Un nouveau départ ?

Les secousses du camion finirent par le réveiller, par l'extirper de son sommeil néfaste. Hier soir, en mangeant la maigre ration de pain, fromage et d'eau, Kitsune avait bien senti un arrière-gpût bizarre, il savait qu'elles étaient droguées. Mais ce n'est pas par faim qu'il avait tout mangé, juste pour pouvoir avancer dans l'histoire. Il se doutait bien que s'ils voulaient l'endormir, après les experiences dont il avait été cobaye, après les scientifiques venus l'examiner, lui potentiellement (et plus sûrement) dangereux, ce n'était pas pour rien. Le tuer paraissait illogique, ils avaient l'air si fiers de leur résultat. D'autres experiences ? Ce n'était pas à exclure, mais peu probable aussi...
Ne restait donc que la possibilité d'un transport. En prévision de la drogue qui allait sûrement rapidement faire effet, il s'était allongé sur le lit en ferraille, faisant de ses ailes un doux matelas.
Et maintenant il se réveillait enfin. Sa tête semblait être en plomb, et l'Ange esperait que ça passerait rapidement. Il était à moitié groggy, et se savait bien surveillé. En effet, reprenant ses esprits, il put voir trois hommes, bien armés, prêt à actionner la détente pour conserver leur vie. Il semblait froids, et prêtaient à peine attention à lui, sauf lorsqu'il essayait de bouger. Aucun risque la-dessus, il était assis, mais pieds et mains liés, et il n'avait aucunement l'intention de bouger.
Il se réveilla une seconde fois, n'ayant pas laissé s'échapper les quelques bribes de sommeil de son repos forcé. Mais celui-ci plus bien plus agréable, bien plus naturel. En réalité, il ressentait ce qui se passait alentour, mais son corps refusait de bouger ; il se pensait plus en train de méditer que de dormir... Ses geôliers furent même obligés de le secouer un peu pour le sortir de sa transe. L'un d'eux lui défit ses liens, avant de reculer précipitamment. Les deux autres surveillaient surtout les alentour, l'air méfiant, et un peu... apeuré ?
Kitsune se leva, titubant légèrement, et reprit ses esprits. La lumière du jour, qui contrastait nettement avec l'obscurité de sa... Une camionette ? ne l'éblouit même pas. La lumière n'était plus une ennemie, maintenant, elle ne le sera plus jamais...
Son garde était là, lui ordonnant, sans trop de vigueur, étrangement, d'avancer. Kit sentait la panique derrière son assurance, il ne semblait pas apprécier être là. Kit pouvait sans problème lui ôter sa vie. Il savait où frapper pour le tuer, et si ses potes le tuaient, lui, il serait tranquille. Pas besoin de vivre dans cet "enfer", juste quitter ce monde, et pas de prôblème. Oui, il avait tué, mais c'était par pure justice. S'il devait expier son crime, Kit finirait sûrement au Paradis. Quant aux viols, non ! Ils ont tout manigancé, mais l'Ange qu'il est n'aurait jamais pu, il n'aurait jamais osé ! Il leur fallait juste une accusation de plus pour l'envoyer à vie en prison, sûrement, et ils avaient réussi !

- Merci pour la course, chauffeur.

Kit fut lui-même étonné du ton qu'il avait employé. Il voulait une assonance ironique, et sa phrase avait en fait un son doux, qui chantait aux oreilles... Cela pouvait sûrement être utile, à l'avenir... Il savait manier les mots, mais si le ton s'y prêtait aussi...
Il sortit du camion, sautant pour rétablir la différence de terrain, et ses ailes se déployèrent toutes seuls, majestueuses. Aucune douleur ne le transperça cette fois, mais quoiqu'il en soit, il ne laissant passer aucune émotion sur son visage. Il se sentait un gladiateur rentrant dans une arène, ou la vie serait l'enjeu de tous les jours. C'était sûrement le cas...
Sans se retourner, il se mit à marcher, et se retrouva rapidement dans... une forêt ? Oui, elle avait tout d'une forêt, les arbres, l'odeur, tout... Même les bruits étranges, qui font se retourner, et où on croit voir des petits yeux jaunes qui disparaissent furtivement... Oui, tout.
Kitsune s'arrêta un moment, observant les environs. Il avait l'impression qu'on l'observait, mais s'en contre-fichait. Restant debout, il se mit à réfléchir.

