Sang, vampire, blessures [Pv Myaru]

Il marchait lentement, de toute façon son état ne lui permettrait pas de vitesse trop exagérée et puis, il transportait une malade donc la prudence était préférable. Après de longues minutes de marches, il arriva près d'un lac. Il déposa la jeune fille près du bord de l'eau sans qu'elle ne put tomber et alla chercher de quoi étancher sa soif. Il mit un petit moment avant de trouver un terrier de lapin dans lequel s'abritait le plus vieux membre de la famille lapine. Sa respiration était faible, il était aux portes de la mort. Le jeune homme attrapa le lapin par la peau du cou et planta rapidement ses deux crocs dans la peau de l'animal.

Le sang coulait chaudement dans la gorge du vampire. Le dernier souffle de vie de ce lapin aurait été utile à une autre entité de toute façon, il aurait fini dévoré par quelque autre prédateur ou aurait simplement pourri pour nourrir la terre. Masaki se releva et retourner le plus rapidement possible auprès de la blessée. Une fois arrivé, il constata avec soulagement qu'elle n'avait nullement bougé et qu'elle semblait toujours inconsciente. Le bandage qu'il avait fait été resté blanc le sang avait donc cessé de couler. Enlever sa veste, il s'approcha de la jeune fille et la couvrit avec sa veste. Il s'assit au bord de l'eau et mit la tête de la jeune fille sur ses genoux.

Il enleva sa chemise tachée de sang et la trempa dans l'eau fraiche. Il pressa le vêtement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une seule goutte d'eau qui tombe de ce morceau de tissu. Même si elle n'était pas très propre, il la déposa sur le front de la jeune fille en espérant que cela ferait baisser, ne serait-ce qu'un peu, sa température. Il regarda son torse et s'aperçut que beaucoup de bleus le recouvrait. Elle lui avait frappé fort dessus ... Le jeune homme passa sa main droite près de sa bouche et s'aperçut qu'un léger filet de sang avait coulé. Il le lécha et remouilla sa chemise. Le lac étant à sa droite, c'était assez pratique ...

Lorsque Myaru s’était réveillée, sa tête lui faisait un peu moins mal. Elle avait les yeux brumeux, signe que la fièvre n’était pas totalement retombée. Elle sentait une légère pression au niveau de son abdomen, mais ne put faire aucun mouvement. Il lui semblait qu’elle avait quelque chose sur la tête, mais très sincèrement elle s’en fichait un peu. Elle tourna la tête vers la gauche et put apercevoir une magnifique plaine. Elle n’était plus dans le village abandonnée. Lorsqu’elle tourna sa tête dans la direction opposée, elle aperçut une ombre qui lui était familière. Elle ne se souvenait pas vraiment de ce qui s’était passé. Sa tête, trop lourde, lui empêcher de se remémorer ce qu’elle avait fait avant qu’elle ne s’évanouisse. L’ombre devenait un peu plus précise à chaque minute qui passait. Elle distingua des cheveux en batailles, les contours d’un visage qui avait l’air assez enfantin. Lorsqu’elle commença à s’habituer à la lumière, elle ne vit que le bas du visage du jeune homme. Tout le reste était noir.

A la commissure des lèvres du jeune homme, elle semblait remarquer une tâche rougeâtre. Cette tâche disparaissait et réapparaissait un peu plus bas, plongeant vers le menton. Cela avait l’air d’être du sang. C’était-il fait attaquer ? Elle ne savait pas, mais ne voulait pas vraiment savoir… Et pourtant, elle avait la nette impression qu’elle devait savoir quelque chose en rapport avec lui… C’est comme si son instinct de survie le lui rappelait. Mais pour l’instant, elle n’allait rien demandé. Après tout, elle n’avait encore repris tous ses esprits…

Elle leva lentement, mais assurément sa main gauche et la reporta à la commissure des lèvres de Masaki. Elle y frotta doucement le pouce, histoire que cette trace de rouge s’en aille. Etrangement, il avait semblait se laisser faire, mais peut être était-il surpris par l’initiative de la jeune fille… Elle ne le savait pas non-plus car elle ne voyait pas son visage en entier.

Une fois sa tâche terminé, elle sourit et sortit sa main qui alla se poser sur la joue du garçon. Elle avait vraiment l’impression de l’avoir déjà vu, mais sa tête ayant était affecté par la fièvre l’empêcher de se souvenir normalement…

Sa main quitta enfin Masaki et alla sur le front de sa propriétaire, où avait élu domicile un tissu. Elle ignorait quel était le tissu en question, mais une main repris la sienne avant d’enlever le dit-tissu de son front. Elle grogna de frustration. Elle était bien, elle, avec ce tissu ! Mais elle se réjouit après, car le tissu revenait, et mouillé cette fois-ci !

Ses paupières étaient lourdes et Myaru décida de se laisser aller dans les bras de Morphée.

Lorsqu’elle se réveilla une seconde fois, sa tête était à même le sol. Etrange, avant elle aurait juré que sa tête était un tout petit peu en hauteur, comme si elle avait un coussin derrière la tête. Elle se releva, et en faisant ce geste, une chemise blanche, enroulé, venait de tomber. Sa tête étant beaucoup moins lourde qu’au premier réveil, elle savait à qui appartenait la dite-chemise. Masaki Kuroda. C’était ainsi qu’il s’était présenté. Elle essaya de se relever entièrement, en vain. Elle avait bien mal à l’abdomen pour faire le moindre effort ! Elle se souvint de ce qui s’était passé lors de son premier réveil. Malgré le fait qu’à ce moment elle était un peu vapes, elle avait une grande mémoire. Elle regarda sa main gauche, plus particulièrement son pouce, et vit, qu’effectivement il y avait une trace rouge. Elle le porta à son visage, renifla la trace et la lécha. Aucun doute possible, c’était bel et bien du sang. Désormais que sa fièvre était pratiquement tombée, et qu’elle avait les idées bien plus claires qu’avant, elle se demandait comment était arrivé le sang jusqu’à sa bouche. Il n’aurait tout de même pas … ?!

Elle enleva sa tenue et arracha les bandages qui étaient enroulés autour de sa taille. Il n’y avait pas de trace de dents visible … Elle ne fut pas soulagée pour autant. Malheureusement pour elle, elle avait arraché bien trop vivement les bandages, et la plaie venait de recommencer à saigner. Elle jura. Pourquoi cela n’arrivait qu’à elle ?! Elle enleva le ruban qu’elle avait dans ses cheveux et le passa autour de la blessure tout en serrant fermement le nœud. Elle remit avec difficulté sa tenue et vit que le sang s’était pratiquement répandu sur toute la surface de sa robe, à peu près au niveau des hanches. Il faudra qu’elle pense à faire une lessive…

En entendant des bruits des bruits de brindilles, elle sursauta un peu, mais se calma bien vite. Après tout, elle pensait que si Masaki l’avait aidée, il avait le droit, non-seulement à une présentation en bon et due forme, mais surtout à des excuses de sa part pour l’avoir frapper ainsi …

Elle s'était réveillée. Ne bougeant point, le vampire se demanda ce qu'elle allait faire. Elle tourna la tête, sûrement pour se situer, et elle le regarda. Lentement, sa main se leva et elle frotta doucement son pouce à la commissure des lèvres du jeune homme. Surpris, il resta comme figé sur place. La jeune fille sourit et porta son autre main à la joue de Masaki. Les yeux écarquillés, celui-ci la regardait d'un air interrogatif mais elle ne sembla pas vraiment s'en apercevoir.

De sa main droite, il attrapa la chemise qui était sur le front de la malade et, s'apercevant qu'elle était complètement sèche, il la trempa dans l'eau froide du lac. Ceci fait, il reporta le tissu sur le front de la jeune fille. Ses yeux se fermèrent et elle s'endormit enfin, c'est ce qu'il pouvait penser ... Peut être la lumière lui faisait-elle simplement mal aux yeux et donc elle les avait fermés ... Peut être n'avait-elle pas envie de voir son visage et donc qu'elle avait fermé les yeux ...

Masaki, voyant qu'elle ne se réveillait plus, alla chercher un peu de nourriture pour prévoir une éventuelle faim chez la jeune fille. Se relevant, il se rendit compte qu'il avait arrêté de s'affaiblir et même qu'il se renforçait légèrement. Il marchait, lentement certes mais il marchait tout de même. Longtemps, il traversa des collines ce qui lui compta un léger effort physique par rapport à toutes les petites descentes et montées. Finalement, il aperçut l'entrée d'un bois mais n'accéléra nullement son pas.

Une fois dans cette forêt, il chercha quelque arbre fruitier et aperçut un gigantesque pommier. Se concentrant sur ses jambes, il sauta en haut de cet arbre gigantesque et cueillit plusieurs pommes mûres. Une fois cette nourriture attrapée, il redescendit d'un saut. Il se rattrapa sur ses jambes avec difficulté et commença à courir pour retourner près du lac. Ses membres supportant mal cet effort le firent tomber sur le sol terreux du bois. Le jeune homme réussit à se mettre debout après beaucoup d'efforts, il ne devait pas forcer.

Plus aucun arbre ne l'entourait, il marchait calmement avec ses pommes dans les bras. A chaque pas, il avait l'impression qu'on lui arrachait toute la jambe mais il continuait, pour elle, même s'il ne la connaissait que très peu, même si elle l'avait frappé au point de couvrir sa poitrine de bleus, il se devait de la soigner. Enfin, il aperçut le corps de la jeune fille non pas allongé mais assis. Il préféra ne pas prendre de risques donc il marcha lentement jusqu'à elle, portant les quelques pommes dans ses bras.

Une fois auprès d'elle, il posa les pommes une à une sur le sol et, appuyant sur les épaules de la jeune fille, l'obligea à s'allonger. Ensuite, il souleva légèrement la tête de la malade et s'assit de façon que ses cuisses lui servent d'oreiller. Il attrapa sa chemise qui était tombée sur les jambes de la jeune fille, il la mouilla et la replaça sur le front de la malade après avoir vérifié qu'elle avait toujours de la fièvre. Il prit un des fruits qu'il avait rapportés et le lava. Jetant un oeil à sa protégée, il remarqua que le ruban, qui était sur sa tête, avait changé de place. Elle avait certainement enlevé ses bandages pour vérifier qu'il n'y avait aucune morsure ... Il n'aurait jamais fait cela, pas vu l'état de faiblesse de la jeune fille ...

-Vous devez vous reposer, vous êtes malade ... Et ne vous inquiétez point, ce n'est pas votre sang que j'ai bu. Au fait ... Avez-vous faim ?

Elle sentait une douce odeur effleurait à ses narines…. On bien sentir, elle dirait que c’était l’odeur de la campagne, donc par conséquent, une forêt ne devait pas se trouvait très loin. Elle se souvenait d’un moment passé avec lui dans une petite forêt de cette envergure ….

C’était un jour d’automne où la pluie ne cessait de tomber. Myaru avait accepté d’accompagner Kijori, parce qu’elle l’adorait vraiment, mais là, elle avait plus envie de l’étrangler qu’autre chose. Sous cette pluie battante, son grand-frère l’avait obligé à venir avec lui en plein de centre de cette forêt, et désormais, ils étaient totalement paumés grâce au sens de l’orientation aigu de Kijori. Bien sûr, elle avait déjà pensé à le perdre dans cette forêt, de le pendre, de l’étrangler avec des fougères, mais elle s’était dit que, finalement, elle ne serait pas vraiment arrangé si elle perdait le seul qui était sensé « connaître » cette forêt… Non, c’était désormais une certitude dans l’esprit de la sœur de Kijori, elle ne devait plus jamais, et elle avait bien dit jamais, suivre son (abrutit) de grand-frère (adoré) !!

Heureusement pour Myaru, en plein centre de cette dite-forêt, se trouvait un vieil homme qui vivait ici depuis plusieurs années déjà. Evidemment, chez ce grand-père, un service était rendu en contrepartie de quelque chose … Raté pour elle, elle allait devoir rendre service à se vieux grincheux !!!

Et ce-dit service était … De s’occuper de cette maison et de ses alentours durant une semaine entière !!! Puta- Saperlipopette ! Ben, oui, comprenait un peu, elle n’avait que sept ans ! Elle n’allait pas parler grossièrement si vite ! Non, la période du langage grossier venait durant la phase « adolescente (rebelle) ». Hélas pour elle ou pas, grâce à son cher grand-frère, il semblait que cette période arrivait bien plus vite que prévu … Il fallait dire que c’était un véritable abrutit quand il s’y mettait !

Le jour d’après, son grand-frère, se réveillant très, très, très taaards, écarquilla les yeux et faillit même tomber lorsqu’il vit sa (petite) sœur (d’habitude si magnifique) déguiser en espèce de …. Femme de ménage. Elle portait un tablier blanc sous des sous-vêtements de sport, une queue de cheval haute attaché avec un ruban blanc, ainsi que des chaussures pour cuisinière blanche. Quand Kijori eut le malheur de rigolé face à cette vue, il reçut un coup de pied bien placé de la part sa sœur tant-aimé. Honte à lui de s’être moqué d’elle !!

Ce petit théâtre se répéta durant une semaine entière, avant que le vieux ne décide enfin qu’il était tant de les récompenser. Il leur indiqua le chemin de la sortit, et après avoir appris la (terrible) vérité, Myaru mit à son frère la plus grande raclée de sa vie. Il l’avait bien cherché aussi ! Comment avait-il fait pour ne pas s’apercevoir que le chemin du retour se trouvait derrière la maison du vieux monsieur ?! Il fallait vraiment être un crétin fini pour ne pas le remarquer ! Attendez …. C’est Kijori ça !!!

Elle rigola silencieusement, elle se souvenait encore du terrible uniforme qu’elle avait du portait… Et la raclée qu’elle avait mise à son frère ! A l’époque, elle ne savait pas qu’il avait cette maladie…

Elle entendit des pas s’arrêter et se retourna lentement pour voir de qui il s’agissait. Etrangement, lorsqu’elle vit que c’était Masaki, elle fut soulagée. Elle remarqua bien vite qu’il portait des pommes dans ses bras et qu’il était couvert de poussière. Il avait surement du faire une chute en allant chercher ses fruits. Et il était aussi … torse nu … Ce qui la fit rougir légèrement. Elle était une fille tout de même !!

Elle voulu parler mais fut le plus rapide, et se posa à coté d’elle après avoir posé les pommes une à une sur le sol. Il ramassa la chemise qui était sur ses genoux, la trempa et l’obligea à s’allonger. Elle grogna, mais le fit discrètement de façon à se que son docteur personnel ne l’entende pas. Elle n’avait aucune envie de s’allonger, mais se laissa faire malgré tout. Il l’avait bien soigné, et elle lui en était vraiment reconnaissante. Il lava une pomme avec sa chemise trempé et lui demanda en suivant :

-Vous devez vous reposer, vous êtes malade ... Et ne vous inquiétez point, ce n'est pas votre sang que j'ai bu. Au fait ... Avez-vous faim ?

Cette question là, elle ne s’y attendait pas. Mais elle lui fit tout de même plaisir. Cela faisait longtemps que quelqu’un ne s’était pas préoccupé d’elle… Elle en était vraiment heureuse. Elle prit l’une des pommes que le jeune garçon lui tendait et la croqua à pleine dents. Elle n’avait pas du tout faim, mais après tout, il avait d’eu se donner du mal pour aller les chercher, alors autant lui faire plaisir quand même …

Myaru se releva légèrement et alla se mettre face à lui, sur les genoux. Elle contempla le torse du jeune garçon et remarqua qu’il était non-seulement plein de poussière mais surtout parsemé de bleus. Elle baissa la tête, honteuse d’avoir fait ça à celui à qui elle devait la vie sauve et surtout une bonne santé.

