Biographie (minimum 15 lignes):
Tout ceci s'est déroulé il y a tant de temps... Je ne sais si j'arriverais... Si j'aurais le courage de faire revenir à la surface ce flot de souvenir, cet immense ensemble de vagues réminiscences... Je n'ai pas le choix de toute façon, maintenant que je me suis lancée, autant aller jusqu'au bout mais je vous prierais de bien vouloir pardonner les petites erreurs possibles dues à ma mémoire maintenant moins fiable qu'à l'époque où tout cela se déroula... Je vais donc commencer par le commencement, mais je ne m'éterniserais pas, les détails se sont échappés, comme de long filament blanc serpentant hors de ma tête vers un espace plus libre. Alors, commençons... J'eus une enfance relativement tranquille, et facile même si mes parents n'étaient pas spécialement fortunés, nous vivions et c'est tout ce que je demandais. Nous avions à manger tous les jours, au moins deux repas par jour mais mon père et ma mère travaillaient durement pour en arriver à ce résultat et je ne les voyais pas beaucoup la journée. Nous rattrapions donc ce manque en fin de journée et le soir, d'ailleurs je dormais souvent avec eux dans notre petit "foyer", je me sentais en sécurité et même une fois plus grande vers les quinze seize ans il m'arrivait encore souvent de dormir avec eux. Du fait de leur absence, je passais souvent mes journées seule à me promener dans les rues, mon activité favorite était de faire des blagues au gens. Quelques-unes me rapportaient de l'argent et développait mes conditions physiques ainsi que ma discrétion par exemple: prendre le porte monnaie d'une personne connaissant un petit moment de baisse d'attention alors que j'étais dans les parages, je devais à la fois être discrète et si ça ne suffisait pas, courir très très vite... Là où j'habitais, les gens étaient plutôt rudes... Et ils ne se retenaient ni pour mes beaux yeux ni parce que j'étais une fille, une personne qui se faisait attraper à voler se faisant souvent taper,plus ou moins durement suivant la personne volée mais toujours assez pour faire très mal et pendant plusieurs jours... Bien heureusement, je m'en suis toujours tirée sans encombre, pour mon plus grand bonheur, j'en connais qui se sont faites violées, tabassées ou tuées... Je n'étais donc pas à plaindre malgré tout. Mais je dois avouer que petit à petit, un sentiment de rage peut-être ou d'impuissance même, qui serait plus à même d'expliquer ce qui advint par la suite surement, s'installa en moi, lentement, prenant de plus en plus d'ampleur, s'ancrant plus profondément en mon âme. Depuis, je m'en suis débarrassé, le temps a coulé sous les ponts, je suis vieille à présent, je ne sais même pas combien d'année me sépare de cette époque, l'époque ou tout bascula pour me faire devenir ce que je suis devenu... Mais il est trop tard pour regretter, je n'ai jamais regretté, ce n'est pas maintenant que je le ferais.
Sinon, je vais réitérer mes excuses mais je serais incapables de vous donner des détails à partir de maintenant alors il faudra vous contenter de ce que vous aurez. Enfin, comme je vous le disais, je détestais de plus en plus le monde dans lequel je vivais je me rendais compte tristement de toutes les injustices régissant la terre, de quel droit des hommes pouvaient, d'un simple geste de la main, balayer des villes entières, s'en prendre à des innocents pour des motifs totalement incongrus ? À l'échelle de mon quartier, cela ne m'avait pas paru spécialement dur et violent, il n'y avait que peu souvent de la violence sans raison mais je n'avais jamais pensé qu'il était possible de détruire toute une ville pour plaire à un homme, puis une autre ville et encore une autre, au final c'est un pays qui vient d'être mis à feu et à sang, plus tard peut-être serait-ce un continent même... Je ne m'étais jamais rendu compte de cela avant que... Avant que ces charognes puantes ne rasent le "paisible" village dans lequel je vivais avec ma famille et mes amis. Par je ne sais quel hasard mes parents et moi survécurent à ce terrible carnage, nous étions partis juste à temps, il ne s'en était fallu que de quelques secondes mais quelques coup de feu se perdaient... Et ce fut mon père qui en fit les frais, nous avions cru être enfin tranquille à quelques mètres du village, nous nous étions adossés à une petite barricade de bois assez fin mais c'était suffisant pour reprendre son souffle et calmer les battements de nos cœurs affolés. Je me souviens d'un bruit sec, à coté de moi, la première chose que je remarquais était que le bois était fendu... Depuis peu, très peu même. Peu de temps après, ce fut une petite tache rouge, une tache s'élargissant lentement dans le dos de mon père, lui ne réagissait pas, il restait immobile, imperturbable, comme la mort... Je pense avoir crié à ce moment là, je suis incapable de le confirmer, de toute façon, au même moment ou un peu avant, les tirs commencèrent à fuser de toutes parts, derrière nous les villageois se faisaient massacrer, devant nous et sur les cotés certains fuyards avaient étés rattrapés pour leur plus grand malheur mais qu'importe, mon père ne bougeait toujours pas et ma mère restait silencieuse... Terrible épisode qui se révéla sans doute un des plus important de ma vie...