À peine la discussion finie et la prise de conscience faite que des nouvelles personnes en blouses blanches entrèrent afin de m'endormir... En quelques semaines, j'avais du rattraper le manque de sommeil que j'avais pu accumuler toutes ma vie et prendre plusieurs mois d'avance au passage. Mais, changement notable dans le traitement que l'on me prodiguait, je n'étais plus rendormi dès que je me réveillais... J'avais droit à un repas, la chance diriez-vous... Attendez un peu, le repas était composé de légume, vous savez, des petits légumes de rien du tout genre petit pois, haricot vert, ça va, j'ai échappé à la salade verte mais ce n'est pas ce genre d'alimentation qui pouvait nourrir un loup et le garder en forme... Je crois qu'ils attendirent que je n'ai presque plus de force pour me donner mon premier morceau de viande... Tandis que je rêvais de la bonne chair fraiche de l'un des scientifiques, n'importe lequel, j'eu droit à un steak... Haché le steak... Le petit morceau de viande que l'on sert aux enfants ou dans les sandwiches de grande marque de restauration rapide... Malgré tout, je ne disais rien et me permettait même d'essayer de converser avec ceux qui venaient me nourrir... Ce n'avait jamais été bien concluant, à croire que me parler les aurait rendus malade ou je ne sais quoi d'autre... Tout le monde me tapait sur les nerfs ici bas, et puis ce blanc, partout, partout, partout... Cette couleur agressait mes pupilles fatiguées et je me cachais le plus souvent possible sous la fourrure grise qui entourait la capuche de mon manteau... À croire que l'on voulait me faire devenir fou. Mes armes me manquaient cruellement, j'attendais patiemment que l'on me "transfert" comme ils disaient... On me gardait de plus en plus longtemps éveillé. Une fois, il s'en trouva même un qui répondit à mes salutations, je ne le revis jamais bizarrement... Je ne sais pas trop pourquoi... Il y avait autre chose que je dus attendre... Me laver... Mon délicat odorat ne supportait plus l'odeur que je dégageais alors que ces charognards "d'hôte" sentaient bon pour la plupart... Il me donnait fin aussi, ils n'étaient que de la chair fraiche pour moi, mais je n'avais pas le droit d'y toucher... Toujours pas... Ils n'empêchent que lorsque le scientifique m'annonçait que j'aurais le droit de me laver et droit à des affaires propres je "faillis" fondre en larme de bonheur, il ne faut pas abuser la chose non plus. Et puis, j'espérais avoir droit à autre chose que des habits blancs... Je me lavais de fond en comble, en rajoutant même espérant que l'odeur ne s'en aille pas trop vite et retournais à ma place habituelle avec déception... J'avais eu droit aux mêmes vêtements... Mais en propre... Mais bon, si j'avais eu droit à cette faveur, ce n'était surement pas pour rien. Ainsi lorsque le lendemain, on m'annonça que je serais transféré dans le journée, cela ne m'étonna pas énormément. Mais ils me firent vicieusement sauter mon repas de légume. Je devais ressembler à un anorexique maintenant... Je force légèrement le trait d'humour mais je n'étais vraiment pas épais...

