Deux départ pour le prix d'un...

Je restais immobile, le suivant du regard quand il allait pour se changer. Je me regardais, lors d’un instant, je n’allais pas l’observer se vêtir de toute façon. Je remarquais que je n’avais que ce piètre juste-au-corps noir dans lequel j’avais épongé mes mains ensanglantées. Bien sur je m’en contentais et je crois que cela ne me dérangeait pas de n’avoir que ça. Et mon cher manteau, que je ne quittais jamais. Il était toujours à porter de main, quand il ne couvrait pas mes courbes. Là encore, il était soigneusement rangé dans l’habitacle avant de la camionnette. Mes yeux ondulant sur mes jambes, amochées tout de même, il est vrai que ce n’était pas bien raisonnable de les laisser dans cet état. Je soupirais doucement, je ne pouvais plus refuser, de plus que ça commençait à me faire du mal. Je n’étais pas en sucre mais je n’étais pas non plus insensible à la douleur physique. Moins sensible qu’un humain, mais quand même. Une faiblesse, mais qu’importe. Je haussais vaguement les épaules, me soigner donc. Mes yeux recroisaient les siens, tandis qu’il se proposait. Devais-je accepter ? Je ne sais pas trop. Allais-je supporter un lien physique de lui à moi. Et même cela ne le dérangeait-il pas…

A croire que non… J’allais me mettre sur le siège avant, coté passager, tendant mes jambes vers lui pour lui en faciliter l’accès. J’inspirais longuement, me préparant, je me demandais si j’allais avoir mal encore, si ça allait piquer ou autre sensation, dont mon corps en était réactif. Jamais ma peau fut ainsi souillée par une telle négligence, une grande première donc. J’étais une poupée alors imaginez si je venais à être cassée, je finirais seule, désaimée de tout et tous, entrainant ainsi ma perte, ma mort. Je tournais la tête, n’osais guère le regarder, j’ajoutais :

" Bien, vous pouvez me soigner alors. Mais si cela vous est trop difficile, je m’en chargerais après. "

Quelque chose me venait en tête, prêtant attention à chacun de ses mots. Retourner en ville, pour trouver un toit. Mon regard perdant encore de l’éclat, comme se délavant de tout, je me forçais à utiliser mes pouvoirs, mes dons allaient me distraire, et je ferais ainsi moins attention à son toucher. Autant faire d’une pierre deux coups, je lui demandais :

" Quels sont vos critères pour le logement, mis à part que l’habitation doit être un peu éloigné de l’euphorie de la ville ? "

J'attendais sagement, ressemblant les informations que j'avais déjà en ma possession.

Mon visage restait fermé, alors quoi, vous vous attendiez vraiment à ce que mes traits se courbent à cause de cette sensation qui prenait mes jambes ? Non, bien évidement, je le regardais faire, mes jambes au début tremblante n’avaient pas du lui faciliter la tache et plus d’une fois, je me retenais de les enlever. Sans rien montrer, je faisais comme si cela m’était indifférent. Or c’était tout le contraire. Un Shuei de nature a du mal avec le contact physique, ça passe avec le temps, les présences, quand il vient à se faire à la personne surtout. De lui à un autre c’est le plus facile à accepter. D’un autre à lui, il sera plus réticent. Je ne sais pas, si je pouvais le considérer comme étant mon nouveau maitre. Tant qu’il ne créera pas ce lien, je ne pourrais rien affirmer. Je n’ai jamais connu mon créateur, tout du moins de façon officielle, il ne m’avait jamais touché concrètement après ma dite naissance. Andrei lui, l’avait déjà fait mais c’est Octavie qui avait le plus le sens du contact. Par sa nature de dame surement, je ne saurais dire. Elle me disait bien souvent en caressant le haut de ma tête, ses doigts dans ma chevelure blonde, que l’homme ne pouvait pas se passer du charnel et qu’il aimait avoir une peau ne serait-ce qu’à frôler. Cela lui serait alors agréable, je me le demandais. Il y avait quelque chose de plaisant à ça ? Possible, je l’ignorais. J’écoutais ce qu’il me disait et je retournais à ma place, celle du conducteur. J'acquiesçais simplement :

" Bien. "