Comment vous dire mon soulagement, mon père n'était pas mort, loin de là, la balle l'avait seulement éraflé en réalité et une ancienne blessure c'était rouverte lors de son sursaut, j'avais eu terriblement peur cette nuit là. Mais nous nous en étions tirés sans encombres majeurs. Nous avions refait notre vie, fuyant progressivement la guerre qui s'installait peu à peu un peu partout dans le monde. Je dois avoué que nous avions eu énormément de chance, toujours plus de peur que de mal même si quelque fois, de la peur venait le mal. Je devais avoir à peu près vingt ans et pendant plusieurs années, toutes les nuits, très tard, une fois que mes parents étaient profondément endormis je sortais, essayais de trouver un endroit tranquille et j'y restais quelques heures... J'emmenais toujours un paquet assez lourd avec moi, certaines choses dans ce panier me répugnait un peu mais je n'avais pas le choix, selon toute logique ce ne pouvait continuer éternellement. Aujourd'hui encore je me dis que j'avais été sage de prévoir ce qu'il adviendrait mais peut-être pas de tout faire pour changer cela... Au vu de ce que l'on a fait de moi...
Ainsi, nous nous retrouvâmes vers mes 24 ans dans une nouvelle ville et un nouveau pays, un pays habité par des gens aux yeux bridés dont je ne comprenais ni la langue ni l'écriture, mes parents y arrivaient, je ne sais pourquoi ni comment ils avaient pu emmagasiner autant de connaissance mais j'avais l'impression qu'ils connaissaient toutes les langues du monde, les connaissaient, les comprenaient, les parlaient, j'adorais les entendre discuter avec des étrangers, ils étaient toujours souriant, je n'oublierais jamais leur sourire, je ne l'ai d'ailleurs jamais oublié... La guerre était parvenue jusque ce pays aussi, comme partout dans le monde d'ailleurs mais d'après mes parents, il y avait encore des paysages paisibles si l'on s'enfonçait dans la nature, au milieu des montagnes, cet endroit était très peu contrôlé et ainsi nous serions loin de tous les conflits... En théorie tout du moins. La théorie était parfaite, mais la pratique avait une faille... Il fallait s'y rendre et pour s'y rendre, passer en ville pour trouver un chemin praticable...
Si je devais choisir aujourd'hui, j'aurais préféré que nous nous perdions une centaine de fois dans ces montagnes, que nous nous perdions pour l'éternité plutôt que d'arriver là où nous voulions par le chemin que mon père avait choisi... Stupide destin... Mon sac lui ne m'avait toujours pas quitté et j'avais toujours réussi a esquiver les questions de mes parents quant à ce que je pouvais bien avoir dedans, ils c'étaient contentés "des objets d'une certaine valeur et utilité que je veux garder" comme explication, peut-être n'aurait-il pas du... Leur bonté devait être trop grande, tout comme leur confiance, eux qui choyaient la paix, le pacifisme, le calme, la sérénité et la diplomatie... Nous voyagions de nuit, jugeant que cela nous éviterait quelques rencontres, en réalité cela nous mena à Notre dernière rencontre, je ne sais comment des gardes nous avaient vu et intercepté sur la route très faiblement éclairée, ils parlaient avec mes parents, je ne comprenais rien, juste mon père qui tripotait nerveusement le bord de son chapeau qu'il avait à la main, cela m'effrayait un peu, je ne l'avais jamais vu ainsi et ces étrangers me faisaient peur, ils avaient un air... Féroce, dangereux... Et ils étaient armés eux... Des armes mortelles... Je serrais mon sac contre moi d'un coté, le pan de l'autre coté s'écartait un peu à cause du poids faisant pression dessus et moi voulant le refermer hativement ne réussi qu'à faire tomber le sac... Et son contenu, il faisait noir et tout c'était déroulé très vite, j'avais eu le temps de tout remballer, heureusement rien de grave, je serrais à nouveau le précieux sac contre moi... J'avais peur, tellement peur mon dieu... Je tremblais littéralement, je pensais que le pire venait de se passer, mon sac ne nous avait pas trahi finalement mais là encore, c'est lorsque l'on baisse sa garde que l'on reçoit le coup fatal, celui auquel on ne s'attendait pas, on ne s'attendait plus. J'avais l'impression de redevenir une petite enfant, courant de toutes ses jambes pour échapper au vieux bonhomme grincheux qui venait de perdre malencontreusement son porte-monnaie... La présence de mes parents ne suffisait même pas à calmer ma tension... Et c'est alors que tout se déroula en un éclair mon père m'avait repoussé brutalement, un geste protecteur je crois et tandis que je tombais mollement sur mes fesses, me criait juste de m'enfuir...