Enfin, on me laissa sortir de ma chambre pour la première fois... Je traversais un nombre incalculable de couloir, corridor, salle pour enfin me retrouver à l'air libre, à la lumière du soleil moi qui n'étais plus qu'habitué à la lumière factice qui existait dans le laboratoire... L'astre me brula les yeux, pupille se rétractait, ma rétine m'envoyait des signaux de détresse, je fermais les yeux vivement et lever mon bras afin de me protéger ne me guidant plus qu'au bruit et à l'odeur. J'avais sentis mes gardes tressaillir en remarquant mon mouvement brusque mais je n'étais toujours pas réellement armé et ils tenaient une distance respectueuse de moi afin que je ne puisse pas les atteindre avec mes bras et jambes... Je mis quelques secondes à retirer mon bras de devant mes yeux et ouvrir mes paupières, nous nous dirigions vers une camionnette. Je regardais alors mes "compagnons", l'un était en possession de mes deux armes, un second avait une arme ressemblant anormalement à ma dernière arme... Mon dernier compagnon... Mais je ne voyais pas vraiment pourquoi le scientifique m'aurait menti... Dans tous les cas, je devais récupérer mes armes... Et manger... Leur odeur m'emplissait les narines et me mettait l'eau à la bouche, me donnait terriblement faim... Mais je devais attendre. Pas question de rester dans ce labo, je voulais aller au lieu ou je devais être transféré. Je n'en pouvais plus de ce laboratoire tout de blanc vêtu, ces scientifiques tout de blanc vêtu... Heureusement, le véhicule était noir et les gardes habillés dans des tons foncés. Mais cela ne suffirait pas à les laisser vivants... Ils avaient contrecarrés tout ce que j’avais prévu avec leur laboratoire, je pouvais bien m’amuser un peu... Ils ne sont pas à quelques employés près de toute façon ici... Je grimpais docilement dans le coffre spacieux, la camionnette faisait plus petit camion mais je préfère dire camionnette. Un des garde m’attacha au banc ou je devais rester assis, il n’était pas très attentif en réalité et parlait joyeusement avec ses disciples. Je gardais la tête baissée, cachant mes traits à l’univers entier sous les cheveux qui tombaient détestablement devant mon visage... J’avais le plus grand mal à garder mon contrôle, à ne pas sauter sur ces hommes, récupérer mes armes et les manger... Je devais attendre... Le véhicule eut un léger sursaut et se mit en mouvement... Je ne sais pas combien de temps se passa, ça me parut durer une éternité, les trois gardes ne se souciaient pas vraiment de moi, je ne bougeais pas de toute façon... Les menottes meurtrissaient ma peau, je ne supportais pas ce contact froid et mordant... Il était grand temps que je fasse quelque chose des pouvoirs que l’on m’avait donnés... Me concentrant, je tentais de transformer mes mains en pattes de loups... Je ne savais pas trop comment cela marchait alors je m’y prenais à l’avance pour être sur de ne pas me louper le moment venu... Je finis par y arriver. Si j’avais compris, il ne fallait pas vraiment de concentration, juste que j’émette le vœu de me transformer. Je n’avais essayé que sur une main de façon à ce que les menottes ne tombent pas et alertes mes gardes. Je recommençais donc l’opération, transformant ma seconde main une fraction de seconde et récupérais les menottes, gardant mes mains cachées derrière mon dos. La camionnette s’arrêta, j’avais l’impression de revenir dans une salle, si j’avais bien compris, ce devait être le sas de sécurité. J’entendais des gens s’activer à l’extérieur, leur odeur était un véritable supplice...

Ne pouvant résister plus longtemps, j’envoyais les menottes dans la gorge du premier garde, il s’affaissa sans un bruit, l’artère aorte gravement abimée ainsi que sa pomme d’Adam... Les deux autres subirent à peu près le même destin, à la seule différence que c’était mes griffes qui leur lacéraient le cou, mortellement... Ce n’avait pas duré longtemps et j’en profitais pour reprendre mes deux petites armes, les coinçant de chaque coté de mon corps, sous ma ceinture de matador, cachées par mon épais manteau. Je saisissais ensuite le calibre 12 qui devait être le mien autrefois ou qui y ressemblait étrangement tout du moins. Je m’emparais des stocks de munitions qu’ils détenaient les cachant dans divers endroits... Le chauffeur était en pleine discussion avec une des personnes dehors, pas assez attentif donc... Je rangeais le fusil à pompe à dans mon dos et donnait un grand coup de talon dans la portière afin de l’ouvrir. Je m’extirpais donc rapidement. Le Sas était en réalité rempli de gardes et de scientifiques... Toute l’attention était maintenant focalisée sur moi et certains pointaient déjà leurs armes sur mon corps émacié. Un sourire carnassier était visible sur mon visage et sans attendre je me transformais totalement en loup... Je détestais ma couleur mais le changement de forme devrait déstabiliser les gardes juste assez de temps, le temps qu’ils me remettent en joue... J’étais déjà passé à l’action, j’enfonçais mes crocs dans la nuque du garde présent à la portière. Je reprenais ma course, des balles sifflaient tout autour de moi, quelques unes m’entaillèrent sans grande gravité. Une joyeuse pagaille régnait dans le sas je sautais alors sur un deuxième lui mordant profondément le poignet, le trainant ensuite à terre dans mon élan alors qu’il était désarmé. Le sang couvrait mon corps et salissait mon pelage, le rendant poisseux, je pouvais sentir son odeur enivrante et son goût sur ma langue... Je m’arrêtais alors brusquement, achevant le garde d’un coup de dent et commençais à le manger. Ses habits étaient assez gênants et je dus me contenter d’une partie de son visage ainsi que son cou. Les gardes ne tiraient plus et me regardaient faire horrifier. Les scientifiques eux étaient avaient ouvert les portes du sas. Je reprenais ma forme humaine, mes sabots étaient maintenant sali, j’étais dans une petite marre de sang...
Leur adressant un grand sourire et un petit signe de la main je sortais... Pour tomber sur une personne avec des ailes entouré de garde... Il venait à peine d'être libéré. Sa voix sonnait joyeusement dans l'air, il remerciait ses gardes... Je restais à quelques mètres, immobile attendant de voir s'ils me remarqueraient...