Nous retournions alors dans la ville, avant de démarrer la camionnette, je remettais mon manteau, m’emmitouflant à l’intérieur. Mes mains à nouveau sur le volant, nous roulions alors, en direction de la ville. Chemin inverse, donc, nous n’en étions pas si éloignés. Rapidement elle se dessinait devant nous, au loin. Je n’aimais pas trop cela, je préférais être à la nature, mais je comprenais ces besoins, il ne pouvait pas se résoudre à vivre ainsi. Tout en conduisant, je gardais dans un coin de ma tête, le fait de trouver un toit en premier temps, comme ça, il en serait satisfait. J’allais ainsi pouvoir me protéger et me cloitrer entre ces murs. J’avais une baisse soudaine d’énergie. Etrange, peut être que c’était l’effet puissant de la ville et de ces habitants ayant des pouvoirs qui agissaient sur moi. Des images détachées et parfois sans rapports m’assaillaient. Je restais concentré malgré cela mais plus nous nous rapprochions plus c’était intense. Et petit à petit, alors que nous arrivions dans une quelque conque rue, ça se dissipait. Je restais sur mes gardes, redoublant de vigilance. Nous y étions enfin. Je m’arrêtais à nouveau, ne sachant pas encore ce qu’il avait prévu au programme. J’ajoutais, pour le découvrir :

" Et maintenant ? "

J’attendais, mes yeux allant sur mes jambes enroulées de pansements, c’était curieux et assez perturbant de les voir ainsi. Pas très joli… Surtout qu’à certain endroit le sang venait tacher la bande. Je soupirais une énième fois, je savais combien de temps j’allais devoir les porter pour cicatriser totalement les blessures, il y avait pire comme délai mais quand même. Je tournais la tête vers lui, patientant en vue d’une réponse.

Je regardais mes jambes, faisant tantôt un pas sur le coté droit, puis mon mollet gauche se rapprochait de l’autre, je ne comprends que vaguement ce qui m’arrivait. J’étais descendue du véhicule, j’avais besoin de me retrouver un peu seule. Un shuei est loin d’incarner la perfection et j’avais bon nombre d’erreur en mon sein. Certains s’en rapprochaient surement, moi pas. Je fronçais alors les sourcils, ne parvenant pas à me concentrer. Je serrais fortement mon manteau, mes mains contre ma poitrine, j’inspirais ce qu’il en émanait. Fermant les yeux, je levais ensuite la tête vers les cieux, trouver la force. Ma capuche tombait sur mes épaules, libérant ma chevelure blonde, c’est de façon mécanique que j’ouvrais à nouveau les yeux. Je battais des cils, puis je soupirais doucement en me dirigeant à nouveau vers la camionnette. Le temps de remettre la capuche, je jetais un dernier coup d’œil derrière moi. Avant de regarder mes mains, le dos puis la paume de ces dernières. Prenais-je conscience de ma faiblesse passagère ? Étrangement, je pouvais répondre que oui. En ignorer la cause, me mettait en danger. Je remontais à ma place et en silence, le regard droit vers la route, je redémarrais le véhicule en direction du logement que je lui avais trouvé. C’était non loin mais un peu en retrait.

Une bâtisse, un peu moderne mais discrète. Je me garais correctement puis je sortais pour aller prendre contact avec les lieux. Je posais ma joue contre la porte. L’habitat était meublé, spacieux etc…Il y avait tout pour le confort d’un humain, il y avait tout pour le confort du scientifique, critère de ses gouts et de ce qu’il aimait là encore, je me servais de ce que j’avais emmagasiné comme informations. Je m’assurais surtout que personne ne viendrait le déranger. La vie de ces murs en moi, je pouvais affirmer qu’il n’avait plus rien à craindre. Sans décrocher un mot, j’ouvrais la porte, de façon brutale, chose qui pouvait surprendre à en voir ma faible corpulence et pourtant. Les apparences sont trompeuses. Je me mouvais jusqu’au coffre pour prendre ce qui s’y trouvait, les rapportant et rangeant à l’intérieur. J’exécutais sans même me préoccuper de l’homme encore assis sur son siège passager. Je me souvenais de ces mots et j’allais à sa rencontre, pour lui dire :

" Je pars, chercher votre canne, même si vous n’en avez pas réellement besoin, on dit que les humains aiment les choses futiles. En attendant, vous devriez vous reposer. "

Sans attendre une quelque conque réaction, je lui tournais le dos et je marchais selon les lignes que j’avais tracées. Tête baissée, j'entrais dans un état particulier, je devais m'isoler, excellent prétexte que j'avais trouver donc, j'allais prendre les rues les plus désertiques et j'avais déjà choisi où j'irais, un endroit peu foulé évidement. Je faisais un large mouvement des épaules, me demandant si j'avais vraiment ma place ici, un sentiment singulier et de moins en moins inconnu me prenant les entrailles quand je repensais à mes maitres précédents...

