Yoshida Hideki, préambule

De tous temps, l'être humain a ressenti le besoin de croire. Des croyances qui se veulent protectrices ont donc vu le jour, souvent instaurées par les puissants. Ainsi naquirent donc les Dieux, qu'ils soient incarnés ou non. Mais à quoi sert une entité protectrice sans messagers, sans menaces, surtout? A l'instar des Dieux, les hommes créèrent donc des créatures fantastiques, d'une beauté à couper le souffle ou d'une laideur nauséeuse, selon leur fonctions et leurs pouvoir, dont le rôle était, bien sûr évident. Des légendes virent le jour, de grandes chasses aux sorcières furent organisées, des bénédictions, des sorts, des contresorts, des malédictions furent jetés. Des traditions sont nées, rendant, malgré les apparences, chaque jour les hommes un peu plus croyants.
Comment les religions, les sectes, même, pourraient-elles exister sans ces croyances? Comment tant de pages auraient pu être noircies si elles ne suscitaient pas cette crainte de voir un jour surgir en face de soi une créature à l'apparence et aux capacités surnaturelles? L'être humain croit, c'est écrit dans ses moeurs si profondément ancrées en lui qu'il lui est impossible de s'en détacher.
Mais qui, de nos jours, à une ère où la science est le pivot de chaque chose, a pu prouver l'existence de ne serait-ce qu'une seule, la moindre de ces créatures? Les témoignages recceuillis sont discordants, manquent de clarté, les récits changent au fil du temps et selon les personnes qui les écoutent. Comment peut-on fonder une connaissance là-dessus? Il y a, bien sûr, les images. Celles-ci, quand elles ne sont pas de malhabiles montages photo, sont floues, prises à contrejour; àtravers le brouillard ou toutes sortes d'intempéries qui empêchent de voir clairement le sujet photographié. Il y a aussi les sons, perçus au coeur de la nuit, et parfois même en plein jour. Les râles inquiétants, les grincements qui glacent le sang... Mais à cela encore, des tonnes d'explications rationnelles s'opposent.
Vraiment, je pense que le seul moyen de convaincre un esprit tel que le mien, un esprit scientifique, formé des années durant à l'objectivité, à la recherche, un esprit qui sait faire la part des choses, dinstinguer croyance de connaissance, de l'existences des créatures surnaturelles, serait de lui permettre d'en observer, d'en disséquer, et, pourquoi pas, d'en créer.
Peut-être va-t-o prendre ce carnet de bord pour celui d'un fou; peut-être vais-je être condamné au même sort que les sujets de mes expériences... Mais la connaissance est faite pour être partagée, et j'ai la ferme conviction de tenir là une formidable découverte. Je connais les risques auxquel je m'expose, je suis prêt à les courir, à endurer le sort de ces sujets, un sort pire que la mort. A présent, seuls trois mots résonnent dans ma tête: "Pour la science!"