Tout en réflechissant, Kit entendit les portières de la camionette claquer, brusquement. Se retournant doucement, il vit que la camionette dans laquelle il avait fait si "bon" voyage filait déjà en sens inverse. Ses gardes ne semblaient pas apprécier les lieux, et en effet, simples faibles humains, ils avaient bon interêt.
Il sortit instinctivement sa dague, son poids rassurant dans sa paume, le froid de l'acier semblait traverser son gant, fin. Il lui faudrait sûrement se trouver d'autres armes... ou pas. Sa meilleure arme et alliée restait la lumière. Avec un peu d'entraînement, il parviendrait à la manier à sa guise, sous sa forme naturelle, ou modelée selon ses désirs. Il prêta l'oreille aux alentours, sans reconnaître de bruit distinct ; tout n'était que brouhaha. Il étendit complètement ses ailes, atteignant une envergure de quelques mètres ; ces ailes étaient pour lui le plus grand des dons, synonymes de liberté, il se voyait déjà voguer dans les airs, porté par les courants aériens... Pour un peu, il se serait mis à chantonner, mais cela ne lui semblait pas de la première urgence.
Faisant battre ses ailes, pour prendre son élan, il vérifia autour de lui qu'aucun danger immédiat ne guettait, puis remarqua une présence. Il stoppa ses ailes, sans à-coup, afin de l'examiner rapidement. Un humain, apparemment, portant des armes à feu -danger potentiel pour toute créature ailée- et des taches rouges disparates, du sang sûrement -donc un prédateur, ou avec moins de raison un blessé.
Kit s'avanca vers lui, sur ses gardes, mais sans hostilité. Sûrement dû à sa condition d'ange, mais il ne ressentait pas le besoin de tuer, d'agresser, il aspirait plutôt à la paix. Et puis, par ici, il vaudrait sûrement mieux se faire des amis que des ennemis...
Il s'arrêta à une courte distance de l'inconnu, sa dague toujours à portée, et pris la parole, de sa voix chantante, sans manifester la moindre émotion.

- J'aurais peut-être dû retenir mon convoi ?

Quelles meilleurs proies par ici que les gardes et scientifiques ? Et puis, ils devaient être nombreux, et connaissaient sûrement les risques, il fallait bien qu'ils méritent leur prime de risque...

Si je ne me trompais pas, l’ange était prêt à s’envoler lorsqu’il m’aperçut. Il fit demi-tour et s’approcha de moi... Et des gardes. Ceux-ci ne semblaient pas spécialement sur d’eux... Moi je n’avais qu’une envie. Manger enfin un vrai repas. L’ange en face de moi ne devrait pas faire un merveilleux repas, les ailes sont souvent pleines d’os et il n’était pas bien épais non plus. Décidément, les gardes n’avaient pas beaucoup de chance ce jour-là... L’inconnu prit alors la parole, de sa douce voix chantante :
- J'aurais peut-être dû retenir mon convoi ?
- « Nullement, un seul garde me suffira amplement... Après, qu’il y en ai trois ne change pas grand-chose, s’ils tiennent à leur vie, ils n’auront qu’à courir le plus vite possible... »

Je me transformais alors à nouveau, sous cette forme, je pouvais aller bien plus vite que n’importe quel humain. Je sautais sur celui le plus près de moi qui étais resté médusé bêtement. Tant pis, il m’offrirait un bon repas. Je le faisais tomber avant de le coincer sous moi. Ma gueule s’enfouit dans le cou de cette victime et lui ôtais la vie en même temps que je commençais mon repas... Je lui "retirais" ses vêtements à l'aide de mes griffes et dents avant de commencer mon festin bien mérité sans toutefois ignorer « l’ange » qui me faisait face. C'était un véritable délice, la viande encore chaude fondait dans ma machoire et je gobais plus que ne machais cette nourriture divine... Une fois mon repas fini, je me débarbouillais rapidement le visage à coup de langue et reprenait forme humaine.