" Je commence à croire que vous avez plus effleuré mon dossier que lu. "

Je baisais encore plus la tête vers le bas, mes yeux se rivant sur le sol. Puis je me tournais vers lui qu’à demi, sur le coté, il pouvait m’observer de profil, je faisais un signe de tête, poussant ma frange, laissant tomber la capuche, pour lui montrer, mon visage de marbre, de porcelaine. Mes traits indifférents, aucunes, aucuns, émotions ni sentiments. Je plongeais mon regard dans le sien, de façon peu rassurante. Puis il glissait sur la camionnette qui fut martelé, la marque de ses doigts se dessinait à présent. Je mettais les mains dans mes grandes poches, et je reposais mon attention sur le scientifique. J’ajoutais à faible voix :

" Ne faites pas ce genre de geste devant un Shuei. "

J’aurais pu m’emporter facilement, vu mon état déplorable et frêle, je n’allais pas luter contre ce qui m’animait, soit une programmation bien précise pour une situation donnée. La frénésie. Je sentais quelque chose, une aura puissante, mais pour le moment absente. Une menace, un danger…Les images me revenaient et je me devais de les prendre en compte, analyser, faire ce que je savais le mieux mais pour ça, je devais être seule. De plus que le contact physique m’avait sacrement amoché. Par ma nature, j’y suis sensible, et quand un humain vient à oser frôler ma peau, cela peut avoir de graves conséquences, le passé l’avait plusieurs fois montré. Les Shueis, sont doux, dociles, poupées aux hommes, pantins dont on peut faire ce que l’on veut, ce que l’on désire. Être quasi parfait. Il se peut, que la violence prenne le dessus car l’amas de puissance, le malus des dons, est toujours présent. Aussi il est déjà arrivé que la folie, la convulsion, le brusque prenne une création du même type que moi et là…C’est le carnage. Il n’y a pas de juste milieu, c’est les extrêmes. Je pourrais lui ôter la vie malgré mes airs de jouet inoffensif. Je soupirais et je me rapprochais de lui :

" J’ai l’impression que vous avez tendance à oublier ce que je suis. Regardez-moi…"

Je levais la main vers le ciel, mes yeux allant sur mes doigts, mes ongles longs, sans quitter cette soit disant plastique plaisante du regard, je laissais dans un souffle :

" Je ne peux pas utiliser mon pouvoir sans une contrepartie. Je dois équilibrer. Et ça passe par cet état et si vous m’en empêcher, cela risque d’être problématique. Il ne me faut pas beaucoup de temps, je dois juste ordonner les informations et me mettre en veille à présent. "

Je regardais ces lèvres se mouver en prononçant le prénom d’Andreï. Je fermais les yeux, l’image du dossier qui venait dans mon esprit. L’original, une copie. L’officiel, ayant suivit mon créateur dans la mort, la seconde dans les mains d’Andreï, ce dernier était maintenant à se laisser choir dans le laboratoire principal supérieur. Il aurait très bien pu y avoir accès, maintenant que mes deux anciens maîtres furent défunts. Le scientifique aurait du prendre bien des risques et peut être qu’il ignorait que le document était aux mains de la haute hiérarchie maintenant. Bref, ce n’était pas bien important, même en ignorant les détails du papier sur ma personne, il connaissait les Shueis et leurs caractéristiques tout de même. Il devait bien s’en douter, je ne sais pas, c’était dans son corps de métier même s’il n’en avait jamais créée, aujourd’hui j’étais sous sa pseudo-tutelle. On me recherchait, une chose était sure, l’avenir représentant une menace pour moi. J’allais devoir redoubler d’effort si je voulais encore espérer exister. Je descellais encore dans son esprit l’envie de vouloir trouver en moi quelque chose d’humain à proprement dit. C’était en vain, il allait se fatiguer, il allait être déçu. Avant de partir et qu’il ne se réfugie à l’intérieur du bâtiment, j’ajoutais doucement en hochant négativement la tête :

" Non, je ne vous comprends pas. "

Il rentrait alors, et je pris la route. Repensant sans cesse à ses mots, les humains m’intrigueront toujours. Je m’assoyais sur un banc dans une ruelle sans vie. J’alignais à nouveau les informations et je gardais en mémoire le plan de la ville uniquement, et le type de canne. Me vidant ensuite, prenant une inspiration, c’était reposant. Je restais là, un moment, toute seule. Je n’étais pas encore habitué à lui, mais ce n’était qu’une question de temps. Cela ne me gênerait pas de rentrer dans ce processus de rétablissement. Mais en temps normal, j’étais établie pour dissimuler au plus haut point une tierce faiblesse, aussi minime soit-elle. Je me relevais et poursuivais ma route, achetant la canne qu’il désirait et rentrant après quelques minutes. J’ouvrais la porte et pénétrait dans la salle, la refermant ensuite derrière moi, je restais près de cette dernière avant d’aller poser l’objet… Je déposais aussi mon manteau dans un coin, restant en juste-au-corps à gesticuler un peu partout. Me familiarisant avec les lieux. Je devais paraitre un peu étrange, à me déplacer ainsi, m’attardant par moment sur certains objets.