-Je suis vraiment désolé pour ce que je t’ai fait … Je n’ai pas vraiment réalisé sur le moment ce que j’étais en train de faire et à cause de moi … Tu es couvert de bleus sur tout le torse … En plus de ça, tu m’as aidée à, me soigner alors que tu n’en étais vraiment pas obligé, et pour cela, je dois te remercier.

Lorsqu’elle se releva, elle prit la chemise avec elle, qu’elle retrempa dans l’eau. Elle ne l’épongea qu’un peu, pour qu’il reste de l’eau à l’intérieur. Histoire de faire une sorte de gant.

Elle s’abaissa à terre et commença à frotter le torse parsemé de bleus et de poussière de Masaki. Elle repassa encore et encore sur les endroits où il y avait les bleus. Elle s’en voulait énormément d’avoir fait une chose pareille à un homme qui avait pris soin d’elle durant tout le temps où elle avait été malade. Elle réussit à enlever un peu de poussière et recommença à trempait la chemise. Elle refit les même gestes qu’avant, et quand elle eut fini d’enlever la poussière et d’avoir massé les bleus qui se trouvait sur le torse ; elle lava la chemise.

Tout le temps qu’elle avait pris pour faire cela, elle se demandait vraiment comment elle avait pu changer autant en un jour …

Il y avait encore quelques heures, si elle avait trouvé quelqu’un dans le même état qu’elle avait été il y a quelques heures, elle l’aurait abandonné à son sort, se fichant totalement de lui … Tandis que maintenant, elle culpabilisé d’avoir frappé un garçon qu’elle venait à peine de rencontrer…. Elle s’en voulait, mais pas seulement de l’avoir frappé. Elle s’en voulait de s’être méfier de lui dès la première fois, elle s’en voulait de lui avoir dit qu’il n’avait pas le droit de ressembler autant à son frère, elle s’en voulait de l’avoir cru capable de boire son sang…. Pour toutes ses choses là, elle s’en voulait énormément …

Pendant qu’elle essorait le tissu, elle venait de repenser à quelque chose. Elle se retourna et dit, tout-sourire :

-Au fait, moi c’est Myaru Konoko.

La jeune fille attrapa la pomme qu'il venait de laver et elle la croqua à pleines dents. Elle ne semblait pas vraiment avoir faim, on aurait dit qu'elle se forçait pour réussir à avaler ce simple fruit. Cela fit soupirer Masaki, à quoi cela rimait ? Si elle n'avait pas faim, pourquoi se forçait-elle à manger ? Peut être pour lui faire plaisir ... Quelle idiote ... Si elle voulait lui faire plaisir, pourquoi l'avoir tant frappé auparavant ... Rah la la, les filles sont vraiment trop compliquées ! Pourquoi elles commencent par vous frapper et après essaient de vous faire plaisir !? Ne peuvent-elles pas trouver une logique pour accomplir leurs actes !? Myaru se releva quelque peu et s'assit devant le vampire.

Son regard parcourait la poitrine du jeune homme et elle baissa la tête, honteuse. Ce devait être à cause de tous les bleus qui décoraient gaiement le corps de l'aristocrate. Regretter ses actes est idiot, c'est hésiter, c'est reconsidérer ses propres choix en pesant à nouveau le pour et le contre et en pensant pouvoir tout arranger d'un claquement de doigt. Si seulement c'était aussi simple que de revenir sur ses pas afin de prendre une autre route mais certains engrenages sont impossibles à déplacer ...

-Je suis vraiment désolé pour ce que je t’ai fait … Je n’ai pas vraiment réalisé sur le moment ce que j’étais en train de faire et à cause de moi … Tu es couvert de bleus sur tout le torse … En plus de ça, tu m’as aidée à, me soigner alors que tu n’en étais vraiment pas obligé, et pour cela, je dois te remercier.

Des remerciements ... Tout ceci ne servait à rien, des mots assemblés sans sentiments les soutenant tombent très vite dans le gouffre de l'oubli. Même si elle avait vraiment honte, les coups qu'elle lui avait assénés étaient bien réels et avaient bel et bien laissé des traces. Reprenant ses esprits, Masaki s'aperçut que la jeune fille était en train de frotter son torse. Baissant légèrement les yeux, il s'aperçut que de la poussière recouvrait à la fois sa peau et ses habits. C'était certainement à cause de sa chute ... Elle replongea la chemise dans l'eau froide du lac et se retourna doucement. Elle dit, avec un sourire :

-Au fait, moi c'est Myaru Konoko.

Pourquoi ce sourire ... ? Après tout, c'était tout naturel qu'elle se présentât après que lui-même ait dit son nom et son prénom ... Le frapper puis lui sourire, quelle amusante combinaison légèrement tordue. Le jeune homme, se relevant légèrement, scruta les alentours. L'eau du lac semblait si pure ... Et ces rayons du soleil qui créaient un contraste entre le bleu clair et le blanc ... Le fond était invisible, peut être n'y en avait-il point ? Ou bien était-il trop loin de la surface pour être apparent. Par quoi était-il alimenté ? Peut être l'eau restait simplement à cet endroit, à attendre que quelqu'un l'un sorte, à attendre que la chaleur des rayons du soleil la fasse s'évaporer pour qu'elle touche cette bulle de verre et qu'il glisse le long de ses parois. Ensuite, cette même eau s'infiltrerait alors dans le sol de l'île pour nourrir les plantes fournissant l'oxygène dont tous les êtres vivants ont besoin. Tout une chaîne ...

Certainement que du sol, un peu d'eau glisserait vers le lac pour l'alimenter à nouveau. Au loin, derrière le lac dépassaient de grandes falaises. Les parois abruptes étaient complètement immobiles, rien ne les effleurait, même la surface de l'eau semblait reculer devant ces roches. Seuls quelques courants d'air semblaient éroder la paroi rocheuse afin de lui donner une forme totalement irrégulière. Certainement que certains fragments ne tenant plus s'étaient déjà écrasés sur la surface du lac, faisant vibrer celle-ci. Peut être le lac était-il habité par quelque espèce de poisson, que l'on pourrait pêcher afin de les manger ...

A l'ouest du lac le paysage ondulant formait tout un tas de collines, plus ou moins grandes, plus ou moins larges. De l'herbe surplombait ce paysage de vagues vertes immobiles. Quelques fleurs se promenaient sûrement parmi toutes ces hauteurs, cherchant un endroit bien exposé au soleil qui traversait la bulle ou bien de l'ombre pour éviter de prendre feu sous ces rayons ardents. Être au creux de ces petites vallées devait être pratique pour récolter la rosée du matin ou même quelque pluie. De petites flaques devaient se former à ces endroits par temps humides ...

En parlant d'eau, de pluie et de vent, Masaki commençait à avoir un peu froid torse nu ... Certes, il était un vampire qui guérissait très vite, qui n'avait pas de sommeil et tout et tout mais il avait encore quelque sensation de chaleur ... Et là il frissonnait quelque peu et le fait qu'il soit mouillé n'arrangea pas vraiment les choses. Baissant un peu les yeux, il remarqua un tissu rouge étalé sur le sol et se rappela qu'il avait couvert Myaru avec sa veste rouge. D'un geste rapide, il attrapa ce vêtement et l'enfila, manche après manche. Un autre morceau de tissu était sur le sol, il était blanc avec quelques traits rouges. S'avançant, il prit sa chemise, la trempa dans l'eau et la déplia doucement. Plusieurs taches de sang restaient apparentes même si elles s'étaient légèrement décolorées.

Attrapant une pierre, il coinça le vêtement dans l'eau, sous la pierre pour éviter qu'il ne parte n'importe où. Il tremperait quelques heures, le temps que le rouge disparaisse complètement. Faute de lessive extrêmement détachante, autant utiliser les moyens mis à disposition ... Regardant à sa gauche, il aperçut les pommes qu'il avait rapportées. Prenant un des fruits et le faisant sauter, il se demanda s'il serait à nouveau capable d'avaler quelque nourriture sans sentir le goût du sang. Il passa la pomme dans l'eau, la frottant avec la paume de la main et il croqua dedans. Quelques secondes plus tard, il recracha le morceau. Ce fruit avait le goût du sang ...

-Que comptez-vous faire à présent ?

Après s’être enfin présenté, elle se demanda ce qu’il pensait d’elle. Il devait vraiment la trouver étrange. Elle le frappe et puis prend soin de lui. Elle se présente des années lumière après lui, alors que normalement elle aurait dut le faire bien plus tôt. Il fallait dire, que les filles étaient compliqué, et ce, elle le lui accordait. Même elle, elle se demandait pourquoi la moralité des filles était vraiment … compliqué, ou bêtes tout simplement. Non pas qu’elle était débile, loin de là, seulement, sa mentalité était comme toute les autres jeunes filles, et ce, elle ne l’acceptait pas facilement. Elle ne voulait pas être comme les autres, elle était différentes ; elle voulait que ses gestes et ses paroles coïncides, mais hélas, son sexe faisait qu’elle ne pouvait rien changé. Dommage pour elle.

Masaki se releva légèrement et regarda en direction du lac. A quoi pouvait-il bien penser ? Il resta longtemps ainsi. Elle, qui venait de s’accroupir à même le sol le regarda de sa hauteur. Il était véritablement beau. Elle avait des remords de l’avoir frappé, mais elle se devait d’enlever tout ses sentiments, elle avait la nette impression qu’elle ne risquait pas de sortir d’ici avant un bon moment. Elle pourrait peut être faire équipe avec lui ? Mmh, non. Cela pourrait certainement se faire, mais pour cela, il faudrait déjà que lui soit d’accords, et ça, elle n’y comptait pas trop.

Il prit sa veste qui était sur le sol et attrapa à sa suite sa chemise qu’il retrempa dans le lac en y mettant une petite pierre dessus. Il restait des trace de sang, surement qu’il voulait les enlever. Il prit une pomme et croqua avant de recracher sa bouchée. Elle n’était pas bonne ? Pourtant, il lui semblait bien à elle, qu’elle n’était pas mauvaise.

-Que comptez-vous faire à présent ?

Ah … Elle n’y avait pas vraiment réfléchie en effet. Elle n’en savait rien en fait. Ce qu’elle aller faire maintenant ? Elle allait peut être allait voir s’il y avait d’autres personnes comme Masaki ici. Après tout, elle ne savait toujours pas où elle était. Et elle n’aimait pas ça. Quand elle est quelque part, il lui faut impérativement savoir où elle est, pour sa propre santé mentale. Elle se releva, s’épousseta et le regarda dans les yeux en lui répondant le plus sérieusement du monde :

-Je n’en sais rien. Je pense que je vais chercher s’il y a d’autres personnes comme toi ici. Après tout peut être qu’ils savent où nous sommes. Car moi, je suis totalement larguée. Et je n’aime pas savoir ne pas savoir où je suis. Pour ma propre santé mentale, il me faut le savoir. Et puis, il faut aussi que je trouve des explications à pourquoi j’ai pu traverser ce mur.

Elle se tourna en direction du lac. Elle aussi, à son tour admira la couleur de l’eau. Ce lac, avait l’air très pur. Pas comme toutes les âmes qu’elles avaient détruite. Elle aimait cette couleur. Ce vert/bleu transparent … Magnifique. Elle s’accroupit devant la surface du lac et prit de l’eau entre ses mains.

-Très sincèrement, je ne sais pas si je pourrais survivre dans un endroit que je ne connais pas.

Elle regarda longuement l’eau du lac avant de s’apercevoir que quelque chose briller au fond. Au début, elle se demanda ce que c’était et plissa légèrement les yeux. La silhouette de l’objet devenait de plus en plus précise quand elle eut un sursaut. Elle poussa un petit cri de surprise tellement elle ne s’y attendait pas. Sa faux … Cet objet qui était au fond du lac, c’était sa faux. Elle enleva le dessus de son ensemble, qui était une sorte de tunique avec des motifs quadrillés noir, gris et vert/bleu. il ne lui restait qu’un petite robe noir et, avant même de réfléchir, elle se jeta dans le lac. Elle savait qu’elle avait du mal à respirer sous l’eau, mais elle devait absolument récupéré sa faux.

Plus elle avancé dans le lac, plus cela devenait profond. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle nageait dans ce lac à l’eau pure, mais elle commençait sérieusement à manqué d’air. Elle aperçut enfin sa faux et un large sourire étira ses fine lèvres.

Elle attrapa sa faux, et avant même d’avoir dit hourra, elle commença à s’étouffer. Elle voulut remonter le plus vite possible, mais elle s’était pris les pieds dans des algues sous-marines. Manque de chance pour elle, son manque d’oxygène ne lui permettait pas de voir normalement. Elle agita sa faux partout, mais les algues ne semblaient pas vouloir se couper… Mourir au fin fond d’un lac … Ce n’était pas vraiment la fin qu’elle avait espéré … Parfois, elle se disait vraiment, que le destin était affreux avec elle…. Mais elle ne pouvait pas changer son cours, malheureusement pour elle … Tout ce qu’elle pouvait faire en ce moment, c’était prié ce Dieu qu’elle haïssait tant, et le supplier de la sauvée ….

-Je n’en sais rien. Je pense que je vais chercher s’il y a d’autres personnes comme toi ici. Après tout peut être qu’ils savent où nous sommes. Car moi, je suis totalement larguée. Et je n’aime pas savoir ne pas savoir où je suis. Pour ma propre santé mentale, il me faut le savoir. Et puis, il faut aussi que je trouve des explications à pourquoi j’ai pu traverser ce mur.

Elle s'était relevée et avait épousseté sa robe. Se tournant vers le lac, elle sembla absorbée par l'éclat de la surface de l'eau qui, la nuit, devait refléter parfaitement la lune dans le moindre détail. Certainement qu'une fois le soir arrivé, cette même eau dormante deviendrait un immense miroir scintillant à cause du reflet de quelque étoile nocturne. Même de grands nuages de coton blanc pourraient s'afficher sur cette grande ardoise transparente ... Des portraits s'affichaient en ce moment sur ce panneau géant. Les images de personnes bien étranges ...

Après tout, une occasion de croiser un spectre et un vampire n'est pas donnée à n'importe qui. Il faut simplement être un grand criminel un peu détraqué ou bien un scientifique aimant pratiquer sur des cobayes humains ... Peut être certains de ces fous ont déjà abusé d'expériences ... Et pas vraiment dans un sens très valorisant si ces allusions sont assez claires ... N'est-ce pas osé d'avoir les corps de grands criminels endormis à disposition et ainsi d'en faire n'importe quoi !? Découper quelques membres et parler d'accident médical ... Après tout, qui pourrait s'inquiéter du sort de grands meurtriers ?

Pour tuer, faut-il être méchant, cruel ou sadique ? Bien sûr que non, la manipulation étant très utile pour déguiser l'identité de la tête, elle ne promet pas au bras un avenir radieux, enfin, si par "avenir radieux" on entend quelque chose hors de quelque prison sans quelque torture ... Peut être le bonheur existe-t-il sans "liberté" ... Enfin, liberté étant un trop grand mot, il serait préférable de le mettre à l'écart car à partir du moment où les hautes autorités savent qui vous êtes, comment vous êtes, où vous habitez, quelles sont vos relations et qui est dans votre famille, vous êtes déjà dans une cage.

Vous ne pouvez plus bouger sans mettre au courant votre cher maître, vous ne pouvez plus partir sans que celui-ci sache immédiatement où vous êtes par contre, sous certaines condition, ce cher maître peut vous donner quelque pièce ou quelque morceau de nourriture. Evidemment, votre propriétaire vous exposera aux autres grands patrons en se vantant de la belle cage que vous habitez, en montrant que vous n'êtes "pas si maigre que ça" et en se souciant des animaux des autres pour être bien vu. Au final, rien qu'en naissant, vous avez été enfermé sans même voir les barreaux de votre cage.

-Très sincèrement, je ne sais pas si je pourrais survivre dans un endroit que je ne connais pas.