La seconde suivante, plusieurs coup de feu retentirent dans le silence nocturne qui nous entourait, suivi de plusieurs bruit d'impact, c'était écœurant, et mon père me souriait alors même que son corps s'affaissait et ses yeux devenaient livides, du sang s'échappait de son corps, une marre se répandait tout autour de lui, en trop grande quantité, je regardais toujours mon père, la route était légèrement en pente et la marre s'écoula lentement, jusque mes pieds... Mes mains au sol se teintèrent de sang à leur tour, du sang poisseux, répugnant, celui de mon père... La fatigue, un poid énorme s'abattait sur mes épaules...
- "Papa..."
Les seules paroles qui réussirent à trouver un passage jusque mes lèvres, le seul murmure qui sortit de mes lèvres, la seule supplique... Mes yeux me brulaient, des larmes coulèrent et je les essuyais tant bien que mal sans faire attention au sang qui maculait alors mon visage... Mon balluchon... À quelques centimètres à peine, il était ouvert dans ma direction et je voyais juste une poignée luisante à la lumière de la lune... Je n'avais pas pu le protéger...
Mère ? Où était-elle à ce moment là ? Un peu plus loin, un homme la maintenait à terre tandis qu'un autre était sur elle, faisant de ses vêtements des haillons, dévoilant son corps en grande partie à certains endroits... Elle n'était pas morte certes, elle se débattait furieusement mais ne pouvait rien, bientôt elle mourrait aussi, tout comme moi... D'autres hommes m'approchaient d'ailleurs, je subirais le même traitement... Pourquoi fallait-il toujours se plier face aux autres ? Pourquoi ne pouvions-nous pas riposter ? Mère ? Père ? Que valent vos idéaux de paix et de justice dans ces moments là ? Pourquoi ? La seule réponse que je trouvais à cette question était juste à coté de moi, en moi aussi, un nœud formidablement me nouait l'estomac, cela faisant longtemps que je détestais, haïssais ce monde de pourriture, charognards vils et puants, un joug tyrannique régissait ce monde et tout le monde courbait l'échine... Pourquoi ? Je vous le demande. À cette époque je n'avais qu'une seule réponse, aujourd'hui je sais qu'il n'y en a aucune puisqu'en réalité il y a une pour chaque personne vivant sur terre. Chaque question reçoit plus de 7milliards de réponse différente, laquelle est bonne et pourquoi ? Là encore, 7milliards de nouvelles réponses... Il n'y a pas de réponse, il faut se faire à cette idée...
Les hommes sont tous proches, ils rigolent, je veux leur mort, qu'ils s'étouffent dans leur rire, qu'ils meurent, qu'ils souffrent, qu'ils se taisent, qu'ils disparaissent... Tous... Mon père était mort, Ma mère se faisait violer, bientôt elle mourrait aussi et je suivrais, je me ferais violer, par des sauvages, des barbares, de sales brutes impures, n'ayant aucun droit de me toucher, de me regarder, de saliver à ma penser, il n'avait qu'un seul droit, celui de mourir, en silence... Mon sac de toile... Ce grand sac remplit de mystère... Son contenu... Pouvait-il rivaliser face à eux ? Ils étaient combien ? Trois s'approchant, deux occupés avec ma mère... J'étais couverte du sang de mon père, l'odeur était horrible, il était là, juste derrière ses hommes, il me regardait encore... Pardonne-moi... La lune était haute dans le ciel, pleine, un léger vent c'était levé, la poignée dépassait à présent de mon sac, je n'avais qu'à tendre la main... Avais-je perdu la raison ? Étais-je devenue folle ? Qui ne le serait pas devenu à ce moment là... Les cris de ma mère s'élevèrent alors... Pourquoi devais-je endurer cela ? Tout ceci durait des heures, pourquoi le temps ralentissait-il ? Pourquoi n'accélérait-il pas plutôt ? Je baissais la tête... Une main... Elle me saisit par le col, me soulevant de terre rudement, sans le moindre soucis, j'étais débout, ma main tenait la poignée faiblement, le sac de toile ne découvrait que la poignée toujours... Cet homme m'avait touché, le vent sur ma peau, mon ventre plus exactement... Un bruit de déchirement m'avait expliqué, la raison de cette sensation... Mes vêtements... Comment pouvait-il ? Je dégoulinait de sang, mes cheveux verts à l'origine étaient maintenant rouge à partir des épaules... L'hémicycle se refermait, lentement... Ma main se resserrait, le contact froid et rassurant, tout serait vite fini, je souffrirais n'est-ce pas ? Comme toutes les filles j'avais rêvé d'une première fois... Mais jamais je n'avais pensé à cela... Pourquoi ? Une nouvelle réponse, à ce moment là, elle était juste dans ma main, paralysée par la peur, je n'avais osé bouger mais il y avait pire que la peur, l'adrénaline, un fabuleux ami, adrénaline, peur, haine, dégout, colère, rage tout cela se mélangeait... Mère, dans peu de temps... Père, il est déjà trop tard... Un sanglot parcourt mon corps, de nouvelles larmes... Pourquoi les essuyer ? Tout ne pouvais pas se réduire à cela, pourquoi avoir passé toutes ces nuits dehors, loin de mes parents, dans cette solitude si je ne pouvais m'en servir maintenant...