- «Bonjour sinon, je ne me suis pas présenté, je m’appelle Kyuusei. Je m’excuse d’avoir du t’infliger ce spectacle mais j’étais trop peu nourri dans le laboratoire, je n’avais pas d’autre choix... »
Je lui tendais respectueusement la main en signe de salutation... Allez savoir pourquoi, cet être de lumière m'inspirait confiance. Au point de gacher la moitié d'un repas... Enfin, ce n'était pas tellement gaché, mais je ne le finissais tout de même pas

* Courir le plus vite possible... Ce ne sont que des hommes, qu'ils courent donc, ca ne suffira pas...*
En effet, la transformation de l'inconnu lui donna vite raison. Ce stupide garde n'eût pas le temps de comprendre qu'il était mort, tant pis pour lui, ou plutôt tant mieux... Kit l'observait pendant son repas. C'était donc bien un carnivore, un prédateur, non une proie. Il le laissait faire, retenant sans peine une expression de dégoût ; l'Ange ne se sentait plus l'envie de manger de la viande, encore moins crue, lorsque la victime était encore vivante (certes pas longtemps). En même temps, il comprennait bien ce qu'était la faim, et puisque c'était son régime alimentaire, il ne pouvait le blâmer.

- «Bonjour sinon, je ne me suis pas présenté, je m’appelle Kyuusei. Je m’excuse d’avoir du t’infliger ce spectacle mais j’étais trop peu nourri dans le laboratoire, je n’avais pas d’autre choix... »

- Kitsune. Pas besoin d'excuses, je comprends, et la faim semble te déranger plus encore que moi.

Il lui serra la main, après une brève hésitation - mais sa main semblait assez propre pour qu'il ne souille pas son gant - puis rangea son coutelas ; il n'en aurait sûrement pas besoin, le dénommé Kyuusei semblait préferer les gardes... Il jeta un oeil au cadavre, et reprit :

- Tu devrais peut-être finir ton repas, il ne faudrait pas gâcher. Et si ca ne te dérange pas, j'irais chercher une petite collation, plus... naturelle. Leurs casse-croûte ne m'ont pas suffit, non plus. Si les vêtements te gênent, il ressortit son couteau et lui tendit, tenant la lame, présentant le manche, utilise ceci.

Joignant le geste à la parole, il vérifia aux alentours, trouva un arbre fruitier - des pommes peut-être ? Ou des poires ? - et s'y dirigea.

Si les vêtements me gênent ? Il doit avoir des problèmes par rapport à la netteté de sa vision. Je n'ai pas besoin d'un quelconque couteau... Au moins, je peux finir mon repas tranquillement. C'est toujours mieux que rien.
- "Ho, ne t'inquiète pas pour cela, je n'ai pas besoin de ton coutelas, j'ai tout ce qu'il faut avec moi regarde."
Je tendais la main devant ces yeux et la transformais temporairement en patte de loup, les griffes luisaient faiblement au soleil tandis que j'adressais un sourire à la personne qui me faisait face.
- "Garde donc ton arme. De plus, je ne me suis jamais très bien entendu avec les armes blanches, je préfère nettement un canon et des balles que la garde et le tranchant d'une épée. Enfin, ce n'est que mon avis sur la chose ensuite. Et en dernier recours j'ai d'autres armes..."
Je lui souriais à nouveaux, transformant mes canines supérieures en crocs acérés me faisant plus ressembler à un vampire qu'au lycanthrope que j'étais sensé être... Je finissais de me transformer et retournais aux cotés de mon cadavre afin de finir mon repas qui avait déjà perdu de sa chaleur et de son goût. Il vaudrait que je trouve un petit ruisseau ou un truc dans le genre pour nettoyer mon pelage, l'odeur du sang finit par empester à un certain moment et je déteste ça... M'enfin... Il y a bien des choses que je déteste...

- "N'empêche, tu es bizarre comme renard, c'est la première fois que j'en croise un tout de blanc vêtu avec des ailes... J'aime pas les ailes en plus, les plumes restent coincées entre les dents et il y a tout un tas d'os partout... Pas bien nourrissant en tout cas. Autrement dit, je ne risque pas de te manger, il y a encore deux gardes que je pourrais traquer si la faim me tenaille à nouveau..."
J'avais fini mon repas et repris ma forme humaine en retournant au coté du "renard". Je lui adressais un nouveau sourire mi-figue mi-raisin, ou plutôt mi-amusé mi-carnassier...
- "Vous avez prévu que faire quelque chose à présent ?"