Survivre dans un endroit qu'elle ne connaissait point ... Il fallait bien découvrir les lieux avant d'espérer s'établir dans quelque logement. Ou bien errer sans aucun but ... Mais cette vie n'avait aucun rebondissement, aucune émotion, elle était entièrement vide. Tuer pour tuer, autant vider l'île de ses habitants même si après, plus aucune nourriture ne serait trouvable. Il ne fallait pas qu'il s'attache à elle sinon, forcément, il la perdrait et en souffrirait à nouveau. Il ne devait éprouver aucune amitié ou compassion envers elle sinon, cette belle médaille finirait bien par montrer son revers ensanglanté.

Le regard de la jeune fille restait figé sur l'eau. Masaki regarda lui aussi et aperçut une légère lueur au fond de l'eau dormante. Ne se posant aucune question, le jeune homme ignora cet objet et regarda Myaru. Celle-ci enleva rapidement sa robe et sauta dans l'eau. Peut être cet objet était-il cher à son cœur ... Ne bougeant point, le vampire regardait la jeune fille s'enfoncer dans l'eau du lac. Il compta environ entre quarante et cinquante secondes et remarqua qu'elle ne remontait pas. Effrayé, il hésita. Cette eau avait l'air si froide et menaçante ... Il avait l'impression qu'en sautant, cet esprit maléfique l'engloutirait afin de le faire manquer d'air ... Mais il ne pouvait tout de même pas la laisser mourir, pas après l'avoir soignée ! Cela semblerait si étrange, il refusait d'y songer.

D'un geste rapide, il envoya sa veste voler à l'arrière. Serrant les dents, il n'arriva pas à se résoudre à sauter. Il avait peur, il avait toujours eu peur de cette eau depuis un jour où il avait manqué de se noyer. Ayant toujours nier le fait qu'il savait nager, ayant même enfui ce savoir au plus profond des abysses de son cerveau, il avait même réussi à se persuader qu'il n'avait jamais su nager mais là, il était obligé de repousser toutes ces barrières qu'il avait lui-même placées, il se devait d'enfoncer la porte dont il avait déjà détruit la clé. Il devait plonger et la remonter à la surface.

Malgré ses hésitations, il plongea la tête la première vers Myaru. Repoussant l'eau qui l'étouffait, il s'approchait d'elle. Elle tenait une sorte de faux. Redoublant d'effort, il l'attrapa par la taille et la remonta doucement. Il la tenait sous les bras pour éviter qu'elle ne lui échappât. La surface, il allait l'atteindre ! La lumière devenait de plus en plus intense, comme ces couloirs que voient les morts.

Il était à l'air libre, il prit une bouffée d'oxygène et remonta la jeune fille. Approchant son oreille de la bouche de la dite-noyée, il entendit la respiration de Myaru. Elle avait peut être avalé un peu d'eau mais elle allait bientôt la recracher. Le jeune homme sentit une vague de fraicheur l'envahir. Il avait l'impression d'être tout à coup arrivé au pôle noir, ses pieds foulant la neige encore fraiche, sa respiration trop chaude traçant un léger nuage blanc. Pris de tremblement, il se traîna près de sa veste, la mit et s'assit misérablement le tissu sur les épaules. Il se tenait les jambes comme si celles-ci allaient se décrocher. Il était complètement gelé, il se sentait comme comprimé dans un espace infiniment petit ... Cachant sa tête entre les genoux, il lâcha quelques larmes invisibles.

Elle avait vu quelqu’un s’approcher. Des cheveux roux, en batailles, nageant dans cette eau bleutée. C’était un spectacle magnifique. Ses cheveux … On aurait dit du sang. Alors qu’elle commençait à sérieusement manqué d’air, ses yeux se fermèrent et elle imagina ce que devenait ce sang.

Le sang, si rouge, a l’habitude de souvent taché et d’avoir du mal à partir au lavage. Ça, c’était un fait réel et sûr. Le sang, a aussi la fâcheuse tendance à se diluer dans de l’eau ou autres liquides. Elle trouvait que le sang mélangeait à de l’eau était absolument magnifique. Et puis après tout, le sang était malgré tout beau. Combien de fois, avait-elle vu sa faux pleine de sang de ses humains aux âmes impures ? Combien de fois, s’était-elle dit, qu’elle ne devait pas trouver se sang impurs, beau sur sa faux au clair de lune ? Combien de fois ?

Non. Une fois, elle avait véritablement abandonné. C’était le jour où elle avait tué la petite amie de son frère. Une femme absolument remarquable, mais cependant redoutable. Depuis la mort de son fiancé, elle avait commencé à travaillé pour la mafia. Et les problèmes n’arrivant jamais seuls, deux ans plus tard, elle se fit égorgé par la sœur de son ex-fiancé. Pas de bol, elle était tombé sur la mauvaise famille à épousé !

Myaru avait toujours détesté cette femme. Elle savait qu’à cause d’elle, son frère s’éloignerait d’elle, et cela, elle ne le voulait pas.

Elle sentit des mains se poser sur sa taille et essayer de la remonter. Qui était-ce ? Encore Masaki ? Qui sait ….

Elle commença à crachoter de l’eau qu’elle avait avalée. Elle était donc encore vivante … Mais elle ne le devait pas à Dieu ! Qu’elle mauvaise foie …. Elle ouvrit les yeux et se tourna en direction d’un jeune homme. Masaki …. C’était la deuxième fois consécutive qu’elle lui devait la vie.

Elle vit grelottant, sa veste sur ses épaules, et s’accrochant fermement à ses jambes. Elle vit ses épaules sautiller très légèrement… Pleurait-il ? Non … Pas le Masaki qu’elle venait de rencontrer … Elle se souvint alors d’un détail qu’elle avait jusqu’à lors ignoré ; lorsqu’il avait plongé pour allé la sauver, ses yeux, reflétait une immense peur. Il devait vraiment avoir peur de l’eau. Et telle qu’elle le voyait ainsi, il devait aussi être totalement et littéralement gelé.

Elle se releva, se déshabilla le plus vite possible et enleva le tissu qu’elle avait noué à son abdomen. Elle le remit dans ses cheveux, de façon à faire une queue de cheval. Seulement, le tissu n’était pas un élastique, il se baissa légèrement et forma une petite queue de cheval basse, presque prête à se détacher. Ses cheveux étant mouillé, elle se fichait bien de savoir s’ils allaient bien sécher ainsi ou pas. Un peu plus loin, elle alla chercher sa tunique à carreaux, mais ne l’enfila pas.

Elle se dirigea vers Masaki, et lorsqu’elle fut à un mètre de lui, elle s’arrêta. Elle hésitait. Devait-elle le faire ou pas ? Finalement décidé, elle reprit sa marche et s’abaissa derrière Masaki. Elle posa sa tunique sur la tête du jeune garçon, de façon à se qu’elle retombe sur ses épaules en même temps. Elle commença à frotter les épaules de son sauveur afin qu’il ait un peu plus chaud. Au contact de son dos, même recouvert de sa chemise et de sa veste, il était véritablement gelé. Maintenant, il avait aussi la tunique de Myaru, mais elle ne savait pas vraiment si cela suffirait.

Après avoir fini les bras et épaules, elle remonta jusqu’à la tête où elle entreprit de lui sécher les cheveux, avec sa tunique toujours dessus. En gros, son habit faisait office de serviette de cheveux pour Masaki. Elle fit d’abords les mouvements de base, afin d’enlever le plus d’eau possible, et après elle décida d’essayer de le détendre un peut tout en essayant de lui faire plaisir. Elle massa lentement le crâne, en faisant attention au moindre de ses gestes. Elle commença par le bas du crâne, où elle fit des petits ronds avec son pouce. Elle alla ensuite au centre de la tête, où elle le massa avec tous les doigts de sa main. Elle s’appliquait minutieusement, comme si cela dépendait de sa vie.

Après avoir fini de lui sécher les cheveux, elle resta accroupit derrière lui et posa sa tête sur son dos encore un peu mouillé. Elle soupira. Les garçons aussi étaient très étranges. Pourquoi diable l’avait-il sauvé d’une noyade certaine alors qu’il avait l’air de vraiment détesté l’eau ? Elle décida de lui faire part de son opinion. Après tout, en soupirant, elle avait très bien pu lui faire croire qu’elle en avait assez de lui, alors que ce n’était pas du tout le cas.
-Vous, les mecs, vous êtes vraiment bizarre. C’est sûr que les filles aussi sont zarbi, je l’accorde, mais les mecs le sont aussi. Peut être moins, mais quand même ! Vraiment …

Elle soupira à nouveau.

-Tu m’as sauvé pour la deuxième fois consécutive en plongeant dans ce lac, alors que tu as l’air de détester l’eau ! Lorsque je t’ai vu, tu avais l’air totalement effrayé, comme si tu avais peur que quelque chose dans ce lac ne te fasse du mal. Et pourtant, tu es quand même venu me sauver. On vient à peine de se rencontrer, et déjà, tu me soigne parce que je tombe malade, et maintenant, tu me sauves d’une noyade certaine … Alors que nous ne connaissons rien l’un de l’autre… Et ce sang, que tu as bu, c’était du sang d’animaux n’est-ce pas ? Donc tu dois être un vampire, non ? Je croyais que ce genre d’humains n’exister pas, à part dans les contes, tel que Dracula. Mais, tu sais, je ne suis pas du tout effrayé par le fait que tu sois un vampire. Car même si tu bois du sang, je suis sûr que tu ne feras pas de mal à ceux qui ne le méritent pas. Moi-même …

Elle hésita à continuer, se rendant compte qu’elle risquait de tout perdre à nouveau … Si elle lui racontait, quelle serait sa réaction ? Là-bas, là où elle l’habitait, on l’appelait la Faucheuse. Elle était considérée comme l’une des plus grands criminels, elle avait d’ailleurs fait le tour du monde. Tout le monde avait du entendre parlait d’elle. Et lui, comment réagirait-il s’il apprenait que c’était elle, la fameuse Faucheuse ? Elle décida de se laisser aller quand même…

-Dans mon pays, non, dans le monde, je suis considéré comme une des plus grands criminels. On m’a d’ailleurs surnommé, « La Faucheuse ». Je tuais les gens dont l’âme était souillée à jamais. Et comme mon arme était une faux … Tu connais la suite.

Elle posa ses mains sur le dos de Masaki, de chaque coté de sa tête. Elle n’attendait pas spécialement qu’il lui réponde, ou bien même que lui aussi lui raconte son histoire. Ce qu’elle voulait surtout savoir, c’était de voir quelle réaction allé aborder Masaki. Dans son esprit, elle se souvint de quelque chose, mais qui n’avait rien avoir dans la conversation :

-Et arrêtes de me vouvoyer s’te plait, ça m’énerve.

Des pas. Myaru devait s'être levée et à présent, elle marchait vers lui. Ne levant pas la tête, il tentait de stopper ses larmes, sans succès. Il ne pouvait pas non plus arrêter de trembler, il se sentait encore prisonnier dans cette étendue d'eau menaçant de l'engloutir à chaque instant. Le bruit des pas s'arrêta et il sentit un tissu quelconque se poser doucement sur sa tête et ses épaules. Ses larmes cessèrent automatiquement de couler. Que faisait-elle avec ce tissu ? Pourquoi le disposait-elle ainsi sur lui ? Peut être voulait-elle l'aider à se réchauffer ...

Elle frottait les épaules du jeune homme à l'aide de sa robe. Celui-ci arrêta de trembler, ces gestes avaient eu l'effet désiré : il n'avait plus froid. Peu à peu, les douces mains remontaient et s'attardaient à sécher les cheveux roux du vampire. D'abord, elle frotta simplement pour évacuer le plus d'eau possible et, étrangement, elle commença à lui masser le crâne. Il remarqua que cette sensation était agréable et resta immobile, ne voulant pas déranger la jeune fille dans cette tache et, accessoirement, faisant durer cette position.

Pourquoi ... Pourquoi s'occupait-elle tant de lui ? Il ne le méritait point. Il n'était qu'un monstre, toutes ces personnes qu'il avait tuées sans même les connaître et ... Et celle qui lui était chère ... Elle aussi était partie rejoindre ce soi-disant Dieu auquel tous ces idiots croient. Aucune divinité ni volonté céleste ne dirige leurs actes, seuls eux peuvent bouger et penser. Écouter ces sottises ne peut qu'attirer des ennuis, c'est un principe de la manipulation, créer une idole dont on régit les lois et ainsi, on transforme chaque parole soi-disant divine en ordre auquel tous ces misérables fidèles obéissent aveuglément.

La jeune fille cessa de le masser et posa sa tête sur les épaules du jeune homme. Celui-ci, le regard vide, releva complètement sa tête et pu apercevoir la surface du lac. Ses idées étaient complètement brouillées. Il n'arrivait plus à penser, il sentait juste une faible brise faire voleter les bords de la veste rouge. Même si des questions flottaient vaguement dans un esprit bien troublé. Un soupir fendit légèrement le silence pour laisser place à quelques paroles :

-Vous, les mecs, vous êtes vraiment bizarres. C’est sûr que les filles aussi sont zarbi, je l’accorde, mais les mecs le sont aussi. Peut être moins, mais quand même ! Vraiment …

Un soupir coupa la jeune fille. Peut être était-il étrange mais ce mot "zarbi" l'était lui aussi ... Après tout, les mélanges de mot n'étant pas trop dans le registre de Masaki ... Même s'il comprenait le sens de ce "langage", il ne le trouvait pas moins désagréable à entendre et encore plus à dire. Quelle barbarie, le dictionnaire n'étant pas assez complet, il faut aussi inclure d'étranges abréviations ou transformations de mots ? Eh bien, on n'est pas rendus vu toutes les sottises que ces jeunes peuvent inventer ...

-Tu m’as sauvée pour la deuxième fois consécutive en plongeant dans ce lac, alors que tu as l’air de détester l’eau ! Lorsque je t’ai vu, tu avais l’air totalement effrayé, comme si tu avais peur que quelque chose dans ce lac ne te fasse du mal. Et pourtant, tu es quand même venu me sauver. On vient à peine de se rencontrer, et déjà, tu me soignes parce que je tombe malade, et maintenant, tu me sauves d’une noyade certaine … Alors que nous ne connaissons rien l’un de l’autre… Et ce sang, que tu as bu, c’était du sang d’animal n’est-ce pas ? Donc tu dois être un vampire, non ? Je croyais que ce genre d’humains n’existait pas, à part dans les contes, tel que Dracula. Mais, tu sais, je ne suis pas du tout effrayée par le fait que tu sois un vampire. Car même si tu bois du sang, je suis sûre que tu ne feras pas de mal à ceux qui ne le méritent pas. Moi-même …

Quel long discours pour, au fond, ne rien dire. Heureusement qu'il était au courant qu'il avait peur de l'eau, heureusement qu'il savait être un vampire, heureusement qu'il savait ses actes plus qu'idiots. Au fond, qu'elle ait parlé ou non, cela aurait eu aucune effet qu'elle évite de dire autant de choses inutiles. Au lieu de poser des questions, il faudrait peut être qu'elle tente d'y répondre. Du sang d'animal ou d'humaine, quelle importance, celui-ci restait tout de même du sang. Et il l'avait sauvée par pur égoïsme, parce qu'il ne voulait simplement pas la voir mourir pour éviter des souffrances postérieures.

-Dans mon pays, non, dans le monde, je suis considérée comme un des plus grands criminels. On m’a d’ailleurs surnommée, « La Faucheuse ». Je tuais les gens dont l’âme était souillée à jamais. Et comme mon arme était une faux … Tu connais la suite.

Fort intéressant le surnom qu'on lui attribuait et la raison pour laquelle elle était sur cette misérable île. Ce n'était que la fin de l'histoire tout cela, il aurait aimé en savoir plus sur les raisons l'ayant poussée à commettre des meurtres, il aurait aimé pouvoir analyser son comportement selon une de ces logiques implacables que seuls les grands penseurs ont. Ces informations, il aurait très bien pu s'en passer et ces délires d'âmes souillées ... Elle hallucinait, tout simplement.

