Un loup dans la bergerie... (Pv: Rein)

Il n'y avait pas à dire, cet oiseau était vraiment insupportable, et puis, totalement blanc lui aussi, je suis sur qu'il n'était pas comestible de toute façon... Le simple fait de penser à tous ses os, ses ailes, sa chair maigre qu'il aurait fallu mastiquer des heures, il valait mieux le laisser vivant... Si ça se trouve, il aura une utilité d'ici peu de temps, ce serait formidable non ? Enfin, après cette rencontre je m'étais donc mis en route pour le ville, m'arrêtant le long d'un cours d'eau, tout en gardant ma forme animal afin de me plonger dedans et d'en ressortir certes trempé mais aussi débarrassé de toutes les odeurs et traces de sang qui me suivaient. De plus si quiconque comptait me poursuivre avec le cours d'eau entre nous, cela retarderait sa chasse... Mais il faudrait être fou pour vouloir me traquer, même sur cette ile. Ainsi je repris la direction du sud sud-ouest ne tardant pas à arriver au niveau de vertes collines, au loin je pouvais distinguer la ville, cela me dégoutait mais je devrais bien y aller un jour de toute façon. Les montagnes, si je vais rejoindre l'autre emplumé, peuvent attendre. C'est pour cela que je me promenais tranquillement, me roulant de ci de là dans l'herbe, donnant la chasse à un petit lièvre à un moment aussi. Je le laissais finalement s'échapper, je n'avais pas très faim et il m'avait bien amusé, que demander de plus ? Les effluves venant de la cité était de plus en plus forte et d'ailleurs, une odeur se détachait du reste, fraiche, douce et apaisante, elle était beaucoup plus proche que la ville, je n'aurais su dire si elle était à seulement quelques pas ou à mi-chemin avec la monstruosité qui me faisait face. En tout cas, elle s'approchait ou alors je m'en approchais... Les deux sont possibles là aussi... Ma curiosité était piquée au vif, comment résister à cet appel alléchant et irrésistible ?

À la manière d'un loup en train de chasser, je me ramassais sur moi-même afin de devenir le plus silencieux possible, le moins visible possible, le plus discret possible et je m'en approchais à pas de loup comme le dit le dicton. J'arrivais alors en haut d'une des collines, j'espérais ne pas me faire remarquer, dans cette position, la plupart des personnes s'enfuiraient en me voyant et malgré tout ce n'était pas mon but, je voulais juste me renseigner sur ce qu'était cette chose, à qui appartenait cette odeur si entêtante... Une brise légère portait cette odeur jusque mes narines, cette même brise caressait avec délice mon pelage tandis que le soleil le séchait paresseusement, on aurait pu se croire dans un paysage de vacance presque... Mais les vacances ici n'étaient pas de tout repos, loin de là même... L'herbe se pliait bien volontiers sous ce vent doux. D'ailleurs, l'herbe n'était pas assez haute à mon gout, comment se camoufler avec de l'herbe arrivant à hauteur de genou et un pelage blanc ? Mon scientifique m'a tellement mal pensé... Si je le retrouve je lui donnerais des cours. Ce devrait être interdit... C'est alors qu'une sensation coupa court à mes préoccupations, la présence était là, toute proche, sur la colline juste en face, me surplombant légèrement moi qui était descendu lentement...

Voila un moment, quelques jours que je suis partie. Repensant à eux, je sentais que ça allait mais je n’avais pas plus de détails les concernant, tout comme ils ignoraient si j’allais bien ou non. J’avais plus ou moins laissé de mon aura, formant un lien pour m’informer. Je savais aussi que Seishin pouvait sentir ce genre de chose et qu’il ne lui serait pas difficile de voir si je venais à disparaitre. Ça avait un coté rassurant. Mais je vivais difficilement cette solitude, soit j’allais m’y faire et finir par l’apprécier, une certaine force temporaire et éphémère me guidant, mais je finirai par signer mon propre arrêt de mort à vouloir rester seule. Ne pouvant me résoudre à aller chez quelqu’un car je m’y sentirai point à ma place, je me laisserai alors mourir. Soit comme actuellement je voyais mes forces diminuées sans pouvoir y changer quelque chose, surtout que ça fait longtemps, trop même, étonnement que je puise dans mon sein pour tenir. Enfin, j’avais élaboré toute une stratégie pour m’économiser et remplir à bien cette mission qui me fut confié. Je suivais plus ou moins un fil qui m’avait conduit à l’étang, mais surement trop tard, j’avais repris la route, pour finalement tomber sur ces grandes, et verdoyantes collines. Un endroit paisible, que beaucoup aimerait et définirait surement comme agréable.