Je ne me préoccupais de rien d’autre, il devait se reposer, cela lui ferait lui plus grand bien. J’ordonnais ce que nous avions acheté hier, comme toute bonne maitresse de maison l’aurait fait, comme Octavie l’aurait fait. Je m’imprégnais de mes souvenirs, de ses mouvements…

Créer un lien de cette importance n’était pas donné à n’importe qui. Les humains pensent toujours pouvoir tout faire en un claquement de doigt, que c’était aussi simple, aussi facile. Erreur fatale. Aussi il me contait sa vie, je n’osais pas l’interrompre, mais c’était une perte de temps, pour lui. Oubliait-il lors de cet instant, quel était l’énoncé de mon pouvoir et qu’un peu plus tôt il m’avait demandé de lire en lui. A croire que oui, je n’avais qu’à déclencher mon don, pour savoir tout ce que je désirais, le problème était, que je ne souhaitais rien. Je l’écoutais tout de même avec attention, triant ce que je connaissais, ce que j’avais survolé et ce qu’il considérait comme des détails importants à ses yeux. Je m’assoyais, la tête levée vers sa personne, mon regard se soutenant sur ses traits. De même que je cherchais vainement ces motivations à devenir mon maître. Rien ne se lisait sur mon visage et pourtant je ne le comprenais pas. J’avais une première attache, celle de mon créateur, comme une ligature naturelle entre son père et sa fille. Il fut brisé à sa mort et c’est le coma qui le remplaça. Oh, bien sur, je n’étais pas bien grande, et on ne peut pas dire qu’il eut lui aussi le temps de s’encrer à ma personne. Pourtant, dans sa folie, la tourmente, le désespoir de la solitude. Cloitré, emprisonné, abusé par les forces supérieures, c’est dans l’illégalité qu’il me donna vie. Pourquoi ? Ah, moi, je le sais bien évidement, lui aussi, il avait une ambition, il avait tout prévu et c’est pour cela qu’il fut abattu…

Le second…Celui d’Octavie, s’en suivit de celui d’Andreï. L’impossible, l’impardonnable. Concevoir cette affection sur ma personne, les sentiments entre les deux êtres avaient fait que j’étais liée aussi au scientifique, l’amour qu’ils se vouaient, qu’ils me portaient ensuite. Elle m’expliquait que ce n’était le même mais qu’il était tout aussi important. Je la fixais toujours de cet air stoïque, elle me souriait toujours, caressant ma joue, ses gestes. Mes entrailles me faisaient mal sans que je n’en sache la cause. Je passais mes mains sur mon ventre, tentant de calmer cette étrange douleur qui ne m’était pas si inconnue. Je me relevais alors, le suivant, je m’arrêtais ensuite pour saisir mon manteau qu’il me lançait. Je le passais autour de mes épaules et nouait le nœud. Je me sentais absente comme si une autre présence avait prit possession de mon corps. Non, bien sur, ce n’était qu’une impression devant le fait que je fatiguais encore. La vérité était que je n’avais jamais autant utilisé mon pouvoir sur une si petite période de temps. J’écoutais ces mots, me vêtir de nouveaux habits ? Oui d’accord, en acheter, mais j’allais prendre quoi ? Je n’avais aucune idée de ce que j’avais porté. Je ne m’habillais pas, on m’habillait. Je portais un juste-au-corps pour les expériences uniquement. Et sinon…

C’était Mademoiselle qui jouait à la poupée. Bien des tissus avaient foulés ma peau. Elle me coiffait aussi. Je me souvenais de ces jours où elle me tendait mes vêtements pour la journée, amusée par cette situation, quand je la scrutais de mon regard vierge, presque candide. Je montais dans la fourgonnette, laissant tout cela de coté, suivant ces directives, une fois assise, je me tournais vers lui et j’ajoutais :

" Mais, je ne sais pas quoi acheter…"

Je démarrais ensuite, nous n’avions pas vraiment de temps à perdre. Une fois en route, j’en profitais pour lui parler, ne pouvant cependant pas, soutenir son regard à hauteur de mes yeux, ceux-ci trop occupés sur la route qui se courbait sous les pneus du véhicule :

" Vous ne pouvez pas devenir mon maître comme ça, voyez-vous…"