-Et arrête de me vouvoyer s’te plait, ça m’énerve.

Se levant, repoussant ainsi les mains de la jeune fille, il fit également tomber la robe de Myaru. Il ne put retenir un soupir et essaya de marcher. Ses jambes ne le portant plus, il tomba à plat ventre sur le sol. Cette lutte avec l'eau l'avait encore plus fatigué et il n'arrivait même plus à se relever. Il ne bougea plus, épuisé.

-Eh bien, je n'ai plus de forces d'après ce que semble me dire mon corps.

Après avoir fini de parler, Myaru resta un bon moment dans la même position. Elle réfléchissait, elle pensait. Sur ce territoire, elle sentait la présence d’autres personnes. Mais ce n’était pas tous des humains. Elle ferma les yeux, respirant l’odeur de Masaki. Sans savoir pourquoi, cette douce senteur la détendait. Il se leva, laissant les bras et la robe de Myaru retomber à terre. Il poussa un soupir et essaya de marcher, mais sans succès. Elle l’avait regardé retomber, il avait l’air totalement épuisé par la nage qu’il avait fait pour la sauver. Pourquoi l’avait-il sauvé ?! Ils ne se connaissaient même pas !

-Eh bien, je n'ai plus de forces d'après ce que semble me dire mon corps.

Non, sans blague elle n’avait pas remarqué ! Elle poussa un soupir las et se releva, entrainant avec elle sa robe. Ce soupir ne voulait pas dire qu’elle en avait assez de lui, mais qu’elle en avait marre de se prendre la tête avec ce lieu dont elle ne connaissait rien.

Elle releva Masaki et fit en sorte que sa tête soit posé sur sa poitrine. Myaru toucha la main du jeune homme et quand elle vit qu’il était glacé, elle l’enroula dans la robe et lui frictionna les bras, comme fait précédemment. A les voir ainsi, on aurait presque dit qu’il s’agissait d’une mère, réchauffant son enfant…

Kijori avait souvent fait cela, quand elle-même était malade …. C’est fou, mais dans l’état actuel des choses, elle aurait tout donné pour le revoir… Absolument tout …

Derrière elle, son éventail, qui était aux coté de sa faux, se mit à briller, sans qu’elle ne s’en rende compte.

Elle releva la tête, admirant le paysage qui s’offrait à elle. Tout en continuant ses mouvements sur Masaki, une chansonnette lui revint, et oubliant le lieu, le temps, et Masaki, elle commença à chanter en frottant toujours autant les bras du vampire.

-En fait,
Quand j’y repense,
Tout cela n’était peut être qu’un rêve.
Un rêve,
Bourré de cauchemars.
Mais rempli de sentiments tous différents les uns des autres.
Rempli de moments;
Triste ou joyeux.
Con ou intéressant.
Inutile ou important.
Tous ces moments,
Aussi futile qu’ils peuvent être,
Je ne les oublierais jamais.
Parce que c’est toi,
Parce que c’est avec toi,
Que j’ai fait tout ça.
Même si ce n’était vraiment qu’un rêve,
Je voudrais te le raconter,
Et faire comme si c’était la réalité.
Parce qu’entre rêve et réalité,
Il y a une marche énorme,
Et parce qu’entre toi et moi,
Il y a désormais une énorme distance.
Parce que mon rêve m’a tout fait revivre,
Je vivrai de nouveaux instant à tes cotés.
Malgré tout le mal que l’on c’est fait,
Et la distance qu’il y a entre nous,
Je le sais,
J’arriverais à la réduire jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
Parce que nos instant de bonheur ont disparut,
Je les retrouverais en même temps que toi.
Parce que tu as été tout pour moi,
Tu le seras encore et toujours.
Parce que tu as disparut,
Je disparaitrai avec toi.

Une larme coula sur sa joue. Cela faisait combien de temps qu’elle n’avait pas chanté ainsi ? Cela faisait depuis la mort de son frère … Oui, car à l’origine c’était pour son frère qu’elle avait décidé de chanter … Pour lui … Mais comme il n’était plus, elle n’avait plus aucune raison d’utiliser sa voix. Ses larmes continuaient de couler et allèrent se poser sur le visage de Masaki. Elle soupira, et de son bras, repoussa les larmes qui étaient sur ses joues. Elle sentait une étrange présence derrière elle, mais décida de ne pas y faire attention, avant qu’une voix plus que familière ne lui adresse la parole.

-Et bien, et bien … Je vois que tu t’es encore améliorer niveau chant !

Elle ne se retourna pas, sachant très bien de qui il s’agissait. Elle ne voulait surtout pas se retourner de peur que ce ne soit qu’une hallucination de sa part. Elle se risqua tout de même et sortit un petit cri de surprise tout en laissant recouler ses larmes… Son frère, son grand-frère Kijori, se trouvait là, devant elle. Ses long cheveux roux était attaché en queue de cheval basse, ses yeux roux avaient l’air plein de vie, comme s’il n’avait jamais eu sa maladie, comme si l’on ne l’avait jamais enterré. Il portait un kimono vert thé, attaché avec une ceinture beige. Il avait mis ses mains dans les manches du vêtement, ce qui lui donnait l’air d’un grand-homme. Alors qu’il n’en était pas du tout un ….

-Kijo … Kijori …. Mais … comment se fait-il que tu sois ici ?

A peine avait-elle prononcé cette phrase, que Myaru remarqua que les pieds de son grand-frère n’existaient pas. Ils avaient été remplacé par une vue plutôt flouté du bas. Kijori s’avança, faisant bouger le flou. Il sortit sa main de sa manche et désigna derrière lui, par son pouce, l’éventail de sa sœur. Puis tout sourire, il parla à sa sœur comme si cela faisait juste quelques jours qu’ils ne s’étaient pas vu.

-C’est grâce à l’éventail de notre mère que je suis arrivé ici ! Je t’ai entendu dire que tu voulais me voir par tous les moyens, et sans que je ne m’en rende compte, j’étais ici ! En plus, je dirais que je suis arrivé au bon moment puisque cela m’a permis de te voir chanter !

Devant la mine déconfite de sa sœur, son frère commença à rigoler comme un fou. Elle, commençait par contre à s’énerver ; comment avait-il pu revivre ?! Etait-ce un fantôme ?! Non, les fantômes n’existaient pas, tout le monde le savait bien, mais alors …. Comment et pourquoi ?!

Lui, continuer de rigoler comme si de rien n’était. Peinard, quoi. Elle vit un caillou près d’elle, le ramassa et le jeta sur son grand-frère, qui en tomba tellement le coup avait été fort et rapide.

-Ouarg !! Non mais sa va pas de frappé ton grand-frère d’amour chéri ?!

Elle faillit s’en étrangler.

-D’amour chéri ?! Ne te moque pas de moi ! Tu n’es qu’un crétin fini ! Tu ne sais même pas pourquoi tu es ici, alors que normalement tu es mort de ta maladie !!

Kijori fit une mine boudeuse, comme le font les enfants lorsqu’ils n’ont pas ce qu’ils désirent.

-Mais eeuuuuh ! Ca va hein ! Je sais que je suis un peu bête sur les bords, mais je ne sais vraiment pas pourquoi je suis là …

Elle soupira. Son crétin de grand-frère n’avait pas changé. En plus, cela devenait de plus en plus étrange. Une fois elle traverse un mur, et l’autre elle apprend qu’une personne étant censé être morte, vient de sortir de son éventail…. HUM. Ca sentait les problèmes à l’horizon…

-Mouais, donc en gros, tu sers à rien quoi ….

Tic, tac, tic, tac, tel serait le lourd son de l'horloge qui ornait l'un des salons du manoir des Kuroda. Cette grande machine étrange, dont les heures écrites en chiffres romains semblaient guetter toute personne passant non loin. Cette couleur de bois, si pure qu'on se demanderait si elle n'avait pas été peinte minutieusement en retraçant les lignes du bois d'un fin coup de pinceau et ce balancier, certainement fait en or vu son éclat, cet étrange objet qui allait de droite à gauche, reflétant à chaque passage les moindres détails de la pièce. Peut être quelque gravure se verrait légèrement en l'immobilisant mais, en mouvement, on ne pouvait simplement distinguer qu'un miroir doré marquant le temps passant.

Ces grands fauteuils, de cuirs écrus, ne portaient nullement quelque marque laissée par le temps. Les coutures reliaient magnifiquement chaque morceau de cuir, et ce bel encadrement de bois, tel un tableau cernant des traits tracés avec précision. Évidemment, quelques plis venaient montrer que de telles œuvres avaient quand même un sens pratique, quelque grain de sable se baladait sur les petits tapis qui présentaient fièrement de tels sièges. Ce fait étonnant attestait que quelque invité aurait eu des chaussures accrochant les saletés même si entre, une entrée impeccable montrant une immense demeure, un carrosse décoré selon les goûts du propriétaire et la demeure des Kuroda, peu de souillures se présentaient.

Devant les fauteuils, une grande table de bois était décorée de quelques gravures visant à souligner quelque ligne. De légers cercles pouvaient être aperçus, ils prouvaient que ce salon était fréquemment utilisé pour quelque soirée où le vin et les mets délicats foisonnaient. Bien sûr, monsieur Kuroda avait quelques grands amis qu'il invitait fréquemment et qui entamaient quelque peu les bouteilles de vins gardées au frais. Cette même table était briquée tous les jours par les domestiques car, quand ceci n'était pas fait, le père de Masaki se mettait à crier dans toute la maison et donnait quelques coups à chacun des servants.

Au dessus de tout ceci pendait luxueusement un lustre. Ce luminaire brillait grâce aux flammes des neuf bougies qui étaient posées respectivement neuf petits plateaux d'argent. Quelques gouttes de cire coulaient de ceux-ci et menaçaient de tomber sur le tapis beige. Les mèches noires, bien qu'extrêmement réduites, créaient un léger contraste entre les couleurs claires de la pièce et la noirceur des fragments de corde brûlés. Le clarté de la pièce rendait bien, même après le crépuscule car la faible lueur produite par les bougies suffisait à éclairer l'immense pièce.

Masaki avait toujours apprécié cette pièce bien que polluée par de communs visiteurs indésirables. Elle était aussi claire que lui était sombre, elle lui avait permis de se rendre compte que quelque lumière existait encore dans ce vaste monde. Il s'était également rendu compte de sa faiblesse en réfléchissant confortablement installé dans un de ces fauteuils de cuir. En vérité, dans le passé, il passait le plus clair de son temps avec une amie, fille d'une grande famille tout comme la sienne et ces deux enfants jouaient régulièrement dans le salon.

Tuée ... Voici ce qui était arrivé à cette jeune enfant, elle était morte. Cette mort n'était évidemment point naturelle, elle avait été assassinée par un des grands criminels qui sévissaient vers les environs de la ville qui était située à proximité du manoir des Kuroda. Les pratiques étranges de ce criminel se détachaient du reste des tueurs car, celui-ci, au lieu de poignarder, d'extraire quelques organes vitaux, d'empoisonner ou que sais-je encore, il vidait entièrement les victimes de leur sang et le plus étrange était qu'aucune goutte de celui-ci ne paraissait sur le cadavre. Tout ceci l'avait mené là, sur le sol, au bord d'un lac.

Évidemment, il ne se retrouvait pas dans cette position par un curieux hasard, il était simplement tombé car ses douloureux membres ne pouvaient même plus le porter. Il était à la merci de tout danger, il pouvait très bien mourir ainsi, misérablement, tué par une personne dont il n'aurait même pas vu le visage qui se serait contenté de le jeter dans l'eau. Il essayait de se relever mais son corps ne lui répondait plus, il essayait de penser mais son esprit était trop embrouillé pour effectuer quelque mouvement.

Le faible vent agitait légèrement la surface de l'eau qui simulait des vagues ondulantes. Le jeune homme ne ressentait rien. Ni peur, ni fatigue, il semblait comme flotter immobile sur quelque surface agréable au toucher. Il était un spectateur aveugle de cette scène trop paisible. Comment, sur une île où ont été lâchés des criminels génétiquement modifiés, comment pouvait-il exister un certain calme ? Doucement, il sentait qu'on le soulevait pour l'assoir. De ses yeux mi-clos, il regarda la personne qui avait eu ce geste et s'aperçut que c'était Myaru.

La tête du jeune homme reposait sur la poitrine de la jeune fille qui ne semblait nullement gênée. Il ne sentait plus son corps. Tout ce qu'il connaissait était sa position. Il ne savait pas s'il avait mal, il ne savait pas s'il avait froid, il ne ressentait rien, pas plus physiquement que moralement. D'un regard épuisé, il regarda la main de Myaru qui alla toucher la sienne. Le contact, il ne le sentit que très peu et il ne savait pas si la main de la jeune fille était chaude ou froide, sensations pourtant simples à reconnaître.

La jeune fille enroula sa robe autour du vampire et frictionna vigoureusement les bras de l'aristocrate. Il le sentait enfin, si on pouvait appeler cette vague sensation que quelque chose le touchait "sentir". Peu à peu, il sentait cette friction même si son esprit ne faisait que s'embrouiller de plus en plus. Une voix ... Il entendait une voix et, accessoirement, voyait trouble. Même les sons se faisaient flous donc il ne comprit pas un mot, il savait juste que cette voix était douce et agréable. Le temps passait et une autre voix se fit entendre. N'ayant pas la force de tourner la tête et reconnaissant un ton masculin, il ne chercha pas plus loin. Le ton qu'ils employaient tous les deux était familier, ils devaient certainement se connaître ... Les yeux du jeune homme se fermaient d'eux-même et les sons qui animaient cette scène s'embrouillaient jusqu'à disparaître. Il glissait vers un sommeil forcé ...

Elle avait mal à la tête. Très, TRES mal. Tout ça à cause de cet abrutit ! Plus elle réfléchissait, plus sa tête la faisait souffrir. Et l’autre, là, qui se marrait de voir sa sœur réfléchir à plein régime alors qu’elle en souffrait ! Non mais vraiment, qu’elle conn …. HUM, ne dérivons pas, s’il vous plait.

Brreeeef. Comme vous le savez, Myaru en avait marre, et semblait sur le point de déchiqueter en petit morceau sont cheeeeeer grand frère avec sa magnifique faux qu’elle devait astiquer pour la faire redevenir toute belle. Son frère, ne se doutant de rien, rigolé encore. Elle saisit son arme coupante, eut un petit rire sadique s’accentuant par son sourire encore PLUS sadique, et balança sa faux sur son frère. Et sa prétend avoir des liens fraternel très fort ?!

Malgré tout, son frère étant déjà mort, ne sentit que l’arme le couper en deux, et se reconstitua juste après. Sa sœur comprit bien qu’il était déjà mort, et que, donc, malgré le fait qu’elle le transperce avec sa faux, il ne mourra pas une seconde fois. Dommage, ce sera pour une prochaine fois !

Elle sentit un goût sec dans sa bouche. Elle avait soif, très soif. Et on se demande pas pourquoi hein ?! Ben, c’est sur que crié sur son grand-frère qui ne veut rien entendre, sa donne soif. Myaru regarda les pommes qu’il y avait sur le coté, et décida de faire un caprice. Non, le jus de pommes n’étaient pas trop son fort, elle préférait nettement plus le jus d’orange.

Elle fit un signe à Kijori, afin qu’il s’approche, ce qu’il fit après un petit moment d’hésitation. Elle désigna de sa main Masaki qui était en train de dormir peinard sur sa poitrine, se releva légèrement, ce qui fit comprendre à son grand-frère qu’elle voulait se lever. Il essaya de se mettre dans la même position que celle de sa sœur, pendant que celle-ci était en train de réaliser une figure époustouflante car elle essayait de sortir de là, sans réveiller le jeune homme.

