

-Je... Je ne sais pas vraiment.

Quelle idée ! Qu'avait-elle dit ? Que devait-elle faire ? La petite spectre allait-elle partir ? Allait-elle rester ? Tout était flou dans la tête de Lyz. Mais que devait-elle faire ?

Elle sentait la pression monter en elle. Pas le genre de pression qu'elle avait connu jusque là, non, mais quelque chose de différent. Une sorte d'étouffement, mêlé à de la colère et à de l'appréhension. Et cette question qui revenait sans cesse... que devait-elle faire ? Continuer dans le sens où elle était allée, ou se rétracter et partir ? Quel calvaire !

– À vrai dire... je me suis prise d'une certaine... hem... comment dire... affection... à ton égard.

Et voilà, elle avait encore empiré la situation. Et qu'allait-elle faire, maintenant ? Elle soupira. C'était d'une évidence flagrante. Elle remit son bras là où il aurait dû être à l'origine, à savoir la long de son flanc, puis elle se leva et fit quelques pas. L'idée de partir la répugnait, mais elle ne pouvait pas faire autrement maintenant. Elle avait réussi à s'attacher à un petite bout de pureté, et elle avait même commencé à le souiller. C'était du joli ! Il fallait qu'elle parte avant qu'il ne fût trop tard.

– Je... je vais... te laisser... maintenant. Tu... tu n'as rien à faire... avec moi, je veux dire. Tu serais... en quelque sorte... corrompue.

Elle fit volte face et se mit à marcher, sans suivre de direction précise. Le vent s'était levé, et elle se rappela ce qui faisait la beauté de ces immenses étendues herbeuses. C'était l'herbe qui dansait avec le vent, elle dansait avec lui, ils dansaient ensemble, une union parfaite, le même rythme, le vent menait la danse, et l'herbe, jouant de sa grâce naturelle, suivait, et c'était un spectacle magnifique. C'était un ensemble qui menait à la beauté, une forme de pureté. Une union était ce qui conduisait l'herbe insignifiante et le vent invisible à la beauté. Et elle, elle était seule.

Lyz poussa un soupir. La petite spectre l'avait rattrapée au bout de quelques minutes. Elle était essoufflée par sa course et mit un moment à reprendre sa respiration.

''Si elle s'était dématérialisée, elle aurait pu voler et ne ressentir aucune gêne. Elle doit être troublée ou ne pas y arriver..''

Puis la spectre, après quelques hésitations tout à fait charmantes, se lança dans un discours où elle explique à Lyz le peu d'importance qu'elle accordait à sa corruption, elle affirmait être déjà corrompue, alors qu'elle n'était que blessée, elle n'avait fait que se défendre. Elle était dans la même situation que Lyz avant qu'elle ne devienne folle. La vampire était d'ailleurs bien placée pour savoir que la barrière qui séparait la raison de la folie était très mince, trop mince. Et même si elle pensait ne pas être pure, elle l'était sans doute aucun plus que ce qu'elle imaginait l'être.

Elle se mit alors à supplier Lyz de rester avec elle, dans une attitude qui fendit le peu de cœur qui restait à la vampire. Comment refuser ceci ? Elle resta cependant bouche close, attendant que la spectre en eut terminé.

Ce fut une erreur. Enfin... c'est ainsi que Lyz le vit. Une erreur. La plus grosse qu'elle eût commis depuis bien longtemps. Elle se laissa convaincre. Elle attendit néanmoins que la spectre en eût fini, c'est à dire qu'elle se fût présentée, avec l'inclinaison de rigueur au Japon, après avoir rougi de s'être autant exprimée.

Lyz ne se courba pas. Elle ne fit pas un geste de plus vers Myaru, car tel était son nom. Non. Elle se contenta de s'asseoir à nouveau et de faire signe à la petite spectre de s'asseoir à ses côtés. Elle regardai fixement en face d'elle, puis, après un moment de silence, elle commença à raconter son histoire, d'une voix atone, dénuée de toute sensibilité.

-Je suis américaine. J'ai grandi là-bas, mais j'ai une passion pour le Japon. C'est pourquoi je suis venue y vivre.
J'ai trouvé le bonheur au Japon, je me suis ouverte à d'autres, j'ai appris à aimer. J'étais naïve, comme tu l'as été, et comme tu l'es encore. J'ai partagé mon appartement avec un home, je vivais pour lui, je respirais pour lui.
J'allais bien sagement travailler, tous les matins, pendant que lui, le japonais, celui qui fait partie intégrante d'un peuple réputé pour son acharnement au travail, pendant que lui ne faisait rien. Il passait ses journées à la maison, il jouait à des jeux vidéo, il surfait sur le net... et d'autres. Je rentrais assez tard, le soir, et je me mettais directement derrière les fourneaux pour lui cuisiner son repas. Nous mangions, puis je faisais le ménage et préparais son repas du lendemain midi, pendant qu'il restait devant la télévision ou sortait avec des amis à lui. Le matin, je me levais plus tôt et m'efforçais d'être discrète quand je lui préparais son petit déjeuner avant de partir travailler. Si je le réveillais, il me disputait, me disait que j'étais invivable, me menaçait de partir.
Et je le suppliais de rester. Je ne voulais pas qu'il parte. Je l'aimais, de tout mon cœur. Les sacrifices que je faisais n'étaient rien comparé aux instant de bonheur que nous vivions.
Un jour, je suis revenue en larmes du travail. Il n'est pas dans les Mœurs des américains d'être discrets avec leurs sentiments. J'avais été renvoyée. Le patron ne m'avais jamais appréciée, je n'avais été qu'une roue de secours en attendant d'avoir quelqu'un de japonais. Je suis donc rentrée chez moi, dans le minuscule appartement que mon salaire payait, et je lai retrouvé dans mon lit avec une autre.
Elle s'est enfuie, mais lui non. Je l'ai tué. Et j'ai mangé son cœur.

Elle regarda la spectre dans les yeux.

J'ai mangé son cœur, Myaru, tu comprends ? Et j'ai continué. J'ai tué vingt-trois hommes, et j'ai mangé leurs cœurs.
On m'a alors donné divers surnoms. Bloody Lyz et la Femme aux Vingt-trois Cœurs sont les plus courants. Mais en réalité, je suis Lyz Williams, et je suis devenue folle, je suis folle et à la recherche de la pureté. J'ai la hantise de te salir, mais je veux être avec toi, puisque tu es encore pure.

Elle regarda de nouveau dans le vague, loin devant elle. Elle apercevait la cime des montagnes. Pourquoi ne pas aller habiter là-haut, elle ne corromprait personne, ainsi...