Je gardais le silence, remarquant rapidement que nous arrivions à destination…

Je m’accordais, me permettais de tourner faiblement la tête vers lui pour le regarder, ces mots, ont certainement pu me toucher sans que je le montre pour autant. Une fraction de seconde, pour reporter mon attention sur l’itinéraire, nous en étions non loin. Je ralentissais peu à peu. Prenant conscience que je n’avais pas répondue à sa première interrogation, je cherchais les qualitatifs. J’avais porté bien des tenues mais ce qu’elle préférait c’était me voir dans ce qu’elle appelait des robes de poupées, qui renforçait un aspect fragile, doux, embellissant. Andreï était plus réticent, affirmant que ce n’était pas pratique. Il n’avait pas tord pour m’entrainer au combat, c’était assez coton, donc je me changeais la plupart du temps. J’avais mis des vêtements plus ou moins imposants et complexes, jupons, première robe, rubans etc. Mais aussi des affaires toutes simples. J’étais passé par bien des habits, vraiment, sans savoir réellement ce que j’affectionnais, ce qui m’allait le mieux. Cela me rassurait donc, qu’il choisisse pour moi. Avec Octavie, qui me proposait souvent plusieurs alternatives, je prenais toujours en compte ce qu’elle aimait elle, les couleurs pastelles, la dentelle et ce genre de détails. Ça lui donnait l’impression que j’avais de l’envie, un peu de volonté, mais ce n’était pas totalement vrai. Enfin, elle souriait, et il me semble que cela m’était agréable.

" Avec des robes, beaucoup de robes, coloris clairs, le bleu, le jaune, c’est ce qu’elle aimait. Avec des motifs aussi. Je vous montrerais si vous voulez, pour illustrer, pour vous montrer, car ce n’est pas très précis ce que je vous dis là…Enfin. "

Je garais le véhicule pour une énième fois. Mes yeux à nouveau dans le vide, j’avais de nombreux moments d’absence, il n’était pas rare de me voir ainsi, ça ne durait pas longtemps et je descendais alors, allant ensuite lui ouvrir la porte. Il quitta à son tour la camionnette. Je détournais le regard, inclinant ma tête sur le coté alors que je marchais à la même hauteur que lui, un coup de vent balaya mes cheveux, emportant dans son souffle, ma respiration et mes mots :

" Je ne sais pas si c’est une bonne ou mauvaise chose que vous entreprenez. "

Je continuais d’avancer, le vent retomba couvrant à nouveau ma nuque, lui qui avait permit d’observer entre autre, ma peau marqué d’une encre sombre, trop rapide pour remarquer de quoi exactement il s’agissait heureusement. Je parlais de créer ce fameux lien, et cela avait également en rapport avec son futur….

[ FCDM:Q > FAN CLUB DU MOT : QUELCONQUE =D \o/ ♥ ]

Je hochais positivement la tête, lui montrant que je comprenais en effet, ce qu’il me disait. Mais mon esprit butait encore sur le " Montrez moi ce qui vous plait. ". Tout le problème étant que je n’en savais absolument rien. Je saisissais son bras, acceptant donc l’invitation qu’il me lançait, je posais doucement mes doigts sur son poignet de mon autre main. Marchant de façon élégante à ses cotés, comme si le contact physique ne me dérangeait en rien. Pourtant, ça travaillait tout mon corps et ça s’entortillait entre mes pensées. Rien de bien inquiétant pour un Shuei. Je m’y habituais ainsi, et il me semble que m’y accoutumer de manière plutôt bonne. N’ayant pas encore fait un " rejet ", soit une manifestation violente non pas du refus mais d’une hypersensibilisation qui était propre à ma nature. Dans les faits, deux personnes sont liées, le maître peut s’attacher, ce qui n’est pas conseillé, vu que nous ne sommes pas considérés au même rang qu’un scientifique ou qu’un humain, ou autre créature. Car nous n’avons pas de sentiments en surface ; Ancrés en nous c’est une autre histoire, une utopie pour certains, une réalité, une illusion, ou de la connerie pour d’autres. Les Shueis ne seraient-ils pas si vides que ça alors ?

C’est ce qu’Octavie osait prétendre. Et répétait, que mon moi, existait, elle le savait. Et il semblait que l’homme a qui j’étais accroché était lui aussi partit à la quête de mon humanité. Mes yeux se posaient un peu partout dans l’immense boutique, d’une rapidité déconcertante, j’analysais et je me raisonnais en voyant un peu de foule nous entourer. J’inspirais, et j’essayais de me concentrer sur les pièces de tissus, plus qu’hésitante, je ne savais vraiment pas quoi choisir, je finissais par lui avouer en haussant les épaules :

" Je m’excuse, mais je ne saurais vous dire ce que j’aimerais avoir sur moi…"

Mes yeux venaient se poser sur lui, j’avais la possibilité de savoir ce qu’il appréciait encore une fois, mais je préférais lui demander, pour l’entendre de sa voix :

" Vous pouvez choisir à ma place ? Qu’est-ce que vous aimez ? Comme couleur par exemple…"

Je connaissais déjà la réponse mais qu’importe, avec cela, nous n’aurions aucune conversation, ni échange… Alors je faisais abstraction de mes capacités…

[ FCDM:A > FAN CLUB DU MOT : ANCRE =D \o/ ♥ ] X)