Le dénommé Kyuusei avait réagi tel qu'il l'esperait, en lui faisant la démonstration de ses griffes, de ses crocs même. Ainsi, il pouvait se transformer à volonté, et surtout selon son désir, certaines parties du corps seulement. Cela devait lui conférer une grande polyvalence, un prédateur formidable pouvant s'adapter très facilement...

- Tu ne sais pas ce que tu perds, une bonne lame est bien plus fiable qu'un canon. Enfin, tu gères, chacun sa peau, chacun sa facon de faire.

L'ange rangea son couteau, et pendant que le loup finissait son repas, il prit quelques fruits sur l'arbre, puis les mangea le temps de revenir vers lui. Son portrait en terme de nutrition le fit sourire.

- Avant de gouter un ange, il faut d'abord le tuer. Je ne compte pas servir de repas au premier venu. Mais le fait que je ne sois pas un repas potentiel pour toi peut être un compliment, je n'ai pas non plus déjà envie de me battre. Pourquoi se fatiguer inutilement... Et j'ai aussi d'autres armes, je ne suis pas un piaf inoffensif.

Pour appuyer son argumentation, il créa une sorte de flash lumineux, assez puissant pour l'éblouir sans pour autant risquer de lui ôter la vue, même de manière passagère. Cela ne lui fit rien, à l'ange, la lumière était son allie, elle ne se retournerait pas contre lui...

- J'ai pas forcé, je pense que tu as besoin de voir. Pour te répondre, il serait rusé de partir en reconnaissance du terrain alentour. On peut former un binôme ? Tes armes à feu peuvent être utiles en cas de pépin. Quand à moi, je peux t'aider depuis les airs.

Sans attendre de réponse, il se mit à battre des ailes, dos à lui. Kit estimait pouvoir lui faire un minimum confiance, du moins il ne se retournerait pas contre lui même s'il déclinait sa proposition.

- "Mouais... Je fais pas confiance aux lames... Si je veux découper quelues choses, j'ai de quoi faire sur moi maintenant. Et les armes à feu donne bien souvent l'initiative dans un combat. Tendre le bras serra toujours plus long que de fléchir l'index d'après moi. Le seul problème des armes en générale c'est qu'il faut viser un point sensible tel que le coeur... Ce qui est souvent le meilleur à manger... La cervelle malgré la répugnance que cela peut créer chez un humain est assez bonne aussi mais bon..."

J'avais à peine finit la phrase qu'il ne se disait pas totalement désarmé, je n'en doutais déjà pas, encore moins lorsque qu'un flash lumineux apparu de nulle part...
*Mais il est con où quoi ce mec ?! Il sait pas que les loups ont la rétine fragile, va falloir lui faire un cours sur les animaux à cet abruti!*
- "Merde, t'es plus une buse qu'un renard toi"
Je secouais vigoureusement la gueule afin de me débarasser de la sensation douloureuse. Et j'avais été assez bête de mon coté pour essayer de lui parler sous ma forme animale... Il ne devait rien avoir compris à mes hurlements, tant mieux, je ne pense pas que l'allusion à la buse lui aurait plut... Mais bizarrement, j'avais l'impression d'avoir parlé normalement, ce qui n'est pas approprié ni à ma forme ni à ma machoire... Je reprenais forme humaine:
- "Encore heureux que tu n'es pas forcé oui... J'ai encore les yeux qui me picotent... Et un peu que j'en ai besoin de ma vue... Inscris toi à l'armée, ils feront des économies sur les grenades aveuglantes et autres armes à la con..."
Nan mais alors lui...

Faire un binome avec ? Si c'est pour risquer de perdre la vue n'importe quand, non merci... Il est fou ce renard... Enfin, s'il reste dans les airs...
- "Je veux bien partir en reconnaissance mais reconnaissance de quoi ? Et puis, je ne pense pas que quiconque vienne si je prends ma forme animale... La plupart des animaux ont peur des loups, les fuis tout du moins... Les deux gardes ne risquent pas de nous approcher... On ne risque pas grand chose mais bon. Dis-moi ou tu veux aller et ce que tu cherche. Si je me souviens bien de ce que ces enflures du laboratoires ont dit, une ville se trouve au "centre" et l'entrée de l'ile est au nord, nord-est..."
J'ai encore faim moi, enfoiré de garde...