Elle s’épousseta vite fait son tablier et sourit à son grand-frère en guise de remerciement. Celui-ci hocha la tête et sourit à son tour. Elle commenca à s’éloigner du lac, en direction d’une forêt. Une fois arrivé à destination, elle chercha des fruits, des plantes ou toute sorte de végétaux qui pourrait reproduire du jus.

Elle trouva une sorte de fruit, qui ressembler étrangement à des poires, mais qui étaient bleu. Elle fit une mine septique, et au bout d’un moment, croqua de la pointe de ses dents. Le goût était très original pour ce qui était censé être un fruit. Salé, légèrement acidulé. Ce n’était pas un goût qui lui déplaisait, mais elle s’étonnait tout de même à appréciait cette nouvelle saveur.

Elle partit en quête de nouveau « fruit » semblable à celui-ci, et s’engouffra encore plus loin dans cette forêt.

Kijori faisait désormais office de coussin pour le jeune homme. Il soupira. Sa sœur et son foutu sourire ! Vraiment, il ne pouvait rien lui résister. Ce n’était pas sa sœur pour rien ! Il regarda les alentours. Un lac, une forêt, et une plaine. Tout cela enveloppé dans une sorte de bulle. Il en était certain. Tous ceux qui se trouvaient sur cette île devaient être emprisonné. C’était un esprit, et un esprit se devait d’être libre, même s’il se trouvait qu’il devait obéir au doigt et à l’œil à celui ou celle qui la invoqué. Malgré le fait que se soit sa sœur qui l’ait invoqué, il ne se sentait pas libre du tout. Cet endroit ne lui inspirait pas du tout confiance. Mais alors pas du tout. Et cet homme, endormit sur sa poitrine, il avait l’impression que ce n’était pas n’importe qui.

De plus, Kijori avait réussit à se rendre matèriel, mais il était sûr que c’était uniquement parce que Myaru avait besoin qu’il le soit. Elle avait désormais des pouvoirs intéressant, même si on ne savait pas encore tout ce dont elle était capable. Son grand-frère s’inquiétait. Sa petite sœur avait acquis des pouvoirs pourtant inimaginable pour l’être humain, et il s’inquiétait de savoir si oui ou non elle supporterait le poids de ce nouveau pouvoirs encore inconnu jusqu’à lors.

Kijori commençait à redevenir transparent. Il redevenait immatériel. Une chose était sûre, sa sœur avait des progrès à faire pour contrôler ses pouvoirs. De gros progrès. Tant qu’il était matèriel, il prit la tête du jeune homme couché sur lui dans ses mains, et approcha sa dite-tête près du sol. Seulement à environ, un mêtre du sol, il devint totalement immatériel et la tête de Masaki alla heurter durement le sol. Kijori évita un soupir, en se disant que, même si sa sœur était une bonne élève, elle allait avoir beaucoup de mal à contrôler ses pouvoirs. Il ne bougea pas, la flemme de devoir se lever, et laissa son corps transpercer celui du jeune Kuroda.

Myaru était très fier d’elle. Elle s’était empiffré honteusement de plein de fruits dont elle ne connaissait pas l’origine, mais elle s’en fichait bien, elle s’était régalé, et arborait désormais un sourire hautain. Ses fruits étaient bizarre, il y en avait des mauves, des roses, des gris, des blancs, des bleus, mais aussi des bicolores! Et leur goût … une véritable découverte mais surtout un véritable régale pour la jeune fille !

Elle avait désormais assez mangé et assez eu de jus, elle décida donc de rentrer à l’endroit où elle avait laissé Kijori et Masaki. Son éventail se mit à briller soudainement et elle eut peur que quelque chose ne soit arrivé à son grand-frère. Elle se sortit donc de son dessous de tablier, et le déplia violement, si bien qu’il vola jusqu’à une branche d’arbre. Elle jura. Des fois, elle maudissait le fait d’être aussi empoté. Elle s’avança jusqu’au dit arbre, tendis la main, et remarqua avec dégoutation qu’elle était vraiment trop petite. Des fois, elle maudissait aussi le fait d’être une fille, et qui plus est, petite. Enfin, petite pour les filles de son âge. Il ne faut pas oublier de dire non plus, que ses amis d’autrefois étaient des géants à coté d’elle.

Elle se mit sur la pointes des pieds pour s’agrandir au maximum, mais rien n’y fit, elle restait tout de même plus petite que la branche dans laquelle avait atterrit son éventail. Elle décida que la seule solution pour espérer pouvoir récupérer son éventail était de grimper à l’arbre, et d’arriver jusqu’à la fameuse branche. Elle commença donc son escalade, en espérant n’avoir aucun mal à récupérer son arme. Elle arriva enfin à la première branche et vit que celle où reposait son éventail était un plus haute. Myaru se dit qu’elle devait désormais avoir la bonne taille pour pouvoir attraper l’objet, et tenta le coup. Elle se mit debout sur la branche sur laquelle elle reposait en ce moment même, et se déplaça, jusqu’à arrivé juste en dessous du dit-objet. Elle leva les bas, attrapa son fameux éventail qu’elle tenait de sa mère, et s’assit enfin sur la première branche de l’arbre, qui cassa sous son poids. On n’entendit un gros « boum », un juron ainsi qu’un cri de douleur. Myaru s’était littéralement « casser la figure » par terre.

Elle se releva le plus vite possible, en espérant que personne n’avait vu la chute magistrale qu’elle avait faite. Elle regarda dans les environs, et se dit qu’après cette petite mésaventure il était temps pour elle de rentrer. Elle se retourna dans la direction par laquelle elle était arrivée, et fit fouace.

Kijori se demandait combien de temps le corps du jeune homme allait encore restait inerte, sur le sol. Et tendis qu’il se demandait cela, Myaru arriva en courant, toute souriante, contente de retrouver son frère. Cependant elle s’arrêta net quand elle vit que le corps de son dit-grand-frère transperçait celui du jeune Masaki. Ah oui, c’est vrai … Kijori était un esprit, lui.

Le temps était long pour ce jeune homme plongé dans un étrange sommeil. Son corps lui semblait comme gelé pris dans un froid étrange. Finalement, peut être était-il resté au fond de l'eau et les quelques sensations qui lui avaient paru réelles n'avaient été qu'illusion. Peut être était-il finalement mort, peut être son existence était enfin terminée, peut être que toute la souffrance qu'il avait subie était arrivée à son terme et qu'il allait rejoindre son aimée au paradis ... Que dis-je donc, s'il était réellement décédé, il irait en enfer voyons !

Après tous ces bains de sang qu'il avait causés, aucune place au paradis ne pouvait l'attendre. Cette idée était tout simplement inconcevable car il correspondait tout à fait à la description des horribles monstres dénoncés dans toutes ces fictions étranges parlant de vampires, ces créatures qui boivent le sang de jeunes femmes toutes plus belles les unes que les autres. Ce liquide si précieux leur est évidemment indispensable pour survivre et aussi très agréable à soutirer à leurs victimes ...

Quel agréable moment. Il ne sentait pas son corps, il ne sentait pas le froid, seul un sentiment étrange qu'il ne saurait définir l'envahissait. Etait-ce l'impression d'être en paix ? Non, ce n'était pas possible, il ne pouvait pas se pardonner d'avoir commis tous ces meurtres ! Ce n'était simplement pas possible ! Il ne pouvait pas mourir ici alors qu'il ne s'était racheté de rien, il ne pouvait pas mettre un terme à sa vie alors qu'il ne savait même pas où son corps se trouvait ! Non, il ne devait pas mourir à cet instant.

Soudain, il put ouvrir les yeux et apercevoir un couloir blanc devant lui qui aboutissait à une lumière qui l'attirait. La mort était au bout de ce tunnel immaculé. Son corps commença à se mettre en mouvement, à s'approcher de cette étrange lumière mais lui ne voulait pas ! Il n'était plus maître de ses mouvements et malgré beaucoup d'efforts, il ne parvint pas à s'arrêter mais un choc lui permit de stopper ses pas. Se rendant compte qu'il était proche de cette douce mort, il se retourna et remarqua que derrière lui le couloir avait disparu.

N'hésitant pas, il se mit à courir, dos à la mort. Il voulait vivre, pour une nouvelle fois dans sa vie il avait la volonté de vivre ! Comme quand il était après d'elle, qu'elle le serrait fort dans ses bras pour le rassurer de quelque affreux cauchemar, rien que sa présence les éloignait. Le noir s'épaississait autour de lui mais il n'avait pas peur, il allait vivre et redonner un sens à cette vie qu'il aurait voulu raccourcir.

Il entendit une voix qui lui était familière, elle était douce et rassurante mais également assurée. C'était elle. Il ne la voyait pas mais arrivait encore à s'imaginer son visage qui s'illuminait si souvent, lui donnant envie de la faire rire pour apercevoir à nouveau cette lumière. Le sens de sa vie, il l'avait supprimé en la tuant mais à présent, il allait en trouver un autre. Il était déterminé à s'éloigner de l'éblouissante lumière, à s'éloigner de la mort et à s'éloigner d'elle.

-Alors comme cela tu ne veux plus mourir ? demandait la voix de son aimée

-Effectivement je ne veux plus mourir, je vais vivre et tu ne peux m'en empêcher. répondit le jeune homme avec une assurance troublante

Seul le noir l'entourait mais la voix provenait de devant lui, il en était certain malgré le fait qu'il ne distinguait rien devant lui. A vrai dire, il ne savait même pas sur quoi ses pieds tenaient.

Une jeune fille apparut, elle devait avoir le même âge que lui à quelques près. Son visage doux était encadré par de fins cheveux bruns et ses yeux bleus reflétaient une grande bonté. Elle était vêtue d'une robe blanche qui lui allait en dessous des genoux et, étrangement, ses pieds n'étaient pas visibles. Ses mains douces se posèrent sur les épaules droites du jeune homme et son visage frôla le sien.

-Je suis fière de toi. Et puis, tu sais, je t'ai toujours aimé, tu étais si maladroit et gentil ... Tu es comme le frère que je n'ai jamais eu mais mes sentiments allaient plus loin, je regrette de n'avoir pu vivre d'autres choses à tes côtés. Sois heureux et ne t'occupe plus de moi après tout, je suis morte alors il n'y a plus rien à dire. Ne meurs pas bêtement, tu trouveras quelqu'un d'autre qui t'aimera et qui pourra te comprendre. Je te pardonne.

Elle était là, sous ses yeux et il ne pouvait même pas la retenir à ses côtés, son corps redevenait immatériel et disparut. Finalement, ils s'étaient tous deux aimés et ils s'aimeraient toujours. Cette fois-ci, il ne la reverrait que le jour fatidique et il resterait auprès d'elle pour toujours et ils s'aimeraient comme ils l'auraient voulu de leurs vivants, il pourraient vivre à tout jamais l'un contre l'autre.

Il se redressa brusquement, réalisant qu'il était toujours en vie et se rappelant de ce qu'elle lui avait dit. Une larme coula le long de sa joue mais il s'empressa de l'essuyer et de se lever, laissant sa veste et ses cheveux flotter au gré du vent. Malgré le silence pesant, ses larmes continuaient de couler et il se tourna vers le lac pour les dissimuler. Certes elle n'était plus, certes il avait frôlé la mort mais il se refusait toujours à dévoiler ses faiblesses de peur que quelqu'un puisse les voir.

Myaru regarda la détresse de Masaki silencieusement. Elle l’avait vu se redresser brutalement, tout en versant une larme, et l’essuyer aussitôt. Elle ne savait pas ce qu’il s’était passé durant le sommeil du jeune garçon, mais elle savait que cela devait être douloureux pour lui. Et elle ne connaissait que trop bien la douleur.

Kijori observait sa sœur. Il lui semblait qu’en neuf ans qu’il ne l’avait pas vue, elle avait bien changé. Elle n’était plus la jeune enfant qui respirait la joie de vivre. Elle ne semblait plus être elle-même. Il ne savait pas ce qui s’était passé durant toutes ces années, mais ce dont il était sûr, c’est que cela n’avait pas toujours été joyeux pour sa pauvre sœur.

Kijori tourna la tête en direction du jeune homme, celui qui avait versé une larme. Il le regarda, en le détaillant, et ce rendit compte qu’en fait, le jeune Masaki Kuroda, était des plus séduisant. Il avait, certes, un visage assez enfantin aux yeux du frère de Myaru, mais il paraissait un peu plus mature que celle-ci. Kijori lança un bref regard vers Myaru, et vit que sa sœur avait un visage trop tristounet à son goût. Il se dit qu’en tant que grand frère, il se devait de lui redonner le sourire. Ou, du moins, lui provoquer une réaction.

Kijori décida de passer outre les pouvoirs de Myaru, et se matérialisa complètement, comme s’il était un véritable humain. Il attrapa le menton du jeune homme, le releva, et encra ses yeux dans ceux de Masaki.

Myaru, qui regardait la scène de plus loin, ne comprit pas tout de suite ce que son grand-frère faisait. Elle le vit passer une main sous le t-shirt du jeune homme. Et là, ce fut le déclic. Kijori n’allait tout de même pas … ? Elle le vit approcher ses lèvres de celles de Masaki, et se dit, que là, elle devait agir.

Elle se précipita vers son grand-frère et le jeune Kuroda, et les sépara. Elle ne regarda pas le visage que devait avoir le jeune homme, et se concentra plutôt sur son grand-frère ; elle le gifla violement, sans aucune pitié.

Kijori valsa quelques mètres plus loin, ne s’attendant pas à recevoir une gifle, surtout de la part de sa sœur. Il voulait juste provoquer une réaction, en elle, mais pas dans ce sens là. Il vit Myaru s’accroupir à coté de Masaki, en faisant un visage désolé. Il n’aurait pas cru qu’il pourrait la blesser rien qu’en voulant s’amuser un peu… Il la regarda tapoter sur le dos du jeune homme. Elle ne parlait pas, mais il savait que le jeune roux avait compris, même sans qu’elle ne parle.

Il se releva, et redevint un peu transparent. Il s’approcha de sa sœur et s’excusa, honteux. Sa sœur ne releva pas la tête dans un premier temps, puis, se releva complètement, et lui écrasa le pied. Même si Kijori était un esprit, il n’était pas « totalement » transparent, donc il pouvait ressentir la douleur. Il s’agenouilla par terre, en se tenant le pied. Lorsqu’il releva la tête se fut pour croiser le visage furibond de sa sœur.

Elle lui en voulait, c’était indéniable. Elle s’approcha de lui, l’attrapa par le col, et lui parla sans gâcher ses mots.

-Vraiment, je ne pensais pas que tu irais jusqu’à faire une telle chose, surtout avec quelqu’un que tu viens à peine de rencontrer ! Je savais que tu avais ce genre de penchant, et que lui, c’est tout à fait ton genre, mais tu aurais pu t’abstenir !

Il baissa le visage, honteux de s’être fait réprimander par sa propre sœur. En fin compte, il semblait qu’elle avait malgré tout mûri. Un peu, mais quand même.

Myaru tourna les talons, et retourna voir Masaki. Kijori l’arrêta en l’empoignant par le poignet.

-Ecoute …. Je suis désolé. Pardon, vraiment. Tu avais l’air si triste tout à l’heure, que je voulais te voir sourire, mais il semblerait que j’ai raté mon coup. Je ne pensais pas que tu te mettrais dans de tels états. Je te demande pardon.

Myaru l’avait écouté sans broncher, ne le regardant même pas. Elle se dégagea de Kijori, et alla dans la direction du jeune vampire, tout en parlant à son frère.

-Effectivement, tu as totalement raté ton coup. Et ce n’est pas à moi que tu dois t’excuser, mais c’est à Masa.

Kijori la regarda, interdit, et se permis de sourire. Malgré toutes ces années, sa sœur était restée la même, sur certains points.