Elle ne savait pas quoi mettre, comme je m'en doutais, je donc me débrouiller pour lui trouver quelque chose qui irait bien. Mais... J'avais dit que nous prendrions de tout donc, ce n'était plus trop un avis personnel qui comptait mais surtout l'utilité dans certaines occasions... Il s'agissait juste de le lui présenter sous cette forme là. Et puis, c'était vrai après tout. Après, nous prendrons peut-être une ou deux tenue différente pour chaque occasion, nous serions sur qu'elle ait de quoi s'habiller pendant pas mal de temps au moins. Je prie alors la parole, doutant de l'utilité de cette chose mais si elle me demandait ce qui me plaisait, c'étais surement parce qu'elle ne voulait pas utiliser ses pouvoirs...

- "Rein... Le problème n'est pas ce que tu veux avoir mais ce qui irait bien en situation de combat ou dans une autre situation quelconque [(l) ^^]. Autrement dit, les facteurs d'attractions et sentimentaux n'entrent pas en compte, ce serait un premier pas vers une pseudo indépendance en quelque sorte. En tant qu'être vivante je n'ai pas à vous contrôler totalement, vous avez une vie qui vous est propre à vous même et sur laquelle, quand bien même j'aurais un contrôle quasi "absolu", je ne dois pas influer plus que je ne le dois. C'est du moins ma façon de voir les choses. Alors je vous demande juste de trouver des tenues convenants à toutes les circonstances en sachant que j'en voudrais une ou deux par circonstance possible... Je vous donnerais mon avis sur ce que vous avez trouvé. Et ne trichez pas, n'utilisez pas vos pouvoirs pour me faire plaisir s'il vous plait, je vous ai dit que les émotions ne valaient pas grand chose. Mais si vous trouvez des tenues ne vous allant point, ce serait dommage..."

Nous reprîmes donc notre trajet avec Rein, le vouvoiement pour moi était une marque de respect et non d'éloignement. J'espérant qu'elle ne le prenait pas comme cela et je lui fis donc la remarque. Je ne savais toujours pas si elle utilisait ses pouvoirs, mais je lui avais demandé de ne pas le faire... Nous nous arrêtions de temps en temps pour voir une tenue, je lui donnais mon avis et nous continuions notre chemin avec ou sans... Nous nous retrouvâmes assez vite avec tout un tas d'habits divers et varié. Et elle partit ensuite les essayer dans les cabines... J'étais juste à coté, attendant qu'elle me les montre une à une ou qu'elle me demande de l'aide... Les présences dans ma tête me laissaient tranquilles et je leur en étais très reconnaissante, je connaissais la paix pour une fois...

Bon et bien d’accord, je suppose que prendre uniquement, sélectionner ce qu’il me fallait vis-à-vis de critères plus ou moins précis pouvaient se faire. Une, plusieurs pour les circonstances, mes mains saisissaient parfois des tissus au hasard, regardant ensuite plus attentivement, la matière et autres facteurs. Rapidement, c’était un tas qui se dessinait, j’en avais peut être un peu trop pris. Je lançais un regard au scientifique, visiblement non, ça allait. Nous nous dirigions vers les cabines, j’entrais dans l’une d’elle, enlevant manteau, attachant mes cheveux pour enfiler plus facilement les vêtements que j’allais essayer. J’ôtais mon juste-au-corps, quasiment dénuée devant ce grand miroir, je laissais mes yeux lors d’un court moment se poser sur mes courbes. J’avoue avoir pris alors au hasard parmi la pile d’habits, une robe. Noire, que je passais par mes pieds, moulante, épousant doucement mes traits, je mettais mes bras dans ses longues manches, elle venait jusqu’à mon cou. Problème… Pour la fermer, je remontais la fermeture qui se trouvait dans mon dos, me tortillant légèrement, entreprenant un combat que je n’aurais jamais cru mener un jour. De justesse j’y étais parvenue, j’attachais le bouton qui se trouvait dans ma nuque et je sortais. Poussant faiblement, le rideau, mes formes s’appuyant dans le cadre de la cabine. J’attendais qu’il se tourne vers moi, pour avoir son avis, à défaut de pouvoir m’en donner un.