Elle était lourde... Un léger raclement, ma prise se raffermissait le sac de toile se déchira un peu avant de tomber un terre. La lune se refléta sur une lame noire, plus noire que le ciel ne l'était... Tout se passait si lentement, des mains se portèrent précipitamment sur leurs armes, quelle importance ? Le sang gicla, une tête sauta dans les airs, un corps s'écroula faiblement... Il m'avait touché... Le fil chanta, le chant était beau, terrifiant, sanglant, libérateur... Dans le même mouvement, un buste fut tranché, comme s'il s'agissait de beurre, les deux parties du corps se décollèrent, glissant chacun dans un sens opposé, il m'avait déchiré mes vêtements les laissant à terre... Un dernier, il tremblait à son tour, ses mains surtout... Lui et ses compagnons avaient créé un monstre, un coup de feu retentit, m'éraflant la joue, mon sang coulait à présent, se mélangeant à ceux de mes victimes présent sur mon corps et par terre, se mélangeant à celui de mon père... Le chant retentit une troisième fois, embroché et coupé dans la longueur, les deux parties tombèrent, m'ouvrant le passage jusque ma mère et les deux gardes trop occupés pour faire attention à moi, Il avait regardé mon corps nu... Mon père, ses paupières étaient enfin fermées, son sourire toujours présent... Repose en paix... Mère, que tes cris s'arrête, je chanterais pour toi... Je gardais la poignée en main, laissant retomber tout le poid de la lame à terre, un bruit sourd, j'avance, l'objet frotte par terre, un crissement métallique, aigu, quelques étincelles se créaient, elle chante, ma voix s'y mêle et obtient alors l'attention des derniers... Mouvement de panique ils remarquent les autres corps à terre... Ma mère elle ne regarde rien, ne bouge pas, des sanglots la traversent, des larmes coulent... Pardonne moi... Les mains tardent à agirent, je suis déjà à leur niveau... Un simple revers, des gouttes vermeils s'éparpillent dans les airs et une nouvelle flaque se créé... Ma mère en est inondé... Il l'avait souillé par son contact... Un nouveau coup de feu, je ne ressens rien... Mais je vois... Le sourire du garde... Les larmes de ma mère... Ses derniers mots... Non... Ses yeux... Elle avait un regard magnifique... Elle ne l'aurait plus, ses yeux perdent tout éclat, un liquide pourpre s'élèvent d'un trou présent entre ses deux yeux... Le garde, ce garde, ce dernier... Je pris du plaisir à entendre une dernière fois le chant, il n'était pas le même... Le plat frappa, fort... Des os craquent, se brisent, un râle se fait entendre, le corps est à terre... Un nouveau coup, plus fort encore, le plat toujours, le corps n'oppose déjà plus de résistance mais je m'acharne à chanter, à faire chanter la lame... Il avait mené la discussion avec mon père, l'avait tué, violé ma mère et ensuite tuée... Je relâchais la lame, qui tintait alors en percutant le sol, je me déchainais sur le corps, le sang coulait toujours, j'en étais totalement couverte maintenant...
Où aller à ce moment là ? J'avais toujours été dépendante de mes parents... Je trainais ma mère jusqu'à mon père, récupérais mon sac, rangeais mon objet à l'intérieur, le nettoyant au passage avant de me caler entre mon père et ma mère pour la nuit, le sac sous moi... Je ne les quitterais pas...
Voila ce qui me mena jusqu'à une île bizarre ou je devins réellement un monstre... "Sans cœur, nous ne serions que des machines." J'en étais une, sans la moindre raison de vivre que celle que je ne pouvais pas mourir maintenant, que je vis pour les deux personnes qui me quittèrent cette nuit... Je suis fatiguée, mes vieux os ne me permettent pas de continuer, vous connaitrez le reste de mon histoire une prochaine fois, sachez juste que sur cette île ou je devins un monstre se trouve un laboratoire rempli de monstre tel que moi... Sauf que ceux-là ne sont pas sortis...
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