Elle s’installa sur un rocher qu’il y avait à coté de Masaki, et, prenant un chiffon qu’il y avait dans sa poche, commença à astiquer sa chère et tendre faux, tout en regardant Kijori faire des excuses au roux.

-Euh … Masa, c’est ça ? Ecoute, je suis désolé, je voulais juste que ma sœur ait une réaction, mais j’ai totalement raté mon coup –Kijori rigola- et je voudrais aussi m’excuser auprès de toi. Je n’aurais pas du agir de la sorte. -Il l’avait dit sérieusement, le bougre !- Au fait, je suis Kijori Konoko, le grand frère de Myaru, et je suis mort le 24 décembre 2041. –Il s’autorisa un grand sourire- Enchanté !

Elle avait regardé de loin son frère, et savait déjà qu’il avait raconté sa vie. Rien que le grand sourire à la fin, lui faisait penser ça.

Kijori s’avança un peu plus vers Masaki, et lui murmura, à l’oreille :

-Je ne pourrai pas rester indéfiniment ici. Je compte donc sur toi pour prendre soin de Myaru. Il semblerait qu’elle tienne pas mal à toi. Je te fais confiance !

Puis, il se redressa et alla voir Myaru.

-T’as encore raconté des conneries ?

-Même pas ! Je me suis excusé et présenté !

-Et qu’est ce que tu lui as dit, à l’oreille ?

-Ca, c’est un secret !

Myaru le regarda, septique. Qu’est-ce qu’il était encore allé raconter lui ?!

Elle soupira. Son frère était impossible, et elle ne pouvait pas le changer. Elle regarda Masaki, et vit qu’il regardait dans leur direction, à elle et son frère. Elle se permit de lui offrir un sourire doux.

Même s’il était un vampire, même si elle ne comprenait pas, même si elle savait qu’elle ne pourrait pas le sauver, même s’il semblait prisonnier de ses péchés, elle avait décidé de lui offrir toute sa confiance. Et si possible de l’amitié.

Ou plus.

La surface du lac scintillait sous les rayons du soleil. Cette île où étaient enfermés les monstres de la pire race était finalement belle, peut être était-ce le départ d'une nouvelle vie ... Certainement allait-il trouver sur cette île des amis qui seraient capables d'arrêter sa folie meurtrière et qu'ainsi il serait libéré de cette crainte de pouvoir tuer n'importe qui n'importe quand. Quelle belle idée, une liberté dans une prison de verre ...

Une main saisit le menton de Masaki. Alors qu'il pensait, il n'avait pas remarqué que Kijori s'était rapproché de lui. Les regards des jeunes hommes se croisèrent mystérieusement. Les yeux du frère de Myaru étaient complètement vides, pas comme des yeux d'humain normal qui reflétaient des émotions ou du moins quelque lueur de vie mais là, rien du tout, ils étaient plus vides que la tête du jeune roux.

Une main se glissa sous le tee-shirt du jeune homme et tâta ses muscles. Il fut tellement surpris qu'il n'eut même pas l'idée de se débattre. Il ne s'attendait pas du tout à ce qu'il fasse ceci et encore moins à ce qu'il soit si attiré par les hommes et aussi qu'il ait si peu de manières ... Le vampire reprit ses esprits mais n'eut toujours pas la bonne idée de repousser cet homme, que faire ?

Soudain, Kijori approcha ses lèvres de celles de son prisonnier. Effrayé, celui-ci ferma les yeux et tenta, en vain, de tourner la tête. Était-ce le frère de Myaru qui le tenait trop fort ou son corps qui ne lui répondait plus ? Toujours est-il que cette situation était bien embarrassante et qu'il espérait un miracle qui puisse le sortir de cette position douteuse.

Et ce qui devait arriver arriva, Myaru sépara les deux jeunes hommes et gifla son frère. L'aristocrate était bien content de cette délivrance et il comptait bien remercier cette jeune fille en bonne et due forme. Malheureusement il n'eut pas le temps de lui présenter ses remerciements, elle s'était agenouillée pour montrer à quel point elle était désolée des actes de son aîné. Gêné, il lui fit signe de se relever mais apparemment, elle ne le vit point.

Puis, elle se releva et tapota quelque peu le dos de la victime. Étonné, il lança un regard perdu vers elle mais celle-ci ne remarqua rien. Elle laissa le jeune homme abasourdi tandis qu'elle écrasa délibérément le pied de son cher frère qui s'assit sur le sol pour se plaindre confortablement installé. La jeune fille, mécontente, attrapa son frère par le col et commença à l'enguirlander. Masaki n'en écouta rien, cela ne l'intéressait pas le moins du monde.

L'aîné se leva alors que sa cadette se dirigeait vers le jeune vampire à pas décidés mais son frère l'arrêta dans son élan en l'attrapant par le poignet. Celle-ci se retournant écouta ce qu'il avait à lui dire puis se libéra et retourna vers le jeune Kuroda tout en parlant à son frère. La jeune fille s'installa sur un rocher, elle semblait attendre que son idiot de frère fasse quelque chose par rapport à sa victime ... Celui-ci sembla traîner des pieds sur le chemin qui le menait au jeune homme qui ne comprenait pas grand chose de la situation ...

-Euh … Masa, c’est ça ? Ecoute, je suis désolé, je voulais juste que ma sœur ait une réaction, mais j’ai totalement raté mon coup et je voudrais aussi m’excuser auprès de toi. Je n’aurais pas du agir de la sorte. Au fait, je suis Kijori Konoko, le grand frère de Myaru, et je suis mort le 24 décembre 2041. Enchanté !

-Pareillement ... répondit vaguement le jeune homme que ces excuses ennuyaient plus qu'autre chose.

Le frère de Myaru s'approcha un peu plus afin de murmurer :

-Je ne pourrai pas rester indéfiniment ici. Je compte donc sur toi pour prendre soin de Myaru. Il semblerait qu’elle tienne pas mal à toi. Je te fais confiance !

Masaki fut surpris d'apprendre que cette jeune fille tenait déjà à lui alors qu'ils venaient à peine de se rencontrer. Certes, elle était des plus détraquées mais sa gentillesse était tout de même remarquable ... Il hocha la tête ne sachant même pas si l'aîné de la jeune fille l'avait vu. L'homme qui s'éloignait peu à peu adressa quelques mots à sa sœur qui le regarda sceptique. Que lui avait-il dit ?

Après un soupir, elle remarqua que le jeune Kuroda regardait dans sa direction et elle lui adressa un sourire qu'il lui rendit. Aux yeux du jeune homme, ces sourires n'étaient pas sincères mais peut être que pour elle ils l'étaient. L'observant plus en détail, il remarqua que ses habits étaient poussiéreux et à certains endroits salis par de la terre. Il s'approcha donc d'elle pour lui demander :

-Dites-moi, êtes-vous tombée pour souiller ainsi vos vêtements ? Vous êtes-vous blessée ?

Il n'avait pas attendu la réponse à la première question qui semblait plus qu'évidente ... Il se devait tout de même de se soucier du sort de cette jeune demoiselle, tout d'abord parce qu'il avait quand même quelques principes mais surtout parce que, s'il lui avait sauvé la vie, ce n'était pas pour qu'elle se blesse en suivant !

Apèrs la petite mésaventures qui s'était produite avec son grand-frère, le jeune vampire était en train de s'avancer vers eux. Myaru ne savait pas du tout ce qu'il allait faire. Il aurait parfaitement pu rester à l'endroit où il était, afin de se reposer un peu plus. Plus les secondes défilaient, plus le fine silhouette du jeune homme se rapprochait. Cette silhouette, si fine, et pourtant si élancé et bien formé ... Elle la connaissait bien. Trop bien.

Il avait revêtu une grande cape blanche, ainsi qu'un chapeau assez bizarre. Il était le meilleur de toute l'équipe, malgré sa santé physique très atteinte, il réussissait des prouesse. Myaru l'admirait tellement...L'aimait tellement. Elle lui avait vraiment adressé la parole, un jour où elle avait été très doué, elle était tombé, sans raison, comme une pauvre cruche qu'elle était. Evidemment, il était arrivé juste après, et aux vus des tâches sur ses vêtements, il s'était forcément passé quelque chose. Il s'était approché d'elle, s'était accroupit, avait prit un mouchoir, le lui avait présenté, et ...

-Dites-moi, êtes-vous tombée pour souiller ainsi vos vêtements ? Vous êtes-vous blessée ?

Cela avait été exactement la même phrase. Sauf que maintenant, c'était Masaki qui lui parlait. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, il s'était rapproché d'elle assez vite. Elle essuya d'un revers de main les larmes qui perlaient aux coins des yeux, et qui menaçaient de tomber.

-Je ... Ne t'en fais pas pour moi ! je vais bien ! Je ne suis pas blessé le moins du monde, regarde !

Et comme pour confirmer ses dires, elle se leva, et tâta les muscle de son bras gauche, comme les garçons.

-Tu vois ? Je vais parfaitement bien ! Et puis, en plus, il me semble que je t'avais demandé de me tutoyer, non ?

Elle lui fit un grand sourire, signe qu'il n'avait vraiment pas de quoi s'inquiéter. Elle se tourna ensuite vers le lac, et observa sa surface si lisse. Elle attrape un caillou qui traînait par là, et le jeta, détruisant cette magnifique surface qui s'était installé.

Il plongea. Sa svelte silhouette frôla l'eau, avant de s'y engouffré totalement. Il aimait énormément l'eau, il aurait pu y passait sa vie. Avec elle, bien évidement. Il lui fit un signe de main afin qu'elle se rapproche, mais voyant qu'elle n'osait pas, se fut lui qui vint vers elle. Il attrapa par le poignet, allait l'emmener vers l'eau, quand elle réussit à le faire lâcher. Myaru ne savait pas nager. Elle ne voulait pas lui dire, de peur qu'il se moque d'elle. Lorsqu'il eut entendit ce qu'elle venait de lui dire, de sa voix tremblante, serrant de plus en plus sa serviette, il ne s'empêcher de la trouver adorable. Il l'attrapa par le derrière de la tête, et l'embrassa. Ce fut leur premier baiser. Lorsqu'il l'eut lâcher, il vit qu'elle était rouge pivoine. A la vu de son visage si rouge, il ne put s'empêcher de sourire, et de nouveau, lui faire un rapide bisou sur le front, avant de retourner à l'eau. Elle se mit la main sur son front, et soupira, avant, de nouveau, d'arboré un sourire.

Il avait été son premier amour. Durant deux ans, ils étaient restés ensemble. Même lorsqu'il avait apprit que c'était elle "la Faucheuse", il ne l'avait pas rejeté, au contraire, il avait encore plus protéger qu'il ne le faisait avant. Hélas, il était mort. Son corps n'avait pas supporté les lourds entraînements qu'il subissait chaque jour, et avait succombé à la fatigue. Myaru avait été désespéré, mais c'était bien vite reprise. Le mois qui suivit la mort de son petit ami, elle avait déménagé, et avait recommencé à faire de plus en plus de meurtre. Elle en faisait, même le jour.

Elle pensait qu'elle pouvait encore aimé. Aimé à nouveau, elle s'en sentait capable, maintenant, il fallait trouver une personne à aimé, et de préférence, vivante. Elle voulait aimé. Et ne plus jamais perdre des êtres qui lui était chers.

Le jeune homme remarqua que les yeux de la jeune fille brillaient plus qu’avant tandis qu’elle les essuya d’un revers de main. Ce n’était certainement pas les paroles de Masaki qui l’avait blessée alors sûrement se remémorait-elle un moment douloureux … Quels étaient ces souvenirs qui la hantaient ? Etrangement, il s’y intéressait ce qui le surprit beaucoup, s’était-il jamais intéressé à autre personne que la sienne ? Oui … Il s’intéressait à elle et avait fini par la tuer, peut être était-ce pour cela que, depuis ce jour, il préférait ne s’attacher à personne.

Il se souvenait de son rire sincère, de ses doux sourires, de ses paroles réconfortantes qui interrompaient la solitude du pauvre enfant qu’il était. Ses parents n’avaient que peu de temps à lui consacrer entre les soirées mondaines, les affaires « à traiter » et d’autres choses qu’il s’était empressé d’oublier. Le manoir où il habitait en ce temps semblait souvent désert, les propriétaires partis pour quelque voyage d’affaires, les domestiques se faisant extrêmement discrets qui tenaient la demeure propre et le pauvre fils de la famille qui jouait dans sa chambre avec des joueurs très chers achetés par ses parents. Certains rêveraient de cette vie mais ce n’était pas le cas de cet enfant …

Les seules personnes qui étaient gentilles avec lui étaient les domestiques qui s’occupaient beaucoup de lui et elle … Il se souvint comment il l’avait rencontrée, elle s’était échappée de chez elle car elle s’y ennuyait et elle avait filé jusqu’à la demeure des Kuroda sans même savoir qui ils étaient. Elle tomba nez à nez avec un petit garçon roux qui descendait d’un arbre par une fenêtre ouverte dont les rideaux flottaient doucement. Et tout commença, sa vie débutait vraiment, toujours dans la cage de diamant qu’avaient construite ses parents autour de lui mais cette fois-ci, il ne serait plus seul.

-Je … Ne t’en fais pas pour moi ! Je vais bien ! Je ne suis pas blessée le moins du monde, regarde !

Le manoir disparaissait peu à peu pour laisser place au visage d’une jeune fille que Masaki semblait connaître. Il se rappela de la situation, il était devant Myaru et venait de lui demander si elle s’était fait mal en tombant. Pourquoi avait-il soudainement pensé à elle ? Quelle bonne question dont il chercherait la réponse plus tard.

-Tu vois ? Je vais parfaitement bien ! Et puis, en plus, il me semble que je t’avais demandé de me tutoyer, non ?

Le jeune homme écarquilla quelque peu les yeux pour parvenir à voir ce qu’elle semblait lui montrer mais il vit juste une jeune demoiselle qui tâtait les muscles de son bras gauche. Il ne comprit pas vraiment. Peut être était-ce un signe là d’où elle venait pour montrer quelque chose … Quelle étrange idée !

Le jeune Kuroda réfléchit un peu avant de se souvenirs qu’effectivement, elle lui avait demandé de la tutoyer … Comment avait-il pu oublier cela !? Quel idiot ! Il se sentait extrêmement bête face à cette situation qui l’embarrassa plus qu’autre chose … Que faire ? S’excuser tout d’abord …

-Excuse-moi, je l’avais quelque peu oublié … A l’avenir, je ferai de mon mieux pour éviter de te vouvoyer !

Il semblait certainement peu crédible mais il était sincère et espérait qu’elle le verrait. Et il ne se demandait même pas pourquoi. Peut être pourrait-il retrouver son insouciance d’enfant, peut être pourrait-il arrêter d’essayer d’analyser toutes ses pensées et tous ses gestes, peut être pourrait-il essayer de vivre sans se poser des questions tordues et compliquées sur sa personne. Vivre …

Un petit craquement sortit de buissons proches du lac. Question discrétion, cette créature aurait eu des progrès à faire … Une sorte de loup anormalement énorme apparut et s’élança vers Myaru qui ne semblait pas l’avoir remarqué. Instinctivement, Masaki attrapa le monstre par le cou alors que celui-ci griffa le bras du vampire. La main se crispa sur la gorge de la bête qui semblait avoir du mal à respirer. Une fois que le loup arrêta de respirer, le jeune homme le lâcha.

La griffure que cette chose lui avait faite semblait assez profonde et elle saignait. Ce sang … Non, il ne devait pas y penser sinon il prendrait possession de lui … Et cela, il devait absolument l’éviter, surtout en présence de Myaru. Le jeune homme se rapprocha de l’eau froide et frotta sa blessure avec. Celle-ci le brûlait et il grimaçait sans même le remarquer. Ensuite, il serra son avant-bras gauche pour que le sang coagule …

L’odeur de son sang se répandait dans l’air tel une traînée de poudre. Quelle horrible parfum qui lui rappelait tant de cauchemars … Sa gorge s’asséchait, il aurait bientôt trop soif pour la contenir et alors il s’emparerait de son corps le temps de s’abreuver avec le premier sang qui lui passerait sous la dent. Résigné, il s’approcha du corps qui gisait sur le sol. Il avait repris forme humaine qui était nettement plus repoussante que sa forme de loup-garou …

Il planta ses crocs dans le cou de l’homme et commença à boire son sang répugnant. Il faisait de son mieux pour ne pas recracher ce breuvage dégoûtant dont il avait besoin. Le monstre étant vidé de son sang, Masaki lâcha le corps qui tomba sur le sol, inerte et montra une mine de dégoût suivie d’un soupir. Il respirait un peu bruyamment mais tentait de le cacher pour ne pas inquiéter Myaru. Il leva les yeux vers elle, se retenant de trembler.

-Excuse-moi, je l’avais quelque peu oublié … A l’avenir, je ferai de mon mieux pour éviter de te vouvoyer !

Elle s'était tourné vers le lac après qu'il eu dit cette phrase. Il avait l'air tellement gêné.. Myaru trouvait qu'il avait une moue vraiment mignonne ! Elle en aurait presque rigolait si elle ne s'était pas souvenue ...

Une larme s'écrasa sur le sol. Elle ne savait la raison de ces larmes. Était-ce à cause de ses souvenirs pour le moins amoureux ? C'était un amour de jeune fille ... Et pourtant, elle savait que cela avait aussi été son premier amour, et elle arrivait à faire un trait dessus. Elle avait décidé de passer à autre chose.

Elle avait cru entendre quelque chose derrière elle, mais avait décidé de ne pas faire attention, tellement elle était absorbé par ses pensées. Elle réfléchissait à comment avait fait Kijori pour disparaître. Très doué le frérot, il n'avait rien dit à personne, et s'était envolé, comme ça, "pouf" ! C'est pourquoi ses méninges travaillaient à pleins régime. Comment, pourquoi, étaient des questions auxquelles elle ne pouvaient pas répondre.

Ce qui l’interrompit fut une respiration bruyante durant un court instant. Elle fut surprise. Quelq'un aurait-il courut le marathon ? Elle se retourna, et s'attendait à tout, sauf à ce qu'elle vit. Masaki était à terre, des traces de sang étaient à coté de ses lèvres, à coté de lui, un corps, surement mort, dans son coup, des traces de crocs. Elle se souvint. Elle fit un pas en avant. Etrangement, elle ne se sentait pas du tout en danger. Cependant, elle put mettre un nom sur ce qu'il devait être.

"Vampire".

Ses yeux s'était écarquillaient sous le coup de la surprise. Le jeune homme roux avait dut boire le sang de cette homme, pour une bonne raison, surement. Elle se rapprocha de plus en plus vers Masaki, sortit un mouchoir de sa poche, faisant tomber une étrange boite de médicaments, essuya les traces de sang qui était sur les lèvres du jeune aristocrate, puis, l'enlaça.

Elle avait besoin de faire du vide dans sa tête. Quand elle avait vu ce corps, elle savait ce qui l'attendait ...Une vive douleur se fit sentir au niveau de la poitrine. Elle était revenu, cela lui avait passé durant un bonne période, grâce au médicaments qu'elle avait prise, mais, évidemment, elle avait oublié d'en prendre avec elle. Et désormais, la crise se faisait plus violente que les autres fois.

Sa respiration commençait à se faire difficile. Elle inspirait et expirait de l'air très difficilement.
-Alors docteur, qu'à t-elle ?

Le docteur, agé d'une bonne cinquantaine d'année, regardé la petite fille, agée d'à peine six ans, et soupira.

-Madame, votre fille est atteinte d'une maladie très grave. A l'heure d’aujourd’hui, cette maladie est extrêmement rare, mais elle est, hélas, incurable, à moins d'avoir les moyens nécessaire. Je vous explique, votre fille, à un coeur, comme on dit, "lent". Autrement dit, il rate des battements, ce qui est très grave, vous vous en doutez bien. Cependant, ce n'est pas la seule chose, son sang ne favorise en rien le coeur. A t-elle une personne proche qui est très malade ?

-Oui, son frère, on dit qu'il a, lui aussi, une maladie du coeur.

-Il est très possible que son frère lui ait passé les symptôme. Lui avait vous déjà insurgé du sang, appartenant à son frère ?

-C'est exact, lorsqu'elle avait trois ans.

-Son problème ne vient pas du coeur en lui même, c'est le sang de son frère qui s'est propagé à travers le sien, qui cause cette maladie. Ce qu'il faudrait, ce serait enlevé le sang de son frère qui est à l'intérieur d'elle, hélas, cela est impossible, car elle en mourrait.

-Alors ... Elle est ..

-Condamné, oui.

Elle haletait, si elle avait cru un jour, que ce docteur qu'elle n'appréciait pas disait la vérité, elle aurait certainement mieux pris ces médicaments. Elle nicha sa tête dans la clavicule du jeune homme, où elle déposa ses larmes. Elle faisait tout pour mieux respirer, mais rien à y faire, elle étouffait.

Mourir ici, elle n'y pensait pas .. Si seulement, si seulement elle avait prit ces putains de médicaments avec elle !!

Elle se rapprochait. Il aurait voulu lui dire de s’éloigner du monstre qu’il était, il aurait aimé lui demander de fuir pour éviter d’être blessée mais il n’y parvenait pas. Peut être qu’au fond de lui, il préférait qu’elle reste à ses côtés ou peut être que la bête en lui l’empêchait de la prévenir. Il restait au sol, tremblant et perdu. Il devait se contenir car Il voudrait certainement plus de sang que lui apportait gentiment cette chère Myaru. Certainement son sang était-il délectable vu la délicieuse personnalité qu’elle possédait …Et voici qu’il recommençait à penser comme Lui … Quelle malédiction !

Un fin bruit fit reprendre ses esprits à Masaki qui leva quelque peu la tête pour voir une boîte de médicaments toucher le sol. Ils étaient sans aucun doute à la jeune fille mais, quel était leurs effets ? Pourquoi cette boîte se trouvait-elle dans sa poche ? Elle devait en avoir besoin mais, malheureusement, le carton sonnait creux …

Elle continuait à s’approcher, un mouchoir à la main comme pour essuyer quelque souillure. Entre deux tremblements, il sentit ce mouchoir nettoyer doucement ses lèvres qui devaient être souillées par le sang de l’animal. Les b ras de Myaru attrapèrent le jeune homme et l’enlacèrent. Quelle surprise ! Elle ne fuyait pas, elle n’était pas effrayée, elle s’était même rapprochée ! Son frère avait donc dit vrai, elle tenait à lui …

Une larme coula le long de la joue droite de Masaki alors qu’il avait levé la tête vers le ciel pour se souvenir de sa bien-aimée qui, lorsqu’il était triste, l’enlaçait exactement comme ce que venait de faire mademoiselle Konoko. Il voulait aussi éviter de regarder son cou de peur d’être tenté de le mordre ou qu’Il s’empare de lui et le pousse à attaquer la jeune fille.

Les secondes s’écoulaient lentement et sa respiration se faisait de plus en plus difficile. Effrayé, il la repoussa et il vit que ses mouvements respiratoires étaient loin d’être aisés. Que faire ? Il lui fallait de l’air et elle n’arrivait pas à en respirer assez ! Ne réfléchissant pas une seconde, il prit une grande inspiration, pinça doucement le nez de la jeune fille et lui insuffla de l’air. Il répéta cette opération jusqu’à ce qu’elle puisse respirer correctement.

Gêné, il s’excusa :

-Je suis désolé de t’avoir embrassée sans ta permission mais j’ai vraiment eu peur pour toi …

Comme pour appuyer ses paroles, il baissa la tête en ayant l’impression d’être plus rouge qu’une écrevisse qui se serait dorée sous un soleil d’été. Il ignorait l’horrible douleur qui lui tenaillait le cœur et le déchirait doucement, il devrait s’éloigner très vite … Mais, où devrait-il aller ? Il ne pouvait tout de même pas la laisser seule alors qu’elle pleurait !

Il releva timidement la tête et la prit dans ses bras en tentant faiblement de ne pas regarder son cou. « Je ne peux pas la laisser souffrir sans rien faire ! » était la seule phrase qui hantait les pensées du jeune homme. Même s’il souffrait également, il refusait de la laisser pleurer sans rien faire.

Son cou semblait si doux … Son sang devait être si bon … Non, il devait résister malgré cette douleur qui lui transperçait la poitrine. Sa respiration se faisait haletante tandis qu’il commença à trembler un peu. Il ne pouvait plus résister, il approcha ses crocs du cou de sa victime et fendit doucement la chair pour goûter à son sang. Son goût était fantastique, à la fois énergique et doux. Se ressaisissant, il recula sa tête en serrant les dents. Bouleversé, il commença à pleurer sur l’épaule de Myaru.

Elle ne savait pas trop comment, mais elle avait inspirait de l'air, autre que par le nez. Elle n'avait pas compris comme l'air pouvait arriver jusqu'à elle, mais dans tout les cas, une chose était sûr, elle avait réussit à reprendre une respiration normale. Elle avait repris un peu connaissance, mais était toujours dans les vapes. Elle avait tout de même frôlé l'étouffement !

-Je suis désolé de t’avoir embrassée sans ta permission mais j’ai vraiment eu peur pour toi …

Elle savait à qui appartenait la voix ... Masaki. Donc il lui avait insufflé de l'air par voix oral Étrangement, cela ne la gênait pas vraiment, d'autant plus qu'il lui avait empêché la mort, alors elle n'allait pas lui en vouloir. Malgré tout, il semblait que le jeune vampire ne soit pas de cet avis.

En effet, il était d'un beau rouge tomate et semblait réellement gêné. Elle allait rigoler, étant à moitié dans les vapes, elle ne savait plus trop ce qu'elle faisait. Malheureusement pour elle, elle ne put rien faire étant donné que Masaki l'a prit dans ses bras. Tout d'abord choqué par l’attitude du jeune homme, il lui semblait que faire ce genre de chose ne ressemblait guère au vampire.

Elle fut sortit du monde des songes, lorsqu'elle sentit des crocs effleurer son cou. Au tout début surprise, elle eut cependant un peu peur lorsqu'elle sentit les crocs fendre sa chair et lui enlever du sang. Elle serra un peu les dents, ne s'attendant pas à la douleur que cela lui provoquerait. Elle sentit les crocs partirent de sa chair et poussa un soupir de soulagement. Elle sentit une tête se déposer sur son épaule, ainsi que des gouttes d'eau. Masaki pleurait. Elle ne comprenait pas vraiment le sens de ces larmes... Ce sentait-il honteux d'avoir agis ainsi envers Myaru ?

Elle enleva la tête de Masaki de son épaule et vit qu'il serrait les dents. C'était donc ça ... Elle lui fit relever la tête et lui essuya les larmes qui coulait d'un revers de mains. Elle avait comprit.

Etant un vampire, il avait besoin de sang. Et s'il n'en avait pas, il mourrait. Autrement dit, il devait être dépendant du sang. Cela devait être affreux pour lui. Devoir se nourrir de sang, humain ou non, uniquement pour vivre. Étrangement elle se sentait désolé, mais elle ne voulait pas qu'il meurt. Il semblait avoir tellement souffert de part le passé, elle ne voulait pas que cela recommence.

Elle lui fit son plus beau sourire, se leva et enleva sa tunique. Il ne lui restait qu'une robe noir. Elle commença à déboutonner le haut de sa robe, et le baissa légèrement laissant à découvert, ses épaules nues. Elle se rassit, lui offrant le loisir de regarder son dos. Elle tourna la tête vers lui, puisqu'il était désormais derrière elle.

-Si tu es en manque de sang, ne t'en prive pas, surtout que tu avais l'air de plutôt apprécier le miens ...

Elle rigola après cette phrase. S'il devait boire son sang pour vivre, qu'il ne s'en prive surtout pas !

Une main lui fit relever la tête alors qu’il pleurait désespérément sur l’épaule de Myaru. Cette même main essuya doucement les larmes du jeune homme. Il se rappela d’elle qui, lorsqu’il pleurait, s’occupait de lui, séchait ses larmes et lui faisait ressentir un étrange sentiment de bonheur. Il avait besoin que l’on s’occupe de lui, comme ses parents ne s’étaient jamais intéressés à lui, il lui fallait cet amour parental, ces yeux bienveillants l’observant endormi, ces mots doux qui le félicitaient ou le punissaient lorsque le méritait.

Un sourire éclaira le visage de son amie. Pas un sourire empreint de mensonges et de vérités cachées, pas un sourire hypocritement manipulateur, simplement un sourire sincère qui fait plaisir à voir, un sourire qui donne envie d’être heureux, un sourire qui réchauffe les cœurs, même ceux qui sont plus froids que le vide de l’espace. Ces sourires peuvent même aider les cœurs brisés à se refaire, à se réparer et à battre de nouveau pour des personnes fantastiques.

Elle se leva alors que le jeune homme suivait le moindre de ses gestes d’un regard attentif et intéressé. Alors qu’elle se tournait, elle enleva doucement sa tunique découvrant une robe noire qu’elle déboutonna pour laisser paraître ses épaules nues. Enfin, elle se rassit et tourna quelque peu la tête vers Masaki qui tremblait. L’horrible douleur qui lui arrachait le cœur venait de réapparaitre et plus les secondes s’écoulaient, plus elle s’intensifiait.

-Si tu es en manque de sang, ne t'en prive pas, surtout que tu avais l'air de plutôt apprécier le mien ...

Un frisson le parcourut. Sa peau nue paraissait si appétissante et son sang était si doux, peut être pourrait-il en prendre quelques gorgées de plus … Trainant des genoux, il se redressait lentement pour l’attraper au cou de la main droite et la tenir, comme une ceinture, de la main gauche. Il inspira longuement la douce odeur de la jeune fille à laquelle se mêlait l’odeur de son sang qu’il avait bu un peu plus tôt.

Ses crocs se plantèrent exactement à l’endroit qu’ils avaient effleuré avant qu’elle ne se découvre. Cette fois-ci, il avait été moins rapide en espérant que la douleur se serait radoucie. En buvant son sang, il sentait les pulsations du cœur de la jeune fille qui se faisaient plus rapides, peut être avait-elle peur … Son sang si doux coulait doucement dans la gorge du vampire ce qui le contenta entièrement et il lâcha sa proie.

Reprenant ses esprits, Masaki s’aperçut qu’il s’était de nouveau attaqué à elle. Docile, il lécha la morsure qu’il avait faite à Myaru pour éviter qu’elle ne saignât à nouveau. Ceci fait, il se leva sans dire mot et se retourna. Il hésita avant de faire le premier pas mais il commença à s’éloigner, il était trop dangereux pour elle, il se devait de disparaître misérable créature qu’il était.

-Je ne puis rester encore avec toi, je risquerai de te tuer la prochaine fois.

Myaru attendit quelques secondes, avant, qu'enfin, un bruit se fit entendre. Elle entendit tout d'abord un bruissement de feuilles, jusqu'à qu'une main ne l'attrapa au cou, et que l'autre main aille se poser sur sa taille. Elle sentait le souffle de Masaki tout près de son épaule et de son cou. Celui lui fit ressentir un frisson. Elle était assez chatouilleuse, et il fallait bien qu'elle avoue, le creux entre l'épaule et le cou était son plus grand point faible.

Après un long moment d'attente, elle sentit, pour la deuxième fois de la journée, les crocs acéraient du jeune vampire s'enfoncer dans son cou. Elle sentit qu'elle se vidait peu à peu de son sang, et son poux accéléra. Elle n'avait pas peur de Masaki, elle savait que jamais il ne lui ferait du mal, au fond d'elle même, elle espérait juste qu'il soit assez égoïste pour prendre tout le sang dont il avait besoin pour vivre.

Les crocs du vampire sortirent de sa chair. Elle soupira, haletante. Le fait de se faire boire le sang était tout de même une bien étrange épreuve. Lorsqu'il l'avalait de plus en plus de sang, Myaru avait un peu plus de mal à respirer à chaque fois.

Elle sentit un coup de langue dans son coup. Surement faisait-il cela pour empêcher la blessure de saigner. Elle n'entendit aucun mot de la part du jeune homme, juste des bruits de pas. Ce fut lorsqu'elle se retourna vers lui, qu'il lui parla.

-Je ne puis rester encore avec toi, je risquerai de te tuer la prochaine fois.

Elle ouvrit de grand yeux. Il allait .. l'abandonner. Après avoir bu son sang, après avoir su qu'il n'en aurait plus besoin durant un certain temps, il abandonnait à son propre sort, dans cette île qu'elle ne connaissait pas. Myaru se disait qu'elle avait eu extrêmement de chance de tomber sur lui. Si cela avait été une autre personne, surement l'aurait-elle déjà tué.

Désormais, elle n'envisageait pas le fait de faire le tour de l'île seule. Elle l'avait rencontré, lui, Masaki Kuroda, un jeune vampire qui devait caché bien des secret. Elle ne voulait pas qu'il s'en aille, qu'il l'abandonne.

Elle pensa à tout les autres garçons qu'elle avait rencontré durant son voyage, avant d'être enfermé ici. Excepté lui, tous les autres garçons la désirait pour une chose qu'elle avait.. Rien d'autre. Une fois qu'ils avaient eu ce qu'ils désiraient, ils la laissaient tomber comme une vieille chaussette. Est-ce que ... Est-ce que Masaki faisait partie de ce genre des garçons là ? Pour Myaru, elle n'y pensait pas. Et pourtant ... Il avait eu son sang, et désormais, il partait, l'abandonnait.

Sans qu'elle n'y fasse réellement attention, rien que le fait de penser que le jeune homme faisait partie de la catégorie des salauds, des larmes prirent place sur le visage de la jeune fille. Elle ne voulait pas croire qu'il était un salaud, elle ne voulait pas qu'il abandonne, même si cela devait signifiait pour elle la mort. Mourir des mains du jeune vampire ne la dérangeait pas. Même, elle penser que s'il elle devait mourir, c'était uniquement des mains des Masaki.

-Attends ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas que tu partes ! Ne m'abandonne pas, s'il te plait ! Et même ... Et même si pour cela tu dois me tuer .. Et bien tant pis, je préfère mourir de tes mains que de celles d'une autre personne !

Elle avait réussit à parler malgré les larmes qui avait envahi son visage. Elle ferma les yeux, serra les poings, et laissa couler les larmes. Rien qu'à l'idée qu'il abandonne, qu'il l'ait trahie, elle ne l'acceptait pas. Ne voulait pas l'accepter.

Il s'arrêta. Elle pleurait, cela ne faisait aucun doute et elle pleurait à cause de lui, parce qu'il était assez égoïste pour l'abandonner avec un prétexte minable. Accepterait-elle qu'il revienne vers elle après avoir tenté de l'abandonner sans vraiment avoir trouvé le force de le faire ? Rien ne lui coûtait d'essayer, au pire il se ferait sûrement frapper ou chasser mais au mieux elle lui pardonnerait ... Il serra les dents et les poings ne trouvant pas l'audace de se retourner et d'avancer à nouveau vers elle jusqu'à ce qu'il entende une voix :

-Attends ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas que tu partes ! Ne m'abandonne pas, s'il te plait ! Et même ... Et même si pour cela tu dois me tuer .. Et bien tant pis, je préfère mourir de tes mains que de celles d'une autre personne !

Il se retourna et marcha lentement vers elle. Il ne pouvait aller plus vite de peur de s'emporter et de lui montrer le visage honteux qu'il dissimulait en regardant fixement le sol qu'il allait fouler. Certes cette vision n'était pas des plus intéressantes mais il ne se sentait pas capable de lever les yeux et de voir son visage en pleurs. Rien que le fait de l'entendre pleurer et de savoir qu'elle pourrait lui en vouloir le peinait énormément. Il arriva enfin devant elle, s'immobilisant et levant quelque peu le regard.

Il la vit, les yeux fermés, son visage décoré par des larmes qui coulaient à flots, ses poings serrés. Avait-il une autre crise de manque de sang ? Non mais la douleur était la même, son cœur se déchirait dans sa poitrine et était affreusement mutilé. Il tomba littéralement à genoux devant elle peut être n'avait-il plus la force de rester debout ou peut être voulait-il s'excuser bien bas d'avoir été si minable. Ne sachant quoi faire, il la prit dans ses bras en caressant doucement ses cheveux.

Il essayait de trouver quelque chose à dire mais même en se creusant la tête, rien ne lui venait à l'esprit. Peut être les mots n'étaient pas si importants et que seuls les sentiments cachés sous ceux-ci signifiaient quelque chose ... Il restait quelques minutes à essayer d'articuler des excuses mais aucun son ne sortait de sa gorge. Perdu, il continua en vain à tenter de s'excuser pour lui montrer tout de même qu'il regrettait d'avoir voulu l'abandonner. Après des efforts considérables, il réussit à dire :

-Excuse-moi d'avoir voulu t'abandonner, j'ai cru que cela serait mieux pour toi de m'oublier mais comme tu ne sembles pas disposée à le faire, je resterai avec toi le temps que tu voudras et je contrôlerai ma soif de sang pour éviter de te tuer, je m'en voudrais bien trop de t'avoir donné la mort ...

Quelques larmes coulèrent le long de ses joues dans lesquelles il sentait son cœur battre, quelle horrible sensation de percevoir ces battements qui le maudissaient un peu plus chaque seconde qu'il passait dans le monde des vivants. Il sentait cet horrible sang traverser ses veines, garantissant la vie à cet être abject.

Myaru entendit des pas se rapprocher. Masaki faisait-il donc demi-tour ? Elle n'en était pas sûre, mais voulait y croire. Elle ne voulait pas se faire abandonner, elle, qui, depuis le début de son périple, avait été abandonné maintes fois qu'elle ne les comptait plus.

Elle avait donné sa confiance à Masaki. Jamais auparavant elle ne l'avait donné, hormis à lui peut être. Lorsqu'elle lui avait dit qu'elle était la fameuse faucheuse dont les journaux parlé, elle avait décidé, à cet instant précis, de faire confiance à cet homme. De lui faire confiance, même en lui disant son plus grand secret, son plus grand péché. Celle d'être une tueuse.

Et lui, il l'avait accepté ainsi. Il avait accepté le fait qu'elle soit une meurtrière. Mais cela ne l'avait pas empêché de l'aimer jusqu'au bout. Du jour où il l'avait rencontré, au jour il l'avait commencé à l'aimer, même quand elle lui avait avoué son terrible secret, il n'avait rien dit. Il l'avait juste enlacé dans ses bras, en lui caressant tendrement les cheveux. En lui disant des mots doux à l'oreille. Cela l'avait énormément touché.

Myaru, depuis ce jour, avait été heureuse. Elle avait été heureuse avec un autre homme que son frère. Avec un homme, qui, tout comme son frère, l'aimait pour ce qu'elle était. Lorsqu'elle sentit les bras de Masaki l'enlacer, elle sursauta. Il s'était approché sans qu'elle n'y fasse réellement attention, trop absorbé par le souvenir de son ancien petit ami.

Doucement, ses larmes cessèrent, et elle cala sa respiration sur celle de Masaki. Lorsqu'elle l'entendit parler, elle sourit. Il ne l'abandonnerait pas, c'était déjà ça. Mais étrangement, elle trouvait qu'elle avait fait preuve d'égoïsme. En réalité, peut être ne voulait-il vraiment pas rester avec elle ? Elle ne savait pas, mais ne voulait pas y penser. Pour la première fois de sa vie, elle allait faire preuve d'égoïsme, et ne rien dire au jeune vampire. C'était la seule solution pour elle, si elle ne voulait pas rester abandonner. Si elle ne voulait pas perdre ce qui comptait à ses yeux.

Lentement, ses mains se décrispèrent, et remontèrent à la chemise du jeune homme, où elle attrapa un bout de chemise, comme si elle avait peur qu'il s'en aille. Elle respirait lentement, doucement, se calant petit à petit sur la respiration de Masaki, qui était devenue régulière. Elle inspira profondément, et put sentir le doux parfum que dégageait le jeune homme.

Myaru entendait également les battements de coeur du vampire. Elle était heureuse. Cela signifiait qu'il était bel et bien vivant, et que ce n'était pas ce genre de vampire-zombie, qui ne vivaient plus. Elle soupira de soulagement. Savoir qu'il était vivant, que ce coeur battait à rythme régulier, elle en était contente. Elle ne voulait pas qu'il ait la même maladie qu'elle.

Dans les bras du jeune homme, elle se sentait en sécurité. Elle ne savait pas trop comment le décrire, mais elle aimait respirer l'odeur de Masaki, entendre les battements de coeur, comme une mélodie.

-C'est magnifique ...

Myaru avait parlé pour elle-même. Les yeux fermaient, elle se laissait bercer par les pulsations que faisait l'organe qui faisait vivre. Elle chantonna doucement une musique qu'elle venait d'inventer, grâce aux sons qu'engendrait le coeur du vampire.

-Petit à petit,
Tout se brise.
Ce monde que j'ai eu tant de mal à bâtir,
S'effondre sous le poids des fractures.
Les petits chocs qui tapait dessus,
Deviennent peu à peu des fissures.
Des fissures qui grandissent,
Qui s'allongent,
Finissent par se connecter entres elles,
Enlevant des morceau de mon monde.
Petit à petit,
Tout s'enlève,
Tout se brise,
Se casse,
Touchant le sol de la triste et dure réalité.
Ce sol que j'ai tant haï.
Combien de fois,
Ai-je regarder le ciel,
Tendant ma main,
Voulant le touché,
Et m'en allant loin d'ici ?
Combien de fois,
Ai-je eu envie de me briser en même tant que mon miroir ?
Parce que le miroir nous reflète,
Il reflétait mon monde,
Qui s'est briser des millions de fois.
Je n'ai jamais rien pu réparer,
Ayant peur de me couper encore plus.
Dorénavant,
Dans mon miroir,
Il ne reste qu'un morceau.
Un petit morceau,
Tout tremblant,
Semblant sur le point de se casser à terre.
Un tout petit morceau,
Seul,
Au milieu de cet immense miroir qu'il y avait avant.
Bientôt,
Même ce petit morceau,
Se briseras,
Face contre terre.
Et alors,
Ce jour là,
Il sera trop tard pour dire :
Merde

Les paroles lui étaient venues spontanément. En ressassant ses souvenirs, elle revivait les situations, les sentiments qu'elle avait éprouvé. Elle était toujours dans les bras de Masaki, serrant ce petit bout de chemise, comme s'il signifiait tout pour elle.

La respiration de Myaru prenait le même rythme que celle du jeune homme et ceci le fit sourire, ces petites choses extrêmement simplistes étaient tout de même bien agréables. Il lui sembla qu’elle ne pleurait plus car il ne sentait aucune larme humidifier sa chemise. Quel soulagement de savoir qu’elle préférait qu’il fût à ses côtés plutôt qu’il la laissât seule.

Doucement, sans même s’en apercevoir, il fermait les yeux. La chaleur que dégageait la jeune fille était si agréable qu’elle le berçait. Il sentit des mains s’accrocher farouchement à sa chemise, comme s’il eût été une bouée de sauvetage allant au secours d’une jeune personne sur le point de se noyer. Il remarqua également qu’elle inspirait profondément comme pour se délecter de quelque parfum aromatique même s’il ne comprenait pas lequel.

-C’est magnifique.

Le jeune homme rouvrit quelque peu les yeux pour savoir ce qui était magnifique et il aperçut l’horrible lac derrière la jeune fille. Un frisson le parcourut et il s’empressa de retourner dans l’obscurité de ses paupières qui le rassurait. Les cheveux de la jeune fille étaient incroyablement doux et agréables au toucher … Ils étaient fins et soyeux. Il aurait aimé qu’elle restât dans ses bras pour toujours.

-Petit à petit,
Tout se brise.
Ce monde que j'ai eu tant de mal à bâtir
S'effondre sous le poids des fractures.
Les petits chocs qui tapaient dessus
Deviennent peu à peu des fissures.
Des fissures qui grandissent,
Qui s'allongent,
Finissent par se connecter entres elles
Enlevant des morceaux de mon monde.
Petit à petit,
Tout s'enlève,
Tout se brise,
Se casse,
Touchant le sol de la triste et dure réalité.
Ce sol que j'ai tant haï.
Combien de fois
Ai-je regardé le ciel,
Tendant ma main,
Voulant le toucher
Et m'en aller loin d'ici ?
Combien de fois
Ai-je eu envie de me briser en même tant que mon miroir ?
Parce que le miroir nous reflète,
Il reflétait mon monde
Qui s'est brisé des millions de fois.
Je n'ai jamais rien pu réparer,
Ayant peur de me couper encore plus.
Dorénavant,
Dans mon miroir,
Il ne reste qu'un morceau.
Un petit morceau,
Tout tremblant,
Semblant sur le point de se casser à terre.
Un tout petit morceau,
Seul,
Au milieu de cet immense miroir qu'il y avait avant.
Bientôt
Même ce petit morceau,
Se brisera
Face contre terre.
Et alors,
Ce jour là,
Il sera trop tard pour dire
Merde

La fin de cette douce chanson fit rire le jeune homme qui ne l’avait écoutée qu’à moitié. Il s’était plus concentré sur la douce voix de Myaru que ce qu’elle disait. Etrangement, malgré cette douce chanson et la chaleur réconfortante de la jeune fille, il ne parvenait pas à trouver un sommeil qu’il aurait voulu. Pourquoi ? Cette transformation en vampire semblait avoir d’autres inconvénients que la soif de sang …

Il ouvrit les yeux pour voir s’il avait bien entendu un poisson sauter de l’étendue glacée et vit que le soleil se couchait. Rester dehors la nuit ne lui semblait pas être une idée raisonnable vu les créatures qui trainaient le jour, mieux valait ne pas imaginer celles qui peuplaient les lieux la nuit … Il leur faudrait certainement trouver un endroit sûr ce qui ne devait sûrement pas exister sur cette île de fous mais bon, rien ne leur coûtait de chercher !

Il se recula un peu et lâcha la jeune fille afin de se lever. Il lui tendit une main amicale pour l’aider à se relever, après tout puisqu’elle tenait à ce qu’il reste avec elle, autant s’occuper d’elle. Il se surprit en train de sourire, pourquoi souriait-il ? Serait-il devenu idiot lors de cette fameuse transformation ? Ou bien était-il simplement heureux de ne plus être seul, d’avoir enfin trouvé quelqu’un qui accepterait ses horribles et nombreux défauts.

Il réfléchit à la phrase qu’il allait prononcer pour lui annoncer qu’ils devaient trouver un logis où dormir parce que les animaux hantant l’île la nuit devaient être extrêmement chaleureux et amicaux … C’est vrai, ces vampires insomniaques, ces loups-garous aux griffes acérées et ces esprits étranges devaient être particulièrement hospitaliers et avaient certainement de superbes cadeaux à leur offrir …

-La nuit tombe, nous devrions nous trouver un endroit où dormir pour éviter de rencontrer d’agréables monstres qui n’auraient qu’une envie : nous tuer.

Il y avait de quoi se dire que la finesse n’était pas vraiment le fort de Masaki mais bon, la situation était clairement énoncée et il n’attendait plus qu’une réponse positive de Myaru.

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