Je jetais un regard, par-dessus mon épaule, histoire de me voir, dans cette tenue pour le moins habillée. Je faisais alors un pas vers lui, reportant son attention sur lui. Je n’allais pas toutes les faire non plus, quelques unes seulement. Je portais mes mains dans ma chevelure pour détacher mes mèches, ces dernières lisses, tombantes alors sur mes épaules, cascadant ensuite dans mon dos. Je lui demandais donc :

" Celle-ci conviendra ? "

J’inclinais doucement la tête sur le coté, patientant, pour me changer à nouveau…

[ FCDM:Q > FAN CLUB DU MOT : QUELCONQUE =D \o/ ♥ ]
[ FCDM:A > FAN CLUB DU MOT : ANCRE =D \o/ ♥ ]
[ FCDM:VS²I > FAN CLUB DU MOT : Verbe Savoir au Subjonctif Imparfait =D \o/ ♥ ]

J'attendais donc patiemment que Rein revienne, se montre à moi habillée de la tête au pied. Et en attendant ce moment, je me perdais dans mes pensées. Les toutes premières étaient assez simples, basiques, je me demandais bêtement si Rein essayerai toutes les tenues une à une auquel cas nous n'aurions pas assez de la journée pour tout passer en revue. Nous n'étions certes pas pressés par le temps mais ce n'était pas une raison pour en perdre. Plus vite le calepin serait dans mes mains, plus vite je pourrais me concentrer sur l'essentiel, sur ma tâche... Retrouver la vampire...

*Dis-nous petit scientifique, pendant que tu penses à ta "noble quête", à quoi cette vampire te sera-t-elle utile ? En quoi une vampire te serait donc utile ? C'est bien beau de partir à la recherche de quelqu'un mais si c'est juste pour partir à sa recherche, ça n'a aucun sens à notre avis...*
*Pour commencer, je vous prierais de ne pas utiliser l'appellation de "scientifique" à mon égard. Même si j'en suis encore un et en serais un le restant de mes jours, je ne cautionne pas ce qui a été fait sur cet île et si j'y ai participé ce n'était que par folie. Cette même folie qui vous a engendré. Et je doute que vous aimiez beaucoup votre condition actuelle... Sinon, pour être sincère, je ne sais pas pourquoi je la recherche... C'est un peu plus comme une évidence, une réalité s'étant ancré [m'en fous, je l'ai remis (l)] à mon âme et une tâche que je me dois d'accomplir si je tiens à progresser. Je ne sais pas pourquoi je dois le faire mais je dois le faire... L'utilité de cet acte me viendra bien à un moment ou un autre...*
*Oui, voila une nouvelle preuve de sagesse et d'intelligence venant de notre petit scientifique préféré. Il ne possède pas assez de jugeote pour voir plus loin que le bout de son nez mais son obstination, elle, vise des kilomètres plus loin... N'est-ce pas magnifique que cela ?...*

Je mis fin à l'entrevue, ne cherchant pas à épiloguer cet intermède, d'ailleurs, Rein ne devrais pas tarder à sortir. Mais bon, quant bien même il fallait que je susse [Et de deux ^^] ce pourquoi je la cherchais, cela ne changeait strictement rien à leurs vie, ils étaient esclave de ma volonté et de mes choix en quelque sorte... Si j'en venais à mourir, ils mouraient, si je survivais, ils survivaient. C'était aussi simple que cela. Lorsque Rein avait pris un peu toutes les tenues répondant à ces critères, j'avais pu remarquer qu'elle ne choisissait pas d'habit quelconque [Et voila le troisième ♥☻], tous les détails étaient observés, aussi bien la qualité des tissus que l'apparence que les vêtements donneraient mis ensemble assemblé avec celui-ci ou celui-là. Cela ne lui prenait que très peu de temps, un peu comme les machines à calcul moderne capable de faire des opérations inimaginable en quelques dixièmes de secondes... Enfin bref, Rein était sortie maintenant et je mis encore une fois un peu de temps à réagir, elle devait avoir l'habitude maintenant...

Elle avait choisie une robe noir, assez proche du corps, épousant ses formes faites à la main, épousant tout son corps au final... Sur un autre monde, Rein aurait pu se tailler un avenir tout tracé dans la mannequinat... Elle aurait pu mettre des lentilles ou faire croire à des lentilles concernant ses yeux... Pour être exacte la vision était... Époustouflante... Cela changeait de son juste-au-corps qui la faisait plus "femme de compagnie" qu'autre chose... Elle était habillé mais la tenue avait haussé nettement son potentiel de "séduction", son physique étant largement mis en valeur... Pour dire la vérité, Rein était fort attirante dans cette robe et elle pourrait convenir dans certaines situations... Mais je doutais que ces situations nous soient présentées, je l'espérais en tout cas... Mais bon, on ne sait jamais sur cette île, bien des choses sont possible... De toute façon, cette robe ne conviendrait pas si elle devait se mettre en mouvement, se mettre en action, une simple robe de soirée dirons-nous donc...

- "Rein, tu es tout simplement superbe là-dedans... Essaye d'autres tenues convenant à d'autres situations s'il te plait. Cela nous évitera de toutes les passer en revue et nous y gagnerons énormément de temps. Allez retourne à l'intérieure."