- Ni une buse, ni un renard mon cher. Un ange.

Il lui avait répondu avec un petit sourire, limite sadique. Au moins, il avait la preuve, "de ses yeux vu", qu'il n'avait pas qu'une simple dague.

- J'ai horreur qu'on me considère comme une proie potentielle. Et au contraire, j'adore exploiter les faiblesses. Fais gaffe à toi, la prochaine fois. Quand à l'armée, j'y songerais. Il doit y avoir pas mal de gens facilement manipulables, là-bas.

Considérant que le loup ne ferait plus l'erreur de le comparer à un oiseau, il décolla, tout en restant à quelques centimètres de hauteur seulement, pour poursuivre la discussion.

- Mon ami, si nous sommes tous deux dotés de pouvoirs assez impressionants, afin de pouvoir nous défendre, et que nous ne sommes certainement pas les coups d'essais de ces scientifiques, c'est qu'il doit exister bien d'autres créatures que même un loup affamé n'effraie pas. Pour ta propre survie, tu ferais bien de ne pas sous-estimer ton environnement. Les gardes ne sont que des pions, de la chair à canon. Quand à la ville, je ne sais pas trop si nous devrions déjà nous mêler aux autres, étant nouveaux ici. Tu n'en sais pas plus ? Je vais voir ce que les airs m'apprenent, attends ici.

Il prit son envol juste après. Une sorte de dôme se trouvait encore un peu plus haut, mais ca ne l'interessait pas. Il fit quelques rondes, mais le coin avait l'air désert. En effet, on entrait ici, ce n'était pas le bon coin pour s'installer... Mit à part quelques arbres fruitiers, le coin était globalement désert. Le relief changeait rapidement, ou alors sa vue était devenue particulièrement bonne. Certains chemins semblaient s'orienter vers un coin spécifique, peut-être le chemin de la ville...
En se posant, il lui expliqua brièvement.

-On reste pas là de toute facon. Des chemins semblent mener à la ville, ou un autre coin fréquenté. Le décor change pas mal, reste à savoir quel coin tu préfères. J'ai pas vu de forme de vie spéciale, quelques mouvements, peut-être le vent, peut-être pas. On fait quoi ?

Tu parles d'un ange toi... À part la couleur blanche et ses ailes il n'a rien en rapport avec eux, des messagers de dieux... Ils sont sensés être bon, il me parle de gens facilement manipulable et exploitage de faiblesse... S'il n'aime pas être considéré comme une proie, il n'est pas au bon endroit. Comme il l'a dit, il y a des gens tout aussi dangereux si ce n'est plus dangereux que nous ici, il sera toujours la proie de quelqu'un... Pour moi tu as des ailes, tu es un oiseau, tu n'as rien en rapport avec les anges. Ta voix et tes intonations sont trompeuses...

- "Tu peux parler, tu n'as que l'aspect de l'ange, et à bien y réfléchir, tu n'es pas une buse, plutôt un corbeau essayant de se faire passer pour une hirondelle... Mais je t'ai déjà dit que je ne mangeais pas les oiseaux donc tu n'es pas ma proie... Mais celle d'un autre..."
En tout cas, j'ai confirmation que je peux parler, même sous ma forme animale, tant mieux. Ce sera plus simple pour moins, même si je déteste ce pelage. Après tout, je n'ai pas besoin de le cacher, il l'a déjà vu... J'en profitais donc pour redevenir le loup...

Et je dois l'attendre pendant qu'il va inspecter la zone en plus... Boulet, avec mon odorat on en serait venu à peu près aux mêmes conclusions sans aucun problème enfin, s'il aime perdre du temps à se promener dans les airs comme un petit n'oiseau, pas de problème, autant m'y faire... Je me demande combien de temps nous resterons ensemble seulement... Je commençais à faire une toilette rapide de ma personne, au moins retirer une partie du sang qui était encore sur mon corps, attendant patiemment mon "oiseau de compagnie"...
- "Nan, aucune forme de vie aux alentours... Plusieurs explications, trop fréquenté, l'odeur du sang et de décomposition et pas beaucoup de ressource... Sinon pour aller à la ville c'est le chemin le plus puant, celui qui descend lentement dans cette direction, je la lui indiquais du bout du museau. Et on doit y aller au moins pour savoir ce qu'il se passe véritablement ici et savoir où l'on peut vivre..."