Je m’y étais attardée, vraiment longuement, m’allongeant dans l’herbe, je m’étais endormie. Il fallait bien que je me ressource d’une façon ou d’une autre. En veille, j’avais tout de même conscience de ce qui m’entourait et après quelques heures, je sentais une présence. On s’approchait de moi. Aussitôt je me levais, allant au sommet d’une des collines pour avoir une vue avantageuse. Une main sur le cœur à mon arrivée, je tombais presque nez à nez avec un loup, blanc. Je me figeais devant l’animal. Le vent balaya mes cheveux attachés en queue de cheval haute, ma frange. Mon visage tout comme mon corps bien à découvert, mon manteau étant resté au pied, là où je m’étais assoupie. Un haut simple de même couleur que son pelage, à manches longues, qui me collait à la peau, tout comme ce jean qui serrait mes courbes, usé, abimé, troué. J’aurais pu ressembler à n’importe quelle jeune humaine. Si ce n’était mon regard le surplombant. Je fermais d’ailleurs les yeux, me concentrant, que je venais à l’observer à nouveau, mon attention sur la bête, j’ajoutais doucement :

" Lycanthrope…"

Je faisais un premier pas, le soutenant du regard, un second pour me mettre à sa hauteur, moi qui me trouvais un peu en élévation par rapport à lui il y a quelques secondes. Restant sur mes gardes mais ça, c’était comme toujours, j’attendais, me stoppant…

Ma fierté venait de s'en prendre un léger coup. Il est vrai que je n'avais pas énormément d'expérience dans l'art de la chasse et de la dissimulation pour loup mais j'aurais très bien pu sautiller et hurler à la mort que ça n'aurait rien changé, une rhinocéros de mauvais humeur aurait été tout aussi facilement perçu que je l'avais été si ce n'est moins... La poisse. En tout cas, garder mes positions aurait été inutile et je me relevais donc, s'il est possible d'utiliser le terme relever pour un loup bien sur. La jeune femme, puisque que cette présence était en fait une jeune (et belle) femme, était en train de me rejoindre, elle n'avait pas l'air spécialement surprise de rencontrer un loup de ma taille et mieux encore lorsque j'entendis sa voix pour le première fois, elle m'appelait déjà lycanthrope... Déjà un point niveau sociabilité, les conversations mondaines ne sont peut-être pas son fort après tout. Je ne sais pas mais puisqu'elle sait ce que je suis, un "bonjour" ou autre truc dans le même genre aurait été plus attendu que ce mot là... Quand j'ai rencontré le renard, j'ai pas commencé la conversation par "Zozio" [Oiseau en bon français]... Enfin bref, autant lui rendre la politesse du mieux que je le peux.
- "Humaine... Ou inhumaine..."
Je rajoutais ce "ou inhumaine" du fait que, cette jeune femme possédant toutes les caractéristiques de l'être humain, avait quelque chose de spéciale. Elle avait bien deux pieds, cinq orteils à chaque pied, deux genoux, deux jambes, deux mains, cinq doigts à chaque main, deux coudes, deux bras, une poitrine plus développée que chez ses congénères de l'autre sexe, une bouche, un nez, deux narines, deux oreilles et aussi deux yeux (je précise juste que cette liste n'est pas exhaustive, loin de là ^^). Enfin, donc elle avait bien tout ceci mais ses yeux n'étaient pas totalement humains pour autant. Pour commencer, son regard était vairon et pour finir, ce que je qualifie d'œil depuis tout à l'heure n'en sont pas à proprement parler puisque ce sont des pierres... Surement précieuse, je n'en suis pas sur... Enfin, un humain normale ne se pose pas des pierres à la place des yeux et continue à voir parfaitement bien. Je dis ça puisqu'elle me fixe depuis le début... Enfin, je verrais bien tout cela...

Elle était maintenant à mon niveau, son odeur emplissait l'air autour de moi et m'enivrait d'une certaine façon car, à dire vrai, cette personne là avait une odeur tout à fait charmante, si je laissais parler mon coté loup, je dirais même appétissante enfin bref, je cherchais actuellement comment montrer autrement que par la parole que je n'avais aucune mauvaise intention à son égard tout en gardant ma forme de loup... Je crois que le simple fait de m'asseoir devrait suffire, après tout, on ne peut pas mal interpréter ce genre d'action ou alors dans tous les cas possibles elle ne le prendrait pas pour un acte malveillant... Bon, reprenons, enfin, commençons une discussion plutôt, tant qu'à faire, elle pourrait surement me renseigner avec plus de détail sur ce lieu. Ainsi, tout en m'asseyant commençais-je à parler:
- "Veuillez accepter mes salutations les plus sincères madame, j'inclinais légèrement la tête afin d'appuyer mes dires avant de reprendre, votre présence en ces lieux est pour le moins étonnante, loin de moi était l'idée que je pourrais croiser une demoiselle aussi charmante et élégante que vous dans ces collines... Mais, sans vouloir vous indisposer, loin de là, ni même vous paraitre indiscret, étant donné que vous avez déjà pris connaissance de ce que je suis, me feriez-vous l'honneur de me dire ce que vous êtes vous... Jusqu'à présent, je n'ai encore jamais croisé un humain avec une odeur telle que la votre, ni même ce qui vous sert d'œil.. Bien sur, vous n'êtes en aucun cas obligée de répondre à ma question, je m'en voudrais horriblement d'avoir à vous forcer la main..."