J'espérais que Rein ne lise pas toutes mes pensées, je ne tenais pas non plus à lui soumettre tout ce qui me passait en tête et le mot "superbe" convenait assez pour exprimer tout ce que j'aurais pu dire d'autre... Bien que le mot "superbe" soit un peu fade à mon gout, il avait tout un tas d'expression et de signification s'accordant à merveille avec le moment. J'attendais alors à nouveau, je me disais qu'il n'y avait même pas besoin de les essayer, l'œil critique et "expert" de Rein valait toute les séances d'habillage du monde. Nous repartîmes donc avec toutes ses emplettes en main. La caissière nous regardait avec des yeux exorbités... C'était compréhensible au vu de l'amoncellement de vêtement divers et variés, au vu du prix que tout cela coutait et pour finir, à la vue du "couple" si singulier auquel nous devions ressembler avec Rein... Cela m'amusait beaucoup... Aussi ressortîmes nous ensemble, tout les vêtements à la main, nous rangeâmes les sacs débordants dans la voiture et à la façon d'un jeune Dandy, fit le tour de la voiture et coinçant ma canne sous mon bras, ouvris la portière à Rein, je saisis sa main du bout des doigts et d'une légère inclinaison du buste, lui fis un baisemain en bonne et due forme. Un sourire espiègle se dessinait sur mon visage.

- "Si Ma Demoiselle veut bien se donner la peine."
Je me donnais de faux air d'homme de haute société, rigolant intérieurement de ma bêtise. Je refermais doucement l portière du véhicule et faisais le tour afin de rejoindre Rein à ma place habituelle. Ledit véhicule faisait tâche dans cette scène, effroyablement tâches même. Un carrosse conduit par un majordome aurait un peu plus correspondu mais bon, je devais me contenter de cela... Faudrait que je demande un Rein si nous pouvions changer de véhicule sur cette île... Avec ses talents innombrables talents, elle arriverait bien à nous dégotter un 4x4 à l'apparence plus fringante que ce véhicule...
- "Si vous acceptez de nous conduire à la maison déposer les affaires, après nous irons faire une ballade en forêt à la recherche d'un petit cahier rempli d'informations diverses et variées... Je vous en serais fort gré chère Rein."

[petit interlude mais pas grand chose à dire sur le retour à la maison et le départ en forêt, petite phrase de transition, mon rôle s'arrête là dans ce rp, je te laisse l'honneur de clôturer notre arriver sur l'île ^^.] Voila, nous repartions donc en direction de la forêt...

Une poupée de chair. Je me retournais, ayant un temps de réaction, n’arrivant pas encore à saisir mon image. Celle de cette blonde, aux allures séduisantes, mes courbes moulées dans le tissu comme si le vêtement fut conçu pour se calquer sur mes traits. Un humain a conscience de lui, quant il se voit dans un reflet, un miroir, autre exemple, un animal l’ignore et aura souvent tendance à contourner l’objet pour trouver une réponse, un autre spécimen de son espèce. Bien sur, je savais que c’était moi et qu’il n’y avait pas d’autre Shuei derrière. Je posais ma main sur la glace, me parvenant pas à voir mon moi, le vrai, l'unique. Mes doigts glissaient longuement, je tentais vainement de combler mon manque d’humanité. Impossible, je n’en avais point le temps. Je me déshabillais à nouveau, inspirant fortement au moment où je libérais ma poitrine de la robe. Un soupire de soulagement, que je puisse aussi facilement porter ce qu’on avait choisit. Mon corps gardant cette incroyable capacité d’adaptation. Bref, je réunissais le tout, les rangeant plus ou moins. En tenant une partie, tout de même, je rejoignais l’homme qui m’attendait au détour des cabines.

Nous nous dirigions vers l’hôte de caisse, bien rapidement, cette dernière me semblait surprise, mais j’évitais de trop la détailler, au risque de lire en elle, je sentais une certaine curiosité, doublée d’une envie. Nous sortions alors, je serrais légèrement les sacs remplis de diverses tenues, m’avançant à ses cotés, je fermais doucement les yeux, me laissant guider, j’ajoutais :

" Je vous remercie. "

Pour ces présents, et le reste également. Je m’arrêtais pour déposer ce que j’avais dans les bras, puis je reprenais ma place, allant jusqu’à la porte, il vint me l’ouvrir, puis prendre ma main…Sa bouche sur ma peau. Nouveau contact physique, je refoulais, je me sentais tressaillir intérieurement, un frisson qui soulevait le voile du futur, un fragment de ce qui nous, ce qui l’attendait, tout cela maintenant entre mes mains. Je montais, cela ayant duré quoi, une fraction de seconde, je hochais positivement la tête, consentant évidement à cette requête en silence, nous reprenions la route. Lui, espérant retrouver comme il le disait son petit cahier rempli d'informations diverses et variées, moi, sachant déjà qu’il trouverait bien plus sur son chemin…