Tu parles d'une utilité ce mec... Il me demande ce que l'on fait, il n'a pas de volonté propre ou quoi ? Je ne sais pas, avance et tu verras bien si je te suis, c'est ce que j'aurais fait moi mais... Tant pis, je prends la tête petit oiseau... Je me demande si les "anges" ont bon goût... J'entamais donc le voyage menant à la ville...

- Ne me prends pas pour un de ces êtres de rêve, un de ces êtres du bien. Je n'ai pas grand chose de commun avec eux, sinon l'apprence. Je l'ai compris dès que j'ai parlé au garde. Les anges, messagers de Dieu ne se promènent pas avec une arme, et ne sont pas bloqués dans une île-cage. Quand à mes prédateurs, je les attends.
Ensuite, si tu veux aller en ville, tu iras seul. Ton odorat te permet sûrement de savoir qu'il y a des plaines, des montagnes même plus loin ? C'est là où je vais. La ville ne m'interesse pas, pas plus que des informations que l'on peut avoir soi-même, comme un grand. Si tu cherches une niche, je suis sûr qu'on tu en trouveras là-bas. Mais ton odorat si délicat risque d'être un inconvénient, si tu hais la puanteur.

Définitivement, le loup aurait à se calmer rapidement si leur partenariat devait voir le jour. Kit aussi, certes. Il ne bénéficiait pas d'un bon odorat, et devait compter sur ses ailes, plutôt que sur Kyuusei. Chacun ses spécialités... Au moins, en cas de conflit, il avait l'avantage de la lumière, même s'il n'y tenait pas particulièrement. Cela n'était pas nécessaire de faire couler le sang, autant éviter. Mais les deux forts de caractères, ca risquait de faire du grabuge...

- Prends le chemin qu'il te plaira. Je te pense aussi rapide sur quatre pattes que moi dans les airs.

Joignant le geste à la parole, il repartit dans les airs, à quelques mètres de hauteur, puis tracant vers les plaines sans se préoccuper du chemin au sol.
Si le loup allait en ville, il ne perdrait pas grand-chose. S'il le suivait, il aurait un allié, peut-être pas soumis, mais qui se serait plié à son envie. La ville ne le tentait pas, pas du tout. Il avait besoin de solitude plus que d'être perdu dans une foule qui serait sûrement remplie de créatures diverses et variées, fruits des travaux de scientifiques à moitié timbrés...

Tout le plaisir de te laisser vaguer à tes propres occupations sera pour moi petit oiseau, ne t’inquiète pas pour ça va... Je suis sur que tu n’as pas de goût en plus. Et puis, des ailes... La pire que choses que tu pouvais avoir d’après moi. Je déteste les oiseaux... En plus, tu es totalement blanc toi, je déteste ça. Tu ne pourrais pas être de la couleur de ton vrai visage ? Noir, totalement noir. Au moins j’échapperais à ce rappel aux scientifiques totalement timbré... M’enfin, tu peux bien te barrer dans les montagnes, je passe en ville avant. Peut-être auras-tu l’honneur de me recroiser...

- «Ne parles pas trop vite l’oiseau je te prie, quand bien même j’irais à la recherche d’une niche, de ton coté, tu pars à la recherche d’un pigeonnier, je ne pense pas que ce soit beaucoup mieux. Loin de moi l’idée de vous vexer bien sur. Enfin, nos chemins se recroiseront surement. Je suis un loup des neiges à l’origine, le sommet des montagnes pourrait me convenir... Mais en humain je m’adapte très bien à la ville... La capacité d’adaptation humaine est extraordinaire...»

Allez, c’est partit. J’ai des petits gardes à retrouver, au moins un, je m’en voudrais de gâcher ces mets délicats... Enfin bon, l’oiseau était déjà loin à présent, tant mieux après tout. De mon coté, je n’avais plus qu’à me trouver un garde et ensuite finir par un passage dans une rivière quelconque afin de me nettoyer et tout sera parfait. Une fois en ville je me renseignerais sur les façons de vivre ici bas et ce sera partie pour une nouvelle vie. Une auberge en montagne pourrait être jolie mais personne ne prendra la peine de venir de toute façon... Mais bon, j’y serais bien de mon coté, c’est le plus important...

C’est partie, direction plein sud!!! Le garde le plus proche est là-bas, je récupérerais le trajet pour la ville ensuite... Marre de cette odeur de sang